Accident train ONCF: un responsable de la protection civile raconte le déroulement des secours

EXCLUSIF. Vingt minutes après l'accident du train de l'ONCF contre les piles ou les remblais d’un pont, une première équipe de la protection civile était présente sur les lieux du sinistre. Contacté par Médias24, le colonel Hajjaji qui dirige la protection civile de la région Rabat-Kenitra nous livre le récit détaillé de l’intervention du corps qu’il dirige.

Accident train ONCF: un responsable de la protection civile raconte le déroulement des secours

Le 17 octobre 2018 à 18h21

Modifié 17 octobre 2018 à 18h21

EXCLUSIF. Vingt minutes après l'accident du train de l'ONCF contre les piles ou les remblais d’un pont, une première équipe de la protection civile était présente sur les lieux du sinistre. Contacté par Médias24, le colonel Hajjaji qui dirige la protection civile de la région Rabat-Kenitra nous livre le récit détaillé de l’intervention du corps qu’il dirige.

Médias24: Quelle est votre principale mission?

Colonel Zakaria Hajjaji: La protection civile prend en charge les blessés puis les évacue vers des établissements hospitaliers; mais dans certains cas, nous devons d’abord libérer ces personnes incarcérées avec du matériel spécialisé.

-Hormis les éléments que vous dirigez, qui a participé aux opérations de secours?

-Le corps médical du ministère de la Santé mais aussi les services de sécurité comme la protection civile, la gendarmerie royale, les forces auxiliaires, la police et les spécialistes de l’ONCF. L’opération s’est faite sous la supervision du ministre de l’Intérieur, suite aux instructions royales.

-Cela représente combien de personnes au total ?

-Je ne peux révéler que le nombre d’éléments de la protection civile qui a déployé 72 personnes et 5 médecins.

-Vos 72 éléments ont chacun une spécialité ?

-En effet, il y avait des ambulanciers, des équipes de camions d’incendie et une cellule de recherche de 12 experts qui ont permis de désincarcérer les personnes bloquées dans les wagons touchés.

Au total, il y avait 15 ambulances accompagnées de médecins (et d’infirmiers) qui ont permis de faire le tri pour dispatcher les blessés vers les bons hôpitaux.

-Comment avez-vous été alertés de l’accident?

-C’est un particulier qui se trouvait sur les lieux qui nous a appelés puis nous avons eu la confirmation de l’accident par les autorités locales.

-Combien de temps s’est écoulé entre la tragédie et ce coup de téléphone?

-Moins d’une minute car l’accident a eu lieu à 10 heures 24 et l’alerte à la même heure.

-A quelle heure les premières équipes de secours sont arrivées sur place?

-Le départ de nos équipes a eu lieu à 10h25 et nous sommes arrivés à 10h42. Il nous a donc fallu 17 minutes (après l’accident) car l’équipe est partie de la ville de Salé. La 1ère équipe est partie de la caserne de Salé car l’accident relevait de sa compétence territoriale. Des renforts ont ensuite suivi de la même ville puis de Rabat. Les ambulances, quant à elles, sont arrivées de Kenitra.

Une minute après notre arrivée, nous étions en train d'évacuer les premiers blessés.

-Combien de personnes blessées ont-elles été évacuées?

- En fin de journée, le décompte final était de 126 blessés mais nous avons évacué la majorité des blessés graves dans la 1ère heure qui est cruciale. C’est en effet à ce moment que nous repérons les personnes les plus atteintes et qui sont évacuées en priorité, les blessés légers sont laissés en dernier.

-Comment s’est passée la régulation médicale, qui a identifié les cas les plus urgents ?

-Les 5 médecins de la protection civile s'en sont chargés. Dans un premier temps, nous avons mobilisé 3 médecins sur place puis dans un second temps, deux autres qui se sont rendus à l’hôpital de Salé pour coordonner avec leurs collègues de la santé publique, la réorientation des blessés nécessitant un transfert vers l’hôpital militaire de Rabat suite aux instructions de Sa Majesté.

-Combien de personnes étaient prisonnières de la tôle déformée des wagons ?

-Avant de les libérer, nous avons dû utiliser des caméras pour les repérer puis du matériel de désincarcération. Nos experts ont fait appel à des écarteurs de tôle comme ils ont l’habitude de le faire lors d’accidents graves de la circulation routière.

Nous avons d’abord libéré 2 personnes dans le 1er wagon de tête et 2 autres dans la 2ème voiture.

Au total, nous avons donc évacué 4 personnes qui étaient dans un état très grave car elles étaient proches du lieu du choc.

-A quelle heure se sont terminées les opérations de secours ?

-Nos derniers éléments se sont retirés ce mercredi à 14 heures car nous avons dû assister les équipes de l’ONCF pour libérer les voies ferroviaires et rétablir la circulation.

-Avant d’arriver sur place, vous saviez à quoi vous attendre avec un protocole spécial d’intervention ?

-Chaque type d’intervention est en effet soumis à un protocole spécial. Les procédures montent en puissance en fonction de la gravité de l’événement à gérer. On mobilise d’abord le centre de secours le plus proche et si l’événement dépasse ses moyens, le commandement préfectoral demande des renforts.

Si c’est encore insuffisant, comme pour le cas d’hier [mardi 16 octobre 2018, NDLR], nous faisons appel à des unités mobiles régionales puis éventuellement à des unités mobiles nationales qui viennent de tout le territoire.

Pour des cas difficiles à gérer, on peut demander, le cas échéant, des renforts au niveau international.

-Vous êtes donc préparés à affronter ce type d’accidents ?

-Les gestionnaires de crise et les médecins de la protection civile sont préparés aux différents scénarios.

Pour chaque événement majeur (accident de train, crash d’avion, incendie de forêt, inondations, tremblement de terre …), nous suivons des protocoles particuliers en collaboration avec d’autres services de l’Etat.

-Quels enseignements de cette intervention plutôt exceptionnelle pour vos services ?

-Au final, nos process de sauvetage ont bien fonctionné car nous avons pu sauver de nombreuses vies en les transférant rapidement vers les hôpitaux. A l’issue de cette intervention, nous allons faire des débriefings qui nous permettront de nous améliorer même si nous espérons que ce genre de drame ne se reproduise jamais.

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