Enseignants, langues: Saaïd Amzazi sur le gril

Dans le cadre d’un entretien avec Médias24, filmé au siège de son ministère, le ministre de l’Education nationale s’est prêté aux nombreuses questions d’actualité que se posent les Marocains sur l’avenir de leurs enfants. Tout en reconnaissant l’ampleur des difficultés rencontrées par le secteur scolaire, Saaid Amzazi promet une refonte totale du système de l’éducation à l’horizon 2030. Eléments de réponse.

Enseignants, langues: Saaïd Amzazi sur le gril

Le 14 mars 2019 à 18h47

Modifié 10 avril 2021 à 20h49

Dans le cadre d’un entretien avec Médias24, filmé au siège de son ministère, le ministre de l’Education nationale s’est prêté aux nombreuses questions d’actualité que se posent les Marocains sur l’avenir de leurs enfants. Tout en reconnaissant l’ampleur des difficultés rencontrées par le secteur scolaire, Saaid Amzazi promet une refonte totale du système de l’éducation à l’horizon 2030. Eléments de réponse.

Médias24 : Depuis un moment, plusieurs problématiques concernant votre département sont discutées au Parlement mais aussi dans la rue. Nous allons donc commencer par le dossier des 55.000 enseignants contractuels qui multiplient les grèves et paralysent une partie du système éducatif...

Said Amzazi : Pour être précis, on les APPELAIT contractuels car désormais ce sont des enseignants à part entière des académies régionales d’éducation et de la formation (AREF).

-Depuis l’adoption, hier, mercredi 13 mars, du nouveau statut du personnel des AREF ?

-Absolument. Le terme contractuel était de toute façon temporaire sachant que ces CDD, créés en 2016, devaient se terminer car leur durée de vie initiale avait été fixée à deux années.

Convaincu de l’importance du recrutement des fonctionnaires régionaux, notre gouvernement a voulu corriger cette situation et donner un statut stable sur le plan professionnel et social à ces enseignants au sein des AREF.

-Pourquoi avoir choisi de rencontrer les syndicats et pas les coordinations ?

-C’est un choix volontariste et délibéré dans la mesure où le ministère a toujours eu comme interlocuteurs des institutions.

On ne peut pas s’amuser à rencontrer toutes les coordinations qui se créent chaque jour.

-Elles sont trop nombreuses ?

-D’une part. Mais elles n’ont surtout aucune légitimité car on ne peut pas créer une coordination pour chaque question alors qu’il existe déjà des syndicats qui sont organisés.

Nous avons donc choisi d’avoir comme interlocuteur des institutions fiables qui sont nos partenaires sociaux et avec qui nous construisons un modèle de développement de nos ressources humaines.

-Où en sont les négociations avec vos partenaires syndicaux ?

-Samedi dernier, il y a eu une réunion où nous avons présenté l’offre du gouvernement à savoir l’amélioration du statut du personnel des AREF.

-Qui a été rejetée par l’ensemble des coordinations …

-Nous y avons intégré tout ce que l’on pouvait offrir en commençant par retirer l’appellation "contractuel" qui a suscité tant de polémiques.

De plus, nous avons fait en sorte que ces enseignants recrutés au niveau régional puissent accéder à la promotion professionnelle et sociale pour briguer des postes de responsabilité et devenir par exemple inspecteur, directeur d’établissement à l’égal des enseignants de l’Education nationale.

Notre offre a été rejetée car la seule revendication actuelle de ces syndicats est l’intégration de ces enseignants dans la fonction publique.

-A ce propos, vont-ils oui ou non devenir fonctionnaires de l’Education nationale ?

-Il n’en est pas question car on n’intègre pas la fonction publique sans passer par un concours précis.

Ils ont passé un concours pour devenir enseignants des académies et favoriser le recrutement régional parce qu’aujourd’hui, l’Etat est complètement engagé dans la déconcentration.

Ce ministère est l'un des premiers à avoir mis en place la politique de régionalisation avancée.

