Festival du film de Marrakech: les premières impressions de Sarim Fassi Fihri

Après l’annulation de l’édition 2017, le festival international du film de Marrakech a fait évoluer son concept. Au lendemain de son ouverture, la soirée animée par le réalisateur Martin Scorsese pour célébrer le parcours de l’acteur Robert De Niro a été une grande réussite et occupe encore toutes les conversations. Cela sera-t-il suffisant pour pérenniser un festival accusé d’avoir eu un positionnement flou? Eléments de réponse avec le DG du CCM et vice-président du FIFM.

Festival du film de Marrakech: les premières impressions de Sarim Fassi Fihri

Le 5 décembre 2018 à 15h49

Modifié 5 décembre 2018 à 15h49

Après l’annulation de l’édition 2017, le festival international du film de Marrakech a fait évoluer son concept. Au lendemain de son ouverture, la soirée animée par le réalisateur Martin Scorsese pour célébrer le parcours de l’acteur Robert De Niro a été une grande réussite et occupe encore toutes les conversations. Cela sera-t-il suffisant pour pérenniser un festival accusé d’avoir eu un positionnement flou? Eléments de réponse avec le DG du CCM et vice-président du FIFM.

Médias24 : L’année d'absence du festival de Marrakech a-t-elle été profitable ?

Sarim Fassi-Fihri : Complètement

-Qu’est ce qui n’allait pas et nécessitait d’annuler ce qui devait être la 17ème édition ?

-On ne peut pas dire que quelque chose de fondamental n’allait pas car au final, nous n’avons procédé qu’à des réajustements nécessaires.

Rappelons d’abord qu’avant l’annulation de l’édition 2017, nous avons vécu quinze années formidables où on s’est très vite placé au niveau des festivals les plus importants de la planète.

Certaines éditions ont cependant été compliquées à gérer. On a eu du mal certaines années à cause de l’incidence d’événements internationaux indépendants de notre volonté. Ainsi, il n’a pas été simple de maintenir l’édition 2015 venue un mois après les attentats de Paris en novembre.

En même temps, comme nous avons eu la chance d’avoir le grand réalisateur américain, Francis Ford Coppola, comme président du jury, les gens nous ont suivis et nous avons pu limiter les annulations d’arrivées de stars.

Aujourd’hui, c’est un autre type de festival. La pause effectuée en 2017 était importante car elle nous a permis de prendre une autre direction sans pour autant renier le passé.

-C’est-à-dire ?

-La version 2018 est en même temps plus cinéphile et plus industrielle.

C’est un festival qui est désormais plus axé vers les professionnels

-Qu’a-t-il de vraiment différent ?

-L’aspect professionnel que nous n’avions pas dans le passé, a pris le dessus.

Avant, on recevait des gens qui venaient célébrer le cinéma avec nous mais c’était trop festif alors qu’aujourd’hui, nous avons adopté une démarche structurée plus professionnelle et studieuse.

Toute la différence réside dans le fait qu’aujourd’hui, les professionnels étrangers ont un véritable intérêt à venir à Marrakech sans être invités obligatoirement, ce qui n’était pas le cas auparavant.

-Pour votre retour, vous avez frappé un grand coup en invitant le duo Scorsese-De Niro, cela sera-t-il suffisant pour donner une nouvelle légitimité au festival new wave ?

-Certes leur présence a illuminé cette édition mais il n’y a pas que ces deux monstres sacrés.

Tous les jours, les membres du jury nous remercient pour la qualité de la sélection et pour la direction conceptuelle prise par le festival.

Hormis le public qui vient aux projections en masse, les gens sont aussi ravis des sections parallèles.

C’est notamment le cas des « journées industrie » qui ont attiré 130 professionnels étrangers.

Un autre signe qui ne trompe pas, c'est l’intérêt international suscité par le retour du festival auprès des représentants des plus grands festivals du monde qui ont fait le déplacement.

Nous avons Thierry Frémaux, délégué général du festival de Cannes, ceux de Tchéquie « Karlovy Vary (datant de 1947), du Japon sans parler des patrons de la Mostra de Venise qui arrivent demain.

-Une question récurrente, des invités prestigieux comme Scorsese ou De Niro ont-ils été rémunérés ?

-Ni hier ni aujourd’hui, jamais le festival n’a payé le moindre artiste.

Cette politique est valable pour l’ensemble des invités qu’ils soient réalisateurs, acteurs ou membres du jury. En dehors des équipes qui travaillent, personne ne perçoit le moindre cachet ou indemnité.

