Mohamed Karim Mounir: Qui est le nouveau PDG de la BCP?

Qui est Mohamed Karim Mounir, ce haut cadre de la banque au cheval qui du jour au lendemain s'est retrouvé propulsé dans le cercle très fermé des patrons des grandes banques marocaines ? Médias24 a mené l'enquête. 

Mohamed Karim Mounir: Qui est le nouveau PDG de la BCP?

Le 18 novembre 2018 à 15h48

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Qui est Mohamed Karim Mounir, ce haut cadre de la banque au cheval qui du jour au lendemain s'est retrouvé propulsé dans le cercle très fermé des patrons des grandes banques marocaines ? Médias24 a mené l'enquête. 

Dès la nomination de Mohamed Benchaâboun en tant que ministre de l’Economie et des Finances le 20 août dernier, tous les regards se sont tournés vers le fauteuil de président directeur général de la BCP.

Comment le nouveau patron de la BCP sera-t-il nommé ? Qui sera-t-il ?

L’identité du successeur de Mohamed Benchaânoun a suscité moult spéculations. Plusieurs noms ont circulé dont ceux d'Ahmed Rahhou, patron du CIH, Khalid Safir, Wali directeur général des collectivités locales, Noureddine Bensouda, trésorier général du Royaume, Tariq Sijilmassi patron du Crédit agricole du Maroc, ou encore Karim Tajmouati directeur général de l’Agence nationale de la conservation foncière, du cadastre et de la cartographie (ANCFCC),...

Peu ont parié sur le nom qui sera révélé au grand public le 1er novembre 2018 et qui a figuré rarement parmi les favoris des spéculations qui ont circulé.

L’information sera publiée d’abord par notre confrère La Vie éco, avant d’être confirmée quelques heures plus tard par un communiqué officiel de la BCP. « Le conseil d’administration de la BCP, réuni ce jeudi 1er novembre, a acté la nomination de Mohamed Karim Mounir ».

Cérémonie d'investiture de Mohamed Karim Mounir présidée par Mohamed Benchaaboun, ministre de l’Economie et des Finances au siège de la Banque populaire Régionale à Rabat, en présence des membres du conseil d’administration de la BCP et du comité directeur du Crédit populaire du Maroc.
 

Dans les milieux des médias, le nom de Mohamed Karim Mounir ne résonne pas. Celui qui était directeur général en charge de la banque de financement d’investissement à BCP n’est pas un visage connu du grand public.

Qui est-il ? D’où vient-il ? Quel profil de responsable est-il ?  

Médias24 a essayé de retracer le parcours Mohamed Karim Mounir, qui fait son entrée dans le cercle très restreint des grands patrons de banques marocaines, et de dresser ses priorités et projets pour la banque dans laquelle il évolue depuis 21 ans.

La discrétion, son crédo

« C’est un homme discret et très réservé », nous prévient un de ses ex-collègues. Il ne nous a pas fallu trop de temps pour le constater par nous-mêmes. Contacté pour les besoins de ce portrait, Mohamed Karim Mounir a décliné courtoisement notre demande d’entretien.« Il est trop tôt pour parler de priorités ou de projets. Je préfère parler de résultats », nous fait-il savoir. Dont acte.

Un de ses actuels proches collaborateurs nous assure que Mohamed Karim Mounir n’aime pas parler de lui et encore moins s’exposer dans les médias.

Une simple recherche sur Internet confirme les propos de notre source. Toutes les informations qui existent sur le nouveau PDG de la BCP datent du 1er novembre, jour de sa nomination. A part les éléments de la biographie officielle contenue dans le communiqué de l’annonce de sa nomination et quelques articles où son nom figure parmi l’équipe dirigeante de la BCP, aucune information n’est disponible sur celui qui présidera aux destinées de la deuxième plus importante banque de la place.

Sa prise de fonction se fait « sans bruit, dans la continuité de l’ère Benchaâboun. Aucun changement à l’horizon pour le moment », constate un collaborateur.

Un temps d’observation dont n’a pas forcément besoin le nouveau PDG, puisqu’il est, comme nous le rapportent plusieurs personnes en interne, « un enfant de la maison ». Il a intégré la BCP en 1997. Et depuis, il lui est resté fidèle.  

Plusieurs estiment que Mohamed Karim Mounir ne cherche pas à opérer des changements pour le changement. Il n’est pas le genre à vouloir faire de grandes vagues pour se faire remarquer. Bien au contraire.

Sa discrétion est presqu'une marque de fabrique. Durant toutes ces années d’exercice au sein de la BCP dont une bonne partie où il a occupé d’importantes fonctions de responsabilité comme la direction générale des activités d’investissement et de financement de la BCP, ainsi que la direction générale d'Upline, Mohamed Karim Mounir a toujours agi dans l’ombre.

« Karim Mounir a assumé d’importantes responsabilités au sein de la banque aux côtés de Mohamed Benchaâboun de qui il est très proche. Les stratégies et décisions étaient certes collectives, et M. Benchaâboun se devait de les porter vis-à-vis de l’extérieur. Désormais ce sera le rôle de Karim Mounir », nous confie un de ses collaborateurs. Un rôle qu'il devra assumer malgré sa réserve naturelle. 

Mounir–Benchaâboun une amitié de plus de 20 ans

Pourquoi Mohamed Karim Mounir et pas un autre ? Une question que beaucoup se posent en silence. « C’est un gros bosseur qui a gravi les échelons jusqu’à devenir directeur. Son parcours parle pour lui », nous confie un de ses collaborateurs actuels.