Nous avons des établissements publics régionaux qui sont des académies et qui gèrent toute la mission régalienne de l’Etat en matière d’éducation et de formation.

Aujourd’hui, nous n’allons donc pas revenir sur ce processus, d’autant plus que nous sommes en train de l’améliorer et de le développer.

-Sachant que c’est un dialogue de sourds, peut-on craindre une année blanche ?

-Il n’y a aucun risque que cela arrive.

-Pourquoi ?

-Pour la bonne raison que nous avons déjà démarré des sessions de rattrapage de nos élèves.

Pour cela, nous faisons appel à des vacataires et à nos enseignants titulaires pour assurer des rattrapages car les vrais perdants dans cette histoire sont les élèves.

-Est-il vrai, comme ils le disent, que le mouvement de grève est suivi à 90% ?

-Pas du tout. L’évolution de la semaine dernière montre qu’on est passé d’un taux de 75% à 64%.

-Concrètement, comment remédiez-vous aux mouvements de grève ?

-Pour compenser les pertes d’heures depuis deux semaines, nous prenons des vacataires rémunérés et on demande aux enseignants déjà dans le système de faire des heures supplémentaires rétribuées.

-Est-ce que les grévistes sont rémunérés pendant leur débrayage ?

-Non car systématiquement les AREF font des prélèvements sur leur salaire.

-L’Education nationale compte 287.000 fonctionnaires, comptez-vous dégraisser le Mammouth ?

-Non car le recours à ce nouveau mode de recrutement a été décidé en 1999, quand il y a eu l’élaboration de la charte de l’éducation et de la formation.

La vision stratégique 2015-2030 est venue réconforter la diversification des modes de recrutement.

Pour répondre et pallier la surcharge des classes et réduire leur massification, il y a eu plusieurs vagues de recrutements. 11.000 en 2016, 24.000 en 2017, 20.000 en 2018 et 15.000 en 2019.

Nous sommes donc à un total de 70.000 dont 55.000 en poste dans les classes et 15.000 en formation.

Il faut souligner que jamais les lois de finances qui se sont succédé n’ont pu créer en seulement 3 années, 70.000 postes budgétaires.

-Cette dynamique va donc se poursuivre...

-Tout à fait, car nos prévisions de recrutement pour la décennie à venir sont de 200.000 pour pallier d’une part les besoins croissants et d’autre part les nombreux départs à la retraite, estimés à 146.000.

-Hormis le nombre croissant d’enseignants, où est la qualité sachant que le Conseil supérieur de l’éducation pense que leur recrutement à la va-vite est contre-productif car ils n’ont pas le niveau ?

-Cette remarque a concerné la première promotion des enseignants recrutés en décembre 2016 et opérationnels en janvier.

Pour remédier à la pression dans les classes et réduire sa massification, une 2ème promotion embauchée en mai 2017 n’a eu que juin et juillet pour être formée avant de commencer les cours en septembre.

Après quoi, le ministère a initié un vrai programme de formation initiale entre janvier et juillet dans les centres régionaux de formation aux métiers de l’éducation et de la formation.

J’ai d’ailleurs pu constater par moi-même que leur qualité d’enseignants s’est beaucoup améliorée

-Prévoyez-vous une sortie de crise rapide avec les 55.000 enseignants ex-contractuels ?

-Aujourd’hui, ils n’ont plus de raisons objectives de refuser de travailler sachant qu’ils disposent d’un nouveau statut qui n’a rien à envier à leurs collègues de l’Education nationale.

-Et s’ils refusent toujours ?

-S’ils campent sur leurs positions, c’est leur choix car le gouvernement ne bougera pas, sachant que notre décision politique est commune.

-Le projet de loi-cadre visant à introduire au primaire et au lycée l’enseignement des matières scientifiques et techniques en français et en anglais bloque au niveau des commissions parlementaires. Sachant que c’est un projet royal, comment expliquer l’opposition du PJD et du PI ?

-Honnêtement, je suis également perplexe sur cette question car c’est un document qui a été présenté au Parlement par le Chef du gouvernement.

