Robert De Niro: «Marty et moi ne sommes définitivement pas de la génération numérique»

Au deuxième jour de l'ouverture du Festival international du film de Marrakech, Martin Scorsese a décerné l’Etoile d’or à Robert De Niro. Avant de recevoir ce prix, il a agréablement surpris son monde en consacrant 30 minutes à prendre des selfies, accorder des autographes et même des baisers à ses fans. Au lendemain de cet hommage, l'acteur américain a été tout aussi prévenant avec les médias, dans le cadre de tables rondes où Médias24 était convié. Entretien avec une légende vivante du cinéma.

Robert De Niro: «Marty et moi ne sommes définitivement pas de la génération numérique»

Le 2 décembre 2018 à 17h47

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Au deuxième jour de l'ouverture du Festival international du film de Marrakech, Martin Scorsese a décerné l’Etoile d’or à Robert De Niro. Avant de recevoir ce prix, il a agréablement surpris son monde en consacrant 30 minutes à prendre des selfies, accorder des autographes et même des baisers à ses fans. Au lendemain de cet hommage, l'acteur américain a été tout aussi prévenant avec les médias, dans le cadre de tables rondes où Médias24 était convié. Entretien avec une légende vivante du cinéma.

Pour Andy Warhol, chacun d'entre nous connaitra un jour ou l'autre son quart d'heure de gloire. Une citation d'actualité sachant que dans la carrière d’un journaliste, rares sont les interviews qui vous marquent autant que celle réalisée avec un acteur de l'envergure de Robert De Niro.

Un constat d'autant plus vrai quand votre interlocuteur, âgé de 75 ans, se comporte avec une simplicité désarmante comme s’il n’avait pas conscience de son énorme pouvoir de séduction quasi-charnel.

Il faut croire que ceux qui ont l’honneur de couvrir l’actualité ne sont pas vraiment habitués à autant d’égards de la part de stars adulées et célébrées parfois jusqu’à la démesure.

Ainsi, si l’on devait résumer la personnalité de cet acteur en un mot, l’humanisme serait sans aucun doute le terme le plus approprié.

Après avoir croisé et fait la bise à Martin Scorsese dans les couloirs de la Mamounia, c’est donc des étoiles plein les yeux que l'équipe de Médias24 s'est dirigée vers le jardin où a été réalisée cette interview avec celui qui est, sans exagération aucune, l'un des plus grands acteurs du 20ème et 21ème siècle.

Médias24 : Vous n’êtes pas encore mort mais tout le monde vous qualifie de légende et d’être fabuleux. Comment c'est d'être De Niro dans la vraie vie, ne vous sentez-vous pas un peu seul ?

Robert De Niro : (Rires), J’espère vraiment avoir encore quelques années à vivre mais plus sérieusement, en dehors de ma famille et de mon cercle d’amis, je suis effectivement un peu seul dans les lieux publics.

Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas faire comme me promener dans la rue ou faire mes achats sans être importuné, même si ce n’est pas fait de manière méchante ou désagréable.

-Je viens de revoir "The Connection" réalisé par Shirley Clarke (1961), du pur cinéma underground comme "Shadows" de John Cassavetes. Pensez-vous qu’à l’époque de Netflix qui produit des films pour le petit écran comme "The Irishman" dans lequel vous venez de jouer, il est toujours possible de produire des films indépendants ?

-Certainement car au final, ce véritable bijou cinématographique n’a pas requis un budget important.

Déjà à l’époque, il n’avait pas coûté vraiment cher (600.000 dollars) mais avec les nouvelles technologies, on est passé à une autre dimension qui a bouleversé la conception cinématographique.

Aujourd’hui, The Connection pourrait certainement être produit plus facilement avec beaucoup moins de moyens financiers.

En exagérant un peu, il suffirait même d’un simple téléphone pour le filmer mais le vrai problème du cinéma d’auteur ne se situe pas au niveau de la conception mais de la distribution en salles.

Depuis une dizaine d’années, c’est cette nouvelle forme d’expression qui a pris le dessus.

-Est-ce que vous adhérez à cette nouvelle façon de filmer où n'importe qui peut s’improviser réalisateur ?

-La technologie est une chose mais la qualité du scénario en est une autre.

Je n’ai rien contre la modernité mais à titre personnel, ce n’est pas quelque chose qui m’intéresse.

Ce que je peux dire, c'est que je comprends cette technologie mais je viens définitivement d’une autre époque où la pellicule était reine.

Marty (Martin Scorsese) et moi sommes beaucoup plus classiques dans nos choix conceptuels.

-Netflix qui est avant tout un réseau télévisé va-t-il remplacer les grands studios américains comme MGM, Universal, Miramax …

-Aujourd’hui, je ne peux pas vous dire comment vont évoluer les choses à l'avenir en termes de financement des films.

Ce qui est sûr c'est que Marty et moi avons eu beaucoup de mal à réunir l’argent pour produire The Irishman (réalisé par M. Scorsese avec Al Pacino, Joe Pesci, Harvey Keitel et Robert De Niro) et surtout pour faire accepter aux producteurs qu’il soit réalisé de la manière dont le voulait Marty.

Seul Netflix n’a posé aucune condition. Ils ont tout financé et l’ont laissé totalement libre du choix artistique.

Le tournage a pris du temps (2 ans) car l’écriture du scénario a été particulièrement soignée.

-Vous dites que cela vous énerve d’être tout le temps ramené à certains dialogues anthologiques qui « dévalorisent votre travail ». Certaines personnes ont pourtant gagné beaucoup d’argent en utilisant certaines de vos phrases cultes (« Talking to me … ») pour vendre des produits dérivés (Tee-shirt…).

-(Rires), je n’ai rien contre ces personnes mais si je peux avoir un regret, c'est de ne pas avoir déposé un brevet pour percevoir des royalties.

Question posée lors de la conférence de presse qui a précédé la table ronde avec Robert De Niro (voir vidéo):

-Marty vous a remis hier soir une Etoile d'or qui récompense tout votre parcours. Il en a profité pour souligner que vous aviez joué tous les rôles de "path", tels que sociopathe, psychopathe ... Malgré votre engagement politique démocrate, accepteriez-vous d'incarner celui du président Donald Trump ?".

-(Rires) S'il y a un rôle au monde qui ne m'intéresse pas, c'est bien celui-là, même si j'ai toujours eu de l'empathie pour les personnages que je joue et cela, malgré tous leurs torts.

J'essaie toujours de leur trouver un peu d'humanité mais dans le cas que vous évoquez, je n'en trouve aucune.

Ce personnage est profondément antipathique mais cela ne m’empêchera pas de continuer à essayer tous les jours de me mettre à sa place.

Voir également la vidéo de l'atelier intitulé "Conversation with ...", animé par le réalisateur Martin Scorsese avec qui Robert De Niro a joué 9 films.

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