Reportage. Insurrection citoyenne en Algérie

Une marée humaine a déferlé sur Alger ce vendredi 8 mars pour la troisième semaine consécutive. Les manifestants s'opposent à la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat. Celui-ci est toujours hospitalisé à Genève.

Reportage. Insurrection citoyenne en Algérie

Le 8 mars 2019 à 20h01

Modifié le 10 avril 2021 à 20h47

Une marée humaine a déferlé sur Alger ce vendredi 8 mars pour la troisième semaine consécutive. Les manifestants s'opposent à la candidature de Bouteflika pour un 5e mandat. Celui-ci est toujours hospitalisé à Genève.

ALGER. [CORRESPONDANCE PARTICULIERE POUR MEDIAS24]. Belle et rebelle ! Comme tous les vendredis depuis le 22 février,  Alger la Blanche a retrouvé, ce 8 mars 2019, ses accents révolutionnaires enfouis 19 ans durant dans ses entrailles. Aujourd’hui donc, elle  a été à nouveau le théâtre d’une grande marche populaire qu’elle n'a, peut-être jamais,  eu à organiser. 

Plus d’un million d’Algérois sont descendus dans la rue pour renouveler une seule et unique revendication, portée par tout un peuple : le départ de Bouteflika.  Visiblement impatients d'en découdre avec un régime qui leur a infligé la honte d'un possible 5e mandat, les habitants de la capitale n'ont pas attendu 14 heures, c'est-à-dire  la fin de la prière du vendredi,  pour investir la rue.

A peine 13 heures et l’esplanade de la Grande Poste et la place Audin, au cœur de la capitale, sont déjà noires de monde.  Surexcités, des jeunes scandaient à tue-tête les habituels slogans : «Bouteflika pas de 5e mandat», «Le peuple ne veut pas de Bouteflika et Said», «Algérie libre et démocratique», «Ouyahia voleur», le peuple veut la chute du régime, etc. Contrairement aux marches précédentes, la présence des policiers est très discrète. La rue est aux manifestants qui se la sont réappropriée.  Et définitivement.

Fait notable : aux coups de 13 heures,  l’ex-général major et candidat  la présidentielle du 18 avril Ali Ghediri qui a refusé obstinément de se retirer a été copieusement hué par les manifestants, pas loin de la place Audin,  avant de se faire chasser aux cris de : «Dégage ! Dégage».  Tout un message ! On ne tourne pas le dos impunément  à  son peuple.  

Les actuels dirigeants du pays (Bouteflika, Ouyahia, Gaid Salah, etc) ont été eux aussi pris à partie et raillés. Image caricaturale : un manifestant a mis sur une banderole  les photos de plusieurs responsables (Bouteflika et son frère Said, Gaid Salah, Ahmed Ouyahia, Abdelmalek Sellal, Amar Ghoul,etc) derrière les barreaux tout en l’accompagnant de la phrase : «vous allez partir, le peuple l a décidé».  Chose remarquable : on voit partout des drapeaux algériens. Dans les rangs des manifestants et même sur les balcons. Jamais la cote de l’emblème algérien n’a été aussi élevée qu’en ces moments de grande insurrection citoyenne. Amirouche, Didouche Mourad, Hassiba Ben Bouali, Larbi Benmhidi et Zighout Youcef  (des noms de Moudjahiddine donnés  aux grands boulevards envahis par la marée humaine) doivent certainement trémousser d’aise. Leur sacrifice n’a pas été vain.

Aux alentours de  14 heures, Alger centre est complètement bloquée. Tous les grands boulevards (Hassiba Ben Bouali, Amirouche, Didouche Mourad, etc)  et même les rues adjacentes sont submergés  par une marée humaine bigarrée. On y marche même sur les trottoirs. Et en ce 08 mars, les femmes ont célébré a leur manière leur fête : égayer les rangs des manifestants de leur belle présence mais surtout apporter leur pierre à la nouvelle Algérie qui est en train de naitre. Il y a de tous les âges : des âgées, des jeunes, des moins jeunes et mêmes des fillettes. Pour imprimer une touche d’authenticité a l’événement, certaines femmes et jeunes filles sont habilles du Haïk, le voile  traditionnel des Algéroises. Beaucoup d’entre elles sont venues avec des roses  la main. D’autres avec des pancartes et drapeaux.  Une fille emmitouflée dans un drapeau, brandit une pancarte portant l’inscription : «Le 08 mars, pas de fleurs sans la démocratie». «Non au 5e mandat, non à l'humiliation», lit-on sur une autre pancarte brandie par une autre jeune fille. S’accrochant axuxépaules de son père, une petite fille de 7 a 8 ans, lance : «Le peuple ne veut pas de Said et Bouteflika ou encore : «Libérez l’Algérie».

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