De plus, c’est une loi-cadre qui est passée en Conseil des ministres devant Sa Majesté et toutes ses dispositions ont été présentées clairement devant le Roi.

Malgré l’adhésion totale de ce gouvernement, nous avons été surpris de l’opposition et de la position équivoque du PJD.

-Qui dirige votre coalition gouvernementale ?

-Exact. A la rigueur, l’Istiqlal est dans son rôle car ce parti se situe dans l’opposition.

Pour ce parti, c’est un dossier sensible compte tenu de la réforme d’arabisation qu’il avait menée dans les années 80.

-Il ne peut donc pas se dédire au niveau idéologique ?

-C’est tout à fait normal qu’il combatte l’adoption de cette loi-cadre mais ce n’est pas le cas du PJD.

-Au regard des considérations idéologiques avancées, y-a-t-il instrumentalisation de ce dossier ?

-Lors des discussions générales et détaillées, tous les partis étaient unanimes pour que cette loi-cadre soit au-dessus des considérations politiques.

La session d’automne s’est clôturée sans pouvoir voter les amendements par manque de consensus sur la formulation de l’article 31 alors que le gouvernement défend clairement et sans équivoque l’enseignement des matières scientifiques et techniques en langues étrangères.

La raison est qu’elle permettra à tous les Marocains, et plus seulement à ceux qui sont dans les écoles privées ou les missions étrangères, d’accéder à un enseignement de qualité de ces disciplines.

-Si le projet de loi-cadre est adopté, quel sera son échéancier d’application ?

-A partir de la rentrée prochaine à savoir 2019-2020 ?

-Quels seront les niveaux concernés ?

-En fait, mes prédécesseurs ont déjà commencé en démarrant une expérience similaire.

Le gouvernement précédent avait mis en place ce processus en créant des classes internationales où les matières scientifiques sont dispensées soit en français soit en anglais.

La première expérience qui a démarré en 2015 s’est développée car la demande des familles était très importante au niveau du lycée.

Aujourd’hui, nous avons commencé à la descendre au collège et à partir de la rentrée prochaine, les trois années du collège seront concernées par ces classes internationales.

L’enseignement des matières scientifiques et techniques sera dispensé soit en français soit en anglais.

-Au choix ?

-Absolument mais il faut reconnaître que la plus grande partie de la demande est pour le français.

Pour le baccalauréat international option anglais, nous n’avons que 300 élèves inscrits contre 25.000 pour les classes internationales en langue française. 

Je tiens à souligner que le taux de réussite du bac international option français dépasse les 96% alors que la moyenne nationale des résultats pour le diplôme classique n’est que de 73%.

C’est donc une filière d’excellence et également une manière de répondre aux demandes des familles.

Tant qu’il n’y a pas de loi, nous n’imposerons absolument rien mais la législation actuelle ne nous interdit pas d’élargir cette offre sachant que l’arabisation s’est faite par une simple circulaire et mes prédécesseurs ont mis en place le dispositif de bac international également avec une circulaire.

-En quelle année, aurons-nous des promotions entièrement enseignées en français et anglais ?

-Il faut douze années entre le démarrage au niveau de la première année du primaire et l’arrivée à la classe de terminale.

-Cela nous renvoie donc à l’horizon 2030 ?

-Exact, la vision stratégique a donc vu juste puisqu’elle a bâti sa vision et sa réforme sur quinze années.

C’est donc à partir de 2030 que nous pourrions récolter les vrais résultats de cette grande réforme que nous sommes en train de bâtir car nous avons ouvert énormément de chantiers.

Il ne faut donc pas focaliser le débat uniquement sur le projet de loi-cadre car les autres chantiers sont aussi importants, comme la génération du préscolaire, la réforme curriculaire, le numérique dans l’apprentissage, la gouvernance …

-Que répondez-vous à ceux qui affirment qu’en Israël, l’éducation se porte bien avec toutes les matières enseignées en hébreu ? C’est un constat qui se défend ...

