Maroc-Iran: “La connivence polisario-Hezbollah va fortement entacher l’image des séparatistes”

Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran accusé d’armer et d'entraîner le polisario via le hezbollah, proche du régime des mollahs. Le MAE marocain avance que les preuves d’une "connivence avérée" entre ce mouvement classé terroriste et les séparatistes seront transmises aux services de renseignements étrangers. Selon le criminologue Xavier Raufer et le géopolitologue Moussaoui El Ajlaoui, si le Maroc prouve ses accusations, il devrait engranger un succès diplomatique à l’ONU en positionnant le polisario dans le clan des mouvances peu recommandables présentes en Syrie, en Iran et ailleurs.

Maroc-Iran: “La connivence polisario-Hezbollah va fortement entacher l’image des séparatistes”

Le 2 mai 2018 à 17h16

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Le Maroc a rompu ses relations diplomatiques avec l’Iran accusé d’armer et d'entraîner le polisario via le hezbollah, proche du régime des mollahs. Le MAE marocain avance que les preuves d’une "connivence avérée" entre ce mouvement classé terroriste et les séparatistes seront transmises aux services de renseignements étrangers. Selon le criminologue Xavier Raufer et le géopolitologue Moussaoui El Ajlaoui, si le Maroc prouve ses accusations, il devrait engranger un succès diplomatique à l’ONU en positionnant le polisario dans le clan des mouvances peu recommandables présentes en Syrie, en Iran et ailleurs.

Moins d’une semaine après l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité plutôt favorable au Maroc dans le conflit qui l’oppose au polisario, la rupture des relations diplomatiques avec l’Iran s’appuie sur des accusations qui devraient conforter, à terme, sa position diplomatique à l’ONU.

En accusant le polisario de collusion avec le Hezbollah qui l’a équipé en missiles à partir de l’ambassade iranienne à Alger et entraîné militairement à Tindouf, le Maroc pourrait ainsi brouiller l’image des sécessionnistes qui se seraient acoquinés avec un parti libanais téléguidé par l’Iran.

Interrogé par Médias24, l’ancien professeur à l’école supérieure de guerre de Paris, Xavier Raufer, rappelle que le Hezbollah a plusieurs fois été mis en cause dans des attaques terroristes dont la dernière en date a été l’assassinat de Rafik Hariri, Chef du gouvernement libanais en exercice.

"Un polisario prêt à s’allier avec le diable pour s’équiper en armes (obsolètes)"

"Aujourd’hui, il y a d’un côté une coalition qui se constitue avec Poutine, Erdogan, l’Iran, le Qatar, la Syrie et le Soudan et de l’autre, le prince héritier saoudien MBS très remonté contre l'Iran, des Israéliens qui mettent de l’huile sur le feu, et un Trump qui n’est pas vraiment un modèle de stabilité.

"Il convient de rester prudent vis-à-vis de ces 2 ensembles mais il est probable que le monde va condamner le rapprochement du polisario car tous les experts savent que, derrière le premier clan, c’est le Qatar et le Soudan qui contrôlent la machine redoutable du terrorisme international, appareil central des frères musulmans.

"La mauvaise réputation du Hezbollah est telle que cette nouvelle alliance ne risque pas de la ternir davantage mais avec le polisario, dont il s’est rapproché, ça commence à faire beaucoup de pitbulls.

"Cette nouvelle risque d'être mal accueillie par l’UE qui l’interprétera comme une contamination de l’Afrique et conduira peut-être à une protestation diplomatique que le Maroc pourra exploiter dans les couloirs de l’ONU pour plaider sa cause dans le conflit du Sahara.

"Prouver le rapprochement pourrait donc être un joli coup diplomatique pour le Royaume car le polisario qui se positionne comme un mouvement de libération sera désormais perçu comme un proche voire un obligé d’un mouvement terroriste.

"Cette connivence montre que le polisario fait feu de tout bois car au final, ce n’est pas mère Theresa qui l’a équipé en missiles. Elle montre aussi que ce mouvement n’est pas dans une position admirable car s’il avait plus de gens proches de ses convictions, il ne se serait pas allié avec n’importe qui et encore moins avec un mouvement honni par la communauté internationale.