-Quelle est la vocation du festival nouveau crû, mettre en avant les premiers films ?

-Pas uniquement sachant que depuis le début, nous avons toujours eu une vocation de dénicheur de talent.

Nous allons renforcer la mise en avant des réalisateurs de 1er et de 2ème long-métrages qui sont en compétition mais nous allons également montrer d’autres choses.

Une section panorama du cinéma marocain a été créée dans laquelle il y a des films qui ne sont pas forcément des 1ères ou 2ème œuvres.

A contrario, pour la compétition, c’est effectivement des 1ères ou 2èmes créations qui seront primées.

-Quid du marché du film inexistant auparavant ?

-C’est la mission des « Ateliers de l’Atlas » qui sont un espace dédié aux porteurs de projet et pour ceux qui cherchent un complément de financement pour la post-production.

Cette nouveauté a attiré beaucoup de monde aussi bien au niveau des personnes en quête de financement que des producteurs en quête d’une bonne histoire.

-Cette année, le réseau Netflix est devenu pour la 1ère fois, le partenaire du FIFM !

-Exact, sa collaboration avec nous prend la forme de participations financières à base de sponsoring.

-Y-a-t-il un retour de la presse spécialisée qui avait déserté le festival laissant la place aux médias people ?

-Sachant que les médias ont toujours été nombreux à couvrir le FIFM, on ne peut pas parler de retour et encore moins de désertion.

Vous pouvez d’ailleurs constater la présence des grands magazines américains comme « Variety » ou « The Hollywood reporter » et plus généralement de ce qu’on appelle dans le jargon de la profession les « Trade papers » qui nous accompagnent depuis la première édition.

L’exemple le plus édifiant est celui de Variety qui fait quotidiennement un spécial Marrakech.

Ce magazine l’adresse chaque jour à sa base de données qui est composée de cinéphiles et surtout des plus grands professionnels de la planète (patrons de studios, producteurs, réalisateurs, acteurs ..)

-A l’avenir, remporter l’Etoile d’or va enfin devenir un tremplin pour les réalisateurs et acteurs ?

- Depuis le début, ça a toujours été le cas. La preuve est que plusieurs de ceux qui ont été primés au festival de Marrakech ont ensuite décroché la palme d’or à Cannes ou même l’Oscar à Hollywood.

Ceci dit, il faut reconnaître que la compétition mondiale entre festivals est rude. Pour se distinguer, de plus en plus de rendez-vous cinématographiques dans le monde proposent les « journées industrie ».

Ainsi, la semaine dernière, le festival du Caire a inauguré sa 1ère journée de ce type.

Tout le monde a compris que pour être en mesure d’attirer la crème des professionnels, il faut désormais leur donner autre chose que juste des films.

Il est donc très important de prévoir des espaces de rencontres permettant de trouver des partenaires intéressés pour financer ou au moins accompagner les demandeurs jusqu’au terme de leur projet.

-Combien a coûté l’organisation totale du festival ?

-N’étant pas chargé de la partie financière, je suis incapable de répondre à votre question.

-Contrairement à avant, pensez-vous que le FIFM va vendre Marrakech et non pas le contraire ?

- Les deux vont ensemble.

Ce n’est pas le festival de Cannes qui vend Cannes. Si la ville connaît un pic de fréquentation en mai, elle ne meurt pas après les 10 jours que dure le festival.

Idem pour Venise qui n’est pas morte après la fin de sa Mostra.

Pour Marrakech, c’est pareil sachant que le festival et la ville font une belle paire et que la ville ocre a vécu avant l’arrivée du festival en 2000.

Pour résumer, ce n’est pas l’un qui tire l’autre vers le haut mais plutôt les deux qui tirent l’ensemble.

-Qu’avez-vous prévu pour le passage à l’âge adulte du FIFM qui fêtera ses 18 ans en 2019 ?

-Mi-janvier, nous commencerons à faire des débriefings avant de penser à l’édition suivante.

-Vous savez que tout le monde vous attend au tournant ?

-Tout à fait. Nous sommes dans le même cas de figure qu’un réalisateur qui a eu une palme d’or pour son premier film et qui est condamné à faire un 2ème film au moins aussi bon que le premier.

Sachant que nous avons eu Martin Scorsese et Robert De Niro cette année, nous sommes plus que jamais conscients du fait que l’édition prochaine sera scrutée attentivement et qu’on nous attend au virage.

Tout ce que je peux dire, c’est qu’on y pense déjà et que nous nous dépasserons.

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