Le statut du Maroc au sein de la Confédération Africaine de Football a considérablement changé depuis le mois de mars dernier. C'était lors de l’Assemblée Générale élective organisée à Addis-Abeba. Le Maroc y avait fait son retour au sein du comité exécutif de la CAF grâce à Fouzi Lekjâa.

Ce natif de Berkane est l’homme fort du football national depuis 2014. Il nourrit désormais une grande ambition continentale. En plus d’être réélu comme président de la FRMF pour un deuxième mandat ce 23 juillet, il a été désigné deux jours plus tôt comme 3ème vice-président de la CAF.

Selon les personnes qui l’ont côtoyé, Lekjâa est quelqu’un de déterminé et de très ambitieux. Ceci est visible dans son action, ses attitudes et c'est ce qu'indiquent plusieurs témoignages que nous avons recueillis.

A l’assaut du football africain

Avant 2013, le nom de Fouzi Lekjaa était très peu connu dans le milieu du football, à part dans sa ville natale, Berkane. Il était président de la Renaissance Sportive de Berkane (RSB) et c’est grâce à lui que le club est actuellement dans la cour des grands. Ce quadra a déclaré ses intentions le jour où a il succédé à Ali Fassi Fihri à la tête de la FRMF. Son premier discours avait été une sorte de chef-d'oeuvre: sous les mots, perçaient la fermeté et le défi.

Par la suite, il a été à l’œuvre pour faire revenir le Maroc au sein de la CAF, après plusieurs années d’absence. "Quand il a décidé de se présenter aux élections du comité exécutif, nous avons tracé une feuille de route et nous avons mené une belle campagne. Lekjâa a même fait plusieurs déplacements pour signer des partenariats avec d’autres fédérations et ce fut bénéfique", nous raconte Said Belkhayat, qui a vécu cette élection en interne.

La victoire fracassante, qui a suivi cette campagne, face à l’Algérien Mohamed Raouraoua (41 voix contre 7 seulement) a été une vraie démonstration de force. Elle a ouvert de nombreuses portes aux présidents de la Fédération Royale Marocaine de Football. Lekjaâ est peut-être ambitieux, mais il semble avoir les moyens de son ambition.

"À la CAF, quand quelqu’un est élu avec autant de voix, il devient automatiquement respecté et écouté", nous explique Belkhayat. À la suite de cette victoire, et de par son expertise professionnelle, Fouzi Lekjâa a été l’homme tout désigné pour prendre en charge la puissante commission des finances de la CAF.

Quant au poste de troisième vice-président de la CAF glané en marge du symposium organisé au Maroc dernièrement, c’est plus un rôle protocolaire qui vient d’être créé. "On se dirige actuellement à la CAF vers une régionalisation linguistique du continent. C’est la raison pour laquelle, nous trouvons un vice-président anglophone, un autre francophone et Lekjâa arabophone", précise l’ancien président du MAS. 

Cette fonction de 3ème vice-président pourrait facilement basculer vers un rôle plus important. Car l’ambition du nouveau président de la CAF, Ahmed Ahmed, est de rompre avec les méthodes très critiquées de son prédécesseur, le Camerounais Issa Hayatou. Parmi les changements qui seront imposés, c’est l’annulation du cumul de fonctions entre la CAF et la FIFA. Le Malgache refuse catégoriquement, que les membres de son équipe soient sur les deux fronts.

"C’est ainsi que le Ghanéen Kwesi Nyantakyi premier vice-président et le Congolais Omari Selemani qui est second vice-président devront, dans les mois à venir, faire un choix entre la CAF et la FIFA", nous informe Said Belkhayat. Lekjâa pourrait donc facilement se retrouver comme premier vice-président de la CAF. 

Le renouveau du football africain 

Depuis que Fouzi Lekjâa a accédé au comité exécutif de la CAF, il ne cesse de gagner la confiance de ses homologues africains et principalement celle du président Ahmed Ahmed. Ce dernier a même opté pour le Maroc pour organiser le premier Symposium de la CAF entre le 18 et le 19 juillet dernier à Skhirate précisément. L'homme fort du ballon rond africain est devenu l’un des meilleurs amis du Maroc et enchaîne les voyages pour rencontrer les dirigeants du football national. 

S’il y a bien une chose qui joue en faveur de Fouzi Lekjâa, en plus de son ambition et de sa tête bien pleine, c’est cette entente avec l’actuel président de la CAF. Les deux hommes sont conscients qu’il faut insuffler un nouvel élan au football africain. 

"Le Symposium un événement historique et dont on va parler pendant de très longues années. C’est le renouveau du football africain et plusieurs problématiques ont été résolues en deux jours", estime Said Belkhayat. 

L’on peut citer à titre d’exemple la décision de caler les compétitions africaines en tenant compte du calendrier européen. Ceci a été pendant de très longues années une requête de plusieurs pays, clubs et joueurs.

Les nouvelles équipes de la CAF sont d’accord sur le rejet total de la gestion à l’ancienne qui a été suivie pendant les 30 années de règne de Hayatou. 

"Maintenant que Fouzi Lekjâa est au centre du pouvoir décisionnel du football africain il va pouvoir apporter du sang neuf et une meilleure approche de gestion", assure Said Belkhayat.

Pour ce dernier, le gain se fera davantage en termes de lobbying et dans les coulisses. Le Maroc a d’ailleurs beaucoup souffert dans ses relations avec la CAF. Rappelons-le, l’incident de janvier 2015 et le retrait de l’organisation de la CAN a failli nous couter très cher. La rupture n'a, heureusement, pas duré longtemps.

"Nous ne demandons pas à être favorisés, mais juste à avoir tous nos droits. Il a fallu attendre avant de voir un Marocain au sommet de la CAF, et Fouzi Lekjâa est réellement l’homme qu’il faut pour le moment. Je suis convaincu que nous allons obtenir par le sport ce que nous n’avons pas réussi à obtenir pendant des années par la politique", conclut Belkhayat.