Tourisme : Mohamed Sajid, une erreur de casting ?

Depuis l'arrivée de Mohamed Sajid, le secteur donne l’impression de fonctionner en pilotage automatique. Ainsi, la feuille de route publique promise depuis plus d'un an se fait toujours attendre. Selon tous les opérateurs que nous avons contactés, cette paralysie s’explique par ce qu’ils appellent unanimement une erreur de casting gouvernementale.

Tourisme : Mohamed Sajid, une erreur de casting ?

Le 7 mars 2019 à 14h24

Modifié 20 mars 2023 à 22h37

Depuis l'arrivée de Mohamed Sajid, le secteur donne l’impression de fonctionner en pilotage automatique. Ainsi, la feuille de route publique promise depuis plus d'un an se fait toujours attendre. Selon tous les opérateurs que nous avons contactés, cette paralysie s’explique par ce qu’ils appellent unanimement une erreur de casting gouvernementale.

En toute objectivité et sans vouloir jeter l'opprobre sur l'actuel ministre du Tourisme, il y a un tel malaise au sein de la profession que cette question a fini par s'imposer au sein de notre rédaction.

En effet, si on juge un ministre sur son leadership et ses réformes, force est de constater qu’il n'y a ni l'un ni l'autre dans le secteur qu'il dirige.

De surcroît, Sajid est mutique, il s’exprime très peu pour ne pas dire jamais. Soit qu'il n'a rien à dire, soit qu'il refuse de communiquer.

Dans un cas comme dans l'autre, il y a problème sachant qu’on ne trouve pas d'exemple similaire d'un ministre du tourisme aphone chez ses prédécesseurs voire même dans le reste du monde.

Tous vent debout contre l’inaction de Sajid

Les professionnels que nous avons contactés sont d’ailleurs unanimes sur le constat suivant :

Depuis son arrivée à la tête du ministère en 2017, le secteur avance en pilotage automatique car ni la stratégie promise en 2018 ni la date des assises du tourisme n'ont encore été rendues publiques.

Le tourisme serait devenu une grande salle d'attente.

Pour résumer, on peut affirmer que rarement, pour ne pas dire jamais, un ministre n'aura rassemblé autant d’opérateurs privés lassés de son inaction autour de sa personne.

Téméraires mais pas inconscients, nos interlocuteurs ont tous préféré témoigner anonymement afin ne pas crisper les relations professionnelles avec leur autorité de tutelle et ne pas insulter l’avenir.

C’est notamment le cas d’un expert qui a résumé la situation par une phrase courte mais lourde de sens : «Les faits sont là ».

« Aujourd’hui, la seule chose positive permettant d’amortir l’inaction du ministre est que les résultats des arrivées et des nuitées ne sont pas mauvais mais ce n'est pas à mettre à son crédit.

Le secteur est bloqué dans une salle d’attente

« Tout le monde attend toujours la feuille de route et les assises du tourisme promises et attendues depuis trop longtemps.

« Le secteur privé est d’autant plus impatient et déçu que ses membres ont travaillé pendant des mois avec lui pour tracer une trajectoire commune.

« En 2017, il y avait une dynamique productive avec un comité d’experts de la CNT qui a rédigé un rapport. Devait s’en suivre une synthèse pour tracer la voie qui se fait toujours désirer.

« La profession est très frustrée car elle ne peut plus vivre avec des promesses et réclame des actions basées sur des décisions politiques.

Personne n'arrive à comprendre l’inaction de Sajid qui paralyse le secteur.

« Hormis son absence de vision, le ministre s’est également avéré incapable de négocier une réconciliation des frères ennemis de la CNT.

Ces problèmes inhérents à ce Chef d’orchestre sans baguettes entraînent aussi une inefficience d’autres organismes parallèles comme l’ONMT par exemple.

« En nommant Adel El Fakir, après une très longue vacance du pouvoir à la tête de l'ONMT, Sajid a suscité de grands espoirs, mais il faudra encore patienter avant d'engranger des résultats concrets et palpables.

« Face à la crise de gouvernance auquel est confronté le secteur, on se demande s’il n’est pas préférable d’opter pour un profil de technocrate au poste de ministre,

« Ce qui est terrible est que les seules initiatives constructives en matière de tourisme n'émanent que de la personne du Roi mais, selon moi, cela vient du manque de cohésion et de leadership caractérisant notre gouvernement.