-Quand on se penche sur le système en Israël, il est vrai que l’hébreu est enseigné partout (primaire au supérieur) mais à partir de la cinquième année du primaire, l’anglais entre en force et on arrive à un système totalement bilingue.

Si ce pays avance et arrive à se développer c’est parce qu’il produit de la technologie et de la recherche.

Israël met 4,5 points de son PIB dans la recherche, soit beaucoup plus que l’ensemble des pays arabes.

Aujourd’hui, il y a presque une start-up créée pour 200 personnes, il y a donc une dynamique d’innovation considérable.

De plus, Israël publie en anglais car tous ses élèves et étudiants parlent parfaitement cette langue qu’ils commencent à apprendre à partir de la dernière année du primaire.

C’est donc une question de niveau qui n’a absolument rien à voir avec notre système d’éducation.

-Concernant le décrochage scolaire, en particulier entre le lycée et la première année d’université, l’enseignement en langues étrangères va permettre, selon vous, de réduire ce gap infernal ?

-Il y a en effet une vraie fracture entre le lycée et le cycle supérieur et en tant qu’ancien doyen de la faculté des sciences, je peux témoigner de l’énorme frustration au niveau des premières années.

D’abord pour les étudiants mais aussi pour les enseignants qui mettent beaucoup d’énergie pour les accompagner et qui échouent le plus souvent.

22% des étudiants quittent les facultés de sciences avant d’avoir passé le premier examen du semestre.

Après, nous avons 43% qui abandonnent l’université et notamment dans les filières scientifiques sans avoir obtenu aucun diplôme.

-Que pouvez-vous faire alors ?

-Il y a une nécessité d’harmoniser le cycle secondaire et supérieur car deux chiffres nous interpellent.

Dans l’ensemble de la population universitaire, à peine 12% sont dans les filières scientifiques.

Comment pourrions-nous bâtir une société de savoir et de technologie au Maroc, si nous n’arrivons pas à drainer suffisamment d’étudiants dans les disciplines scientifiques.

Cette situation s’explique par le fait que la majorité fuit ces formations qui sont dispensées en français alors qu’au lycée, elles étaient en arabe.

Ces étudiants préfèrent s’inscrire en droit en arabe ou dans les facultés des lettres et des sciences humaines.

-L’université est donc toujours une fabrique de chômeurs avec des diplômes non adaptés ?

-Paradoxalement, plus on est diplômé au Maroc, plus on a de chances d’être chômeur car le plus grand taux de chômeur se trouve chez les diplômés.

Une part de responsabilité réside dans l’état de santé de nos entreprises qui préfèrent recruter des profils au niveau pas très avancé car elles sont incapables de les payer à hauteur de leurs diplômes.

En outre, plus l’étudiant approfondit sa spécialité moins il est en adéquation avec les besoins du marché du travail.

Nous avons donc lancé un grand chantier de réformes des formations universitaires notamment dans ce que l’on appelle l’accès ouvert car aujourd’hui, il n’y a aucune vraie orientation.

En règle générale, l’étudiant arrive à l’université, s’y inscrit puis subit les filières existantes.

-Vous voulez donc créer des filières qui marchent au niveau de la demande professionnelle ?

-Nous allons d’abord créer un vrai système d’orientation qui soit précoce pour accompagner les étudiants et les inscrire dans certaines filières sur la base de leurs prérequis.

Pour cela, nous mettons en place une année fondatrice pour pouvoir non seulement remédier aux lacunes linguistiques mais également pour leur apporter du renforcement disciplinaire.

Des profils plus adéquats pour le marché en diversifiant l’offre et en commençant la spécialisation en amont et pas en attendant les dernières années.

Et surtout, impliquer les professionnels à monter avec nous nos filières pour réussir cette adéquation formation-emploi.

-Qu’est-ce qui, selon vous, pêche pour que l’école publique soit devenue un repoussoir sachant que l’éducation nationale a une image carbonisée chez l’ensemble des Marocains qui ne lui font plus confiance et qui se saignent pour envoyer leur enfant dans le privé.