"Avancée ou succès diplomatique marocain, cette affaire risque d'entacher son image et de positionner le Maroc dans le clan des gentils qui dénoncent une milice prête à s’allier avec le diable pour s’équiper en armes qui, de plus, sont obsolètes car datant de l’URSS", conclut notre spécialiste en mouvements terroristes.

Selon le géopolitologue El Moussaoui El Ajlaoui, malgré les dénégations de l’Iran et du Hezbollah qui affirment que le Maroc a trouvé un "argument peu convaincant" pour rejoindre la coalition anti-chiite (Arabie Saoudite, USA, Israël), le Royaume a un dossier solide pour légitimer la rupture diplomatique.

L’Iran veut contaminer l’Afrique du Nord

"Pourquoi ce dossier suivi depuis deux ans par le Maroc s’est brusquement accéléré aujourd’hui? Tout simplement parce que le Hezbollah et son mentor iranien sont dans une logique de pré-guerre au Moyen-Orient avec la menace croissante des Saoudiens, Américains et Israéliens.

"En prévision d’attaques sur leur territoire, les Iraniens veulent donc impliquer tout le monde arabe, y compris l'Afrique du Nord, d’où les liaisons dangereuses entre l’outil Hezbollah et le polisario.

"S’il y avait vraiment des pressions internationales sur le Maroc, pourquoi aurait-il rétabli ses relations diplomatiques avec l’Iran en 2014 (après 5 ans de rupture) et pourquoi alors qu’il avait besoin du soutien américain au Conseil de sécurité, son ministère des Affaires étrangères a "regretté", dans un communiqué officiel, les frappes récentes contre la Syrie au risque de braquer ses alliés?

"En fait, le Maroc a décidé de prendre les devants car il n’est pas impossible que le Hezbollah veuille pousser le polisario à l’attaquer. En remettant à la communauté internationale les preuves du rapprochement militaire entre ces  mouvements, le Maroc a une bonne carte diplomatique à jouer. S’il ne l’a pas fait avant l’adoption de la résolution du CS de l’ONU, c’est parce qu’il attendait des éléments plus compromettants pour les séparatistes (livraison de missiles qui ont eu lieu début mai).

"Selon moi, le coordinateur iranien détenteur d’un passeport diplomatique a été immortalisé, par nos services, lors de la livraison d’armes au polisario", avance El Ajlaoui qui conclut que Bourita n’aurait pas pris la peine de se déplacer en Iran pour annoncer à son homologue la rupture des relations diplomatiques si ses preuves n’étaient pas irréfutables.

Des preuves en béton ?

Interrogé sur le contenu du dossier détenu par Nasser Bourita, un officier de haut rang de la Direction générale des études et documentation a évidemment refusé de révéler leur nature en nous invitant à contacter le ministre des Affaires étrangères pour en savoir plus. Avant de raccrocher, il n’a cependant pas nié que son service extérieur de contre-espionnage a pu recueillir des éléments compromettants à Alger.

Selon un autre interlocuteur du service action de la DGED, qui a été en poste dans le monde entier, les preuves qui seront transmise à la CIA, DGSE …, prendront la forme de photos datées de rencontres des protagonistes identifiés (membres de l’ambassade iranienne et du Hezbollah interfaces du polisario), photos-satellites des missiles SAM9, SAM 11 et Strelas à Tindouf, comptes rendus de filatures et d’écoutes téléphoniques ou satellitaires …

En dehors de la collecte marocaine, notre source pense que le dossier a certainement dû être alimenté par des informations de services de renseignements amis.

Au regard de la confidentialité des méthodes de recueil de ces informations ultra-sensibles, les éléments de preuves ne risquent pas d'être divulgués au grand public car cela impliquerait de griller les sources locales chargées de les collecter. Le contenu du dossier détenu par le MAE sera donc diffusé aux seuls services de renseignements concernés.

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