« Au final, la paralysie découle de la guéguerre permanente entre les partis qui cherchent chacun à se présenter comme détenant le vrai leadership qui manque tant au tourisme », conclut notre interlocuteur en ajoutant qu’il n’y aura pas de vraie rupture avant au moins 2021 voire 2023 le temps que la future équipe prenne ses marques.

Beaucoup plus virulent, un membre important de la CNT du courant contestataire répond que par les temps qui courent, "l’inaction d'un responsable peut prendre l'allure d'un crime économique".

Des accusations exagérées qui montrent que la lassitude contre le ministre est telle que certains n'hésitent plus à forcer le trait.

Un taiseux

« La paralysie actuelle est à mettre au seul compte de Sajid car sa secrétaire d’Etat ne fait qu’exécuter ses ordres et n’a aucune latitude pour imposer sa politique ou même pour communiquer.

« Régulièrement le ministre nous explique que le report permanent de la publication de la feuille de route est dû aux divisions de la CNT mais en réalité, c’est un problème de gouvernance qu’il n’assume pas.

"Si pour les profanes, le rebond actuel du secteur masque en partie son inaction, il est évident que la situation pourrait être bien meilleure en termes d’arrivées et de nuitées avec une vraie politique de développement.

« Au lieu de nommer un moteur pour booster le secteur, on nous a mis un frein alors que nous avons besoin d’un stratège capable d’arbitrer et d’initier des ruptures en lieu et place de l’immobilisme actuel », dénonce notre source qui ne semble pas voir d’amélioration dans l’immédiat.

Selon un autre membre de la CNT, proche de l’actuelle direction, le ministre n’a donné aucune nouvelle de la feuille de route qui a pourtant été rédigée avec la CNT en octobre dernier.

Un mandat pour rien en attendant mieux

« Du côté de Sajid, c’est silence radio total.

Pour être honnête, les opérateurs privés n’attendent plus rien de cette équipe car elle n’a absolument rien fait de plus ou de mieux que celle de Lahcen Haddad.

« La seule différence est que Sajid n’a pas les poings liés comme son prédécesseur qui a dû faire face à un Chef du gouvernement et à un ministre des finances indifférents voire même réfractaires au développement du tourisme.

« La presse et la profession sont confrontés au même problème avec sa personne car il ne communique pas et on en arrive même à se demander ce qu’il fait de son temps sachant que les rencontres avec les opérateurs privées sont rares.

« S'il est relativement épargné car le secteur se développe tout seul avec des arrivées qui progressent sans aucun coup de main ministériel, nous ne sommes cependant pas à l’abri d’un retournement de situation car nous naviguons à vue et sans aucun pilote.

« Le sentiment général qui domine chez nous est que c’est un mandat pour rien et qu'on ne peut mettre aucune mesure positive à son crédit.

On a cru qu’après Haddad, le secteur allait exploser mais il n’en a rien été car Sajid s’est avéré incapable de présenter une vision pour le développer.

« A côté de lui, son prédécesseur était un vrai communicant qui savait vendre le Maroc alors qu’il a dû gérer le printemps arabe, les attentats de Da’ech en Europe et enfin le désintérêt de Benkirane et Boussaid pour ce secteur

« Après avoir été séduits au départ par ce binôme, mes confrères et moi avons fini par comprendre que c’était une vraie erreur de casting et que Sajid n’avait pas sa place au tourisme qui ne mérite pas un taiseux », conclut notre source qui pense aussi que le salut du secteur ne viendra que de l’après-futur scrutin législatif.

Précisons que toutes nos tentatives de joindre le ministre (appels et sms) pour lui donner l'occasion de répondre à ses détracteurs sont, pour ne pas changer, restées vaines.

Au final, il est vraiment triste de constater qu’aucun ministre ne soit capable d’initier de vrais chantiers, qui ne manquent pourtant pas, et que ce rôle soit toujours dévolu au Roi à l’image de celui de la transformation de la médina de Fès.

Sans vrai leadership, il faudra donc encore espérer qu’un choix judicieux sera fait lors de la sélection du prochain ministre d’un secteur aux potentialités extraordinaires mais toujours sous-exploitées.

Pour conclure, nous espérons que M. Sajid démentira le contenu de cet article dès les prochains jours en reprenant l'initiative dans le plus grand secteur créateur d'emplois.

Nous serions ravis de l'apprendre et les premiers à l'applaudir le cas échéant...

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