Ceux qui ont côtoyé Mounir et Benchaâboun assurent que les deux hommes ont « une culture similaire, basée sur le pragmatisme et l’analyse du détail. C’est pour cela qu’ils travaillaient en parfaite symbiose ».

La rencontre entre les deux hommes, tous deux ingénieurs en informatique, s’est faite dans le début des années 2000, quand Benchaâboun a intégré la BCP la première fois sous la direction de Noureddine Omary. Depuis, ils sont liés par une grande amitié et beaucoup de proximité.

Cette proximité et leur similitude dans l’approche font dire à certains observateurs que Mohamed Karim Mounir va privilégier « la continuité et la consolidation de ce qui a été bâti par Benchaâboun et auquel il a contribué en tant que membre de l’équipe dirigeante ». Cela dit, chacun a son style et le nouveau président imposera certainement le sien.

Mohamed Karim Mounir en compagnie de Mohamed Benchaâboun

 

La responsabilité le hante

Malgré ses qualités, son titre de DG au sein de la banque et l’estime de ses supérieurs, Mohamed Karim Mounir ne s’attendait pas du tout à sa nomination.

« Il a été très surpris par sa nomination, même si son nom circulait en compagnie de plusieurs autres personnalités qui ont beaucoup de valeur », nous confie une source bien informée.

« Sa motivation n'est pas d'accéder aux postes, il n'a jamais eu cette ambition de diriger l’entreprise. Son focus a toujours été le travail», commente un de ses proches.

Le moteur de sa vie, à en croire les personnes interrogées à son sujet, c’est le travail. « A chaque évolution dans sa carrière, il pensait beaucoup plus à la responsabilité qu’il devra assumer et au challenge plutôt qu’au poste en lui-même ou aux privilèges que cela peut lui apporter », confie un collègue qui le connaît de longue date.

Un parcours estudiantin modèle qui le mène à OCP

Sa relation avec la responsabilité remonte à son jeune âge. Mohamed Karim Mounir est né à Fès dans le Maroc de l'année 1959. Il est le cadet de quatre frères.

Selon une source proche de sa famille, il a dû assumer la responsabilité de sa famille très jeune. « C’est un homme simple, issu d'une famille assez modeste qui a eu une enfance ordinaire, mais qui a été amené à assumer la responsabilité assez jeune pour aider financièrement sa famille », nous confie une de ses vieilles connaissances.

Comme tous les jeunes de son âge, le jeune Mohamed Karim, bac en poche, espérait poursuivre ses études à l’étranger. Pour des raisons personnelles, il a décidé de rester au Maroc et de poursuivre ses études à l’EMI, lui qui rêvait toujours d’être ingénieur.

Il a intégré l’école marocaine sise à Rabat et a donc dû quitter son Fès natal. « Son sens de la responsabilité l’a poussé à emmener sa famille avec lui », confie notre source.

Il étudiait et travaillait en donnant des cours aux enfants pour arrondir ses fins de mois et aider sa famille. Malgré cela, il a toujours été parmi les premiers de sa clase et même « super major » de sa promotion en 1982.  "Son modèle a été son oncle, l’un des premiers ingénieurs du Maroc qui était pour lui une sommité, il voulait réussir comme lui et ne pas le décevoir", nous confie ce proche de famille.

Cet oncle a été très présent dans la vie du jeune Mohamed Karim. Il l'avait pris sous son aile et le considérait comme son fils. C'est d'ailleurs grâce à lui que Mohamed Karim Mounir s'est toujours surpassé dans les études. 

Ses bons résultats et son parcours modèle le mèneront au gré des rencontres à intégrer directement après sa graduation la grande entreprise marocaine OCP qui était dirigée à l’époque par le puissant Mohamed Karim Lamrani.

Fidèle à lui-même, Mohamed Karim Mounir fera un parcours sans faute durant ses 15 ans au sein du groupe industriel. De simple ingénieur à la direction de système d’information, il gravira les échelons pour en devenir le chef de division. « Il était le plus jeune chef de division à OCP à l’époque », nous confie un ancien de OCP.

Fondateur de l’AUSIM

C’est en tant que responsable des activités liées au système d’information du groupe OCP que Mohamed Karim Mounir mènera une action courageuse qui se conclura par la création, en 1993, de l’Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc (AUSIM).

« Au départ, des responsables et directeurs de Système d'Information se sont rassemblés à l'initiative de Mohamed Karim Mounir pour faire face à un partenaire commun dans les SI qui avait des problèmes déteignant sur leurs activités », se remémore un témoin de l’époque. 

« Une opération de lobbying a donc été entamée à l’initiative de Mohamed Karim Mounir qui officiait alors à OCP en compagnie d’un nombre important de ses pairs. Une opération qui s’est soldée par un succès », ajoute notre source. 

Suite à cela, « les différents responsables SI se sont dit alors pourquoi ne pas se structurer dans un cadre plus organisé? L’AUSIM est née », ajoute notre source qui insiste sur le fait que Mohamed Karim Mounir a mis un point d’honneur à verrouiller la gouvernance de l'organisation, afin qu'elle reste une association de personnes morales et non un regroupement de directeurs intuitu personae. « C’est ce qui a permis à l’AUSIM de résister et de survivre jusqu’à aujourd’hui », ajoute notre source.

Quatre ans plus tard, Mohamed Karim Mounir sera appelé à rejoindre la BCP…

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