2017, l'année où Trump a bousculé le monde

Au nom du slogan "l'Amérique d'abord", un Donald Trump souvent imprévisible a bousculé le monde en 2017 par ses décisions spectaculaires qui sont autant d'attaques contre le multilatéralisme, sans toutefois désamorcer plusieurs bombes à retardement.  

2017, l'année où Trump a bousculé le monde

Le 19 décembre 2017 à 9h00

Modifié le 19 décembre 2017 à 9h00

Au nom du slogan "l'Amérique d'abord", un Donald Trump souvent imprévisible a bousculé le monde en 2017 par ses décisions spectaculaires qui sont autant d'attaques contre le multilatéralisme, sans toutefois désamorcer plusieurs bombes à retardement.  

Depuis son arrivée à la Maison Blanche en janvier, les annonces du milliardaire républicain ont souvent été à la mesure des craintes des alliés des Etats-Unis: décret anti-immigration, retrait de l'accord de Paris sur le climat et du traité de libre-échange Asie-Pacifique, mise en cause de l'accord sur le nucléaire iranien et reconnaissance unilatérale d'Al Qods comme capitale d'Israël.

"La doctrine du retrait", a résumé le président du centre de recherche Council on Foreign Relations, Richard Haass, ex-diplomate sous plusieurs administrations républicaines.

Le président de la première puissance mondiale "applique le pire de ce qu'on aurait pu craindre en matière de politique 'trumpienne', avec un retrait de la scène multilatérale", acquiesce Célia Belin, de la Brookings Institution, à Washington.

Pour autant, ses trois annonces les plus tonitruantes, "symboliquement très fortes et lourdes de conséquences", ont "uniquement vocation à satisfaire son électorat" mais "n'ont aucune concrétisation irréparable à ce stade", dit-elle à l'AFP. Le retrait de l'accord de Paris ne sera effectif qu'en fin de mandat, l'accord iranien reste en vigueur, et installer l'ambassade américaine à Al Qods prendra "plusieurs années".

C'est "la méthode Trump", estime-t-elle: "une rupture symbolique qui provoque des réactions très très fortes".

"Le monde entier a entendu le message": "l'Amérique est de retour, avec force", s'est félicité lundi 18 décembre le président en présentant sa "stratégie de sécurité nationale".

"Chaos"

Pour Barbara Slavin, du think tank Atlantic Council, "Trump semble penser que la puissance militaire et économique des Etats-Unis suffit à leur permettre de faire ce qu'ils veulent". Or, "les Etats-Unis sont au faîte de leur puissance quand ils sont à la manœuvre pour donner vie à un consensus international", affirme-t-elle à l'AFP, soulignant un risque d'isolement et de perte de crédibilité.

Même côté républicain, les critiques sont légion. "L'administration actuelle n'offre que peu de répit face au chaos d'un monde sans leadership américain", écrit l'influent sénateur John McCain sur le site Medium. "Notre président voit son imprévisibilité comme une vertu et préfère ses tweets mal informés à des stratégies construites".

De fait, les alliés des Etats-Unis sont désarçonnés par le style du magnat de l'immobilier passé par la téléréalité, capable de s'en prendre à la Chine dans un tweet avant de l'encenser dans un autre, de menacer, devant l'ONU, de "détruire totalement" la Corée du nord, ou encore de rabrouer publiquement son secrétaire d'Etat Rex Tillerson.

"L'attitude impulsive du président Trump, sa gouvernance imprévisible et ses tweets ont ébranlé de nombreuses capitales", constate Paul Stares, l'auteur d'une enquête annuelle auprès de 400 experts et diplomates sur les risques de conflit. Dans ce rapport du Council on Foreign Relations, Washington est en première ligne dans deux risques majeurs de confrontation armée en 2018: la Corée du nord et l'Iran.

Pour ces deux grandes crises, explique Paul Stares à l'AFP, "il est difficile de savoir" si les menaces de Donald Trump "sont de l'ordre de la fanfaronnade ou s'il est vraiment déterminé à utiliser la force".

Et la diplomatie américaine n'a enregistré que peu de succès.

"Lorsque le président Trump a pris ses fonctions, il a identifié la Corée du nord comme la principale menace à la sécurité nationale des Etats-Unis. Malheureusement, c'est toujours vrai onze mois plus tard, si la situation n'a pas empiré", a reconnu Rex Tillerson.

"Le mal est fait"

Sur Pyongyang comme sur Téhéran, la ligne c'est "on mise tout sur nos alliés", explique Célia Belin. "Trump a une rhétorique anti-iranienne très forte, mais pour l'instant aucune action concrète et efficace."

Bousculés, les alliés ne semblent pas tous durablement déstabilisés, estime-t-elle. "La France est pragmatique", Européens et Asiatiques "s'habituent aux tweets de Trump", et il est même parfois apprécié en Europe de l'est ou au Moyen-Orient, où "il a réaffirmé avec force" l'alliance avec Israël et l'Arabie saoudite.

D'autant que sur plusieurs dossiers, de la critique de l'Otan à la menace d'une guerre commerciale avec la Chine, "une forme de réalisme et de continuité s'est imposée", analyse la chercheuse de Brookings.

Idem sur l'Afghanistan, dont le président voulait se retirer avant d'avouer que "les décisions sont très différentes lorsque vous êtes dans le Bureau ovale".

Quant au rapprochement souhaité avec Moscou, il est entravé par les soupçons de collusion pré-électorale entre la Russie de Vladimir Poutine et l'équipe du candidat Trump.

Finalement, selon Célia Belin, seule une poignée d'alliés ont vraiment beaucoup perdu. Le Mexique, choqué par les projets de mur frontalier et les Britanniques, "déjà seuls au monde en plein Brexit" - Londres a été la cible de tweets virulents de @realDonaldTrump sur la gestion de la menace jihadiste.

Et enfin l'Allemagne, "profondément déstabilisée par les attaques anti-allemandes contre la chancelière Angela Merkel", dit la chercheuse.

Le chef de la diplomatie allemande Sigmar Gabriel a d'ailleurs prévenu: "le retrait des Etats-Unis, sous Donald Trump, de leur rôle de garant fiable du multilatéralisme occidental" doit pousser les Européens sur le devant de la scène. Le mal est fait, "cela ne changera pas fondamentalement à la prochaine élection".

(Avec AFP)

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