-Le Maroc a fait le choix de la généralisation de l’éducation et de la formation. Dans les années 90, nous étions autour de 50% de l’offre de formation et aujourd’hui à plus de 99% au primaire, 90% au collège et 60% au niveau des lycées.

En d’autres termes, un effort considérable a été consenti et des chantiers importants ont été lancés.

Si nous avons privilégié pendant longtemps le côté quantitatif, aujourd’hui, nous sommes dans le qualitatif et menons de vrais chantiers pour la fondation de la vraie école de demain.

-Hormis des annonces qui se succèdent, les Marocains ne voient rien venir …

-C’est normal, nous sommes en phase de démarrage.

La vision stratégique a commencé en 2015, aujourd’hui, nous avons une feuille de route, une loi-cadre en phase d’adoption pour sécuriser la mise en place de cette réforme.

Il faut donc du temps pour que cela aboutisse

- Dans ce cas projetons-nous en 2030, concrètement qu’est-ce qui va changer, faites-nous rêver...

-Nous ne promettons pas la lune mais étant un pur produit de l’école publique marocaine, je ne cherche qu’à retrouver le système qui m’a fait et qui a produit une bonne partie de l’élite actuelle.

L’objectif est simple, réintroduire le niveau d’enseignement que ma génération a connu avec des vraies valeurs (civisme, citoyenneté …).  

-Avant d’arriver à cet horizon, qu’allez-vous faire sachant que les constats d’échec sont nombreux comme la proportion d’écoliers arrivant au collège sans savoir lire qui est très inquiétante ?

-La généralisation du préscolaire est primordiale car toutes les études montrent qu’en priorisant cette période, on réduit l’abandon scolaire et donne toutes les chances aux futurs collégiens, lycéens ….

En 2027, on l’aura généralisé pour tous les enfants qui ont l’âge de 4 ans avant de descendre à 3 ans.

C’est pendant ce point d’inflexion des 1.000 jours que l’enfant développe les compétences et les capacités cognitives.

C’est donc plus que déterminant pour leur avenir scolaire et universitaire.

-En d’autres termes, ceux qui ne bénéficient pas de cet accompagnement risquent d’échouer ?

-Après, c’est effectivement très difficile de rattraper et de remédier.

Aujourd’hui, nous avons un peu plus de 50% d’enfants dans le préscolaire et tout le reste pas encore.

Nous avons déployé beaucoup d’efforts pour scolariser cette année 100.000 petits, 120.000 l’année prochaine avant d’arriver à la généralisation.

Deuxième chantier que nous venons de démarrer, la réforme curriculaire à savoir celle des programmes et des manuels scolaires en intégrant toutes les nouvelles approches pédagogiques.

-Qu’en est-il de l’apprentissage par cœur qui n’encourage pas vraiment à raisonner ?

-Pour les mathématiques, nous allons privilégier la pédagogie par l’erreur et oublier l’apprentissage par cœur en faveur de la construction de l’apprentissage autour d’un projet.

Ce sont des choses qui se mettent en place et qui sont en train d’être intégrées dans le curriculum et traduit par les manuels.

-Cela demandera combien de temps ?

-Cette année, nous intégrons ces réformes dans la première et deuxième année de primaire.

En 2020, troisième et quatrième année du primaire, 2021, cinquième et sixième et ainsi de suite ….

-Nous sommes encore très loin de la construction des esprits critiques à l’école...

-Cela demandera 10 à 20 ans …

-L’horizon 2030 est donc encore de retour ?

-Forcément...

-Passons à des considérations logistiques, de nombreux bâtiments d’enseignement sont dans un état de délabrement avancé voire épouvantable (pas de toilettes, de chauffage, de tableau ….)

-Je suis étonné par votre jugement car on ne peut pas parler de délabrement avancé …

-Je n’invente rien et en particulier dans la ruralité

-Un effort considérable d’investissement a été consenti pour rénover nos 11.000 établissements, dont 7.700 au niveau primaire, 2.000 collèges et quelques 1.200 lycées.

Chaque année, une enveloppe conséquente est débloquée mais en plus de ces établissements, nous avons 13.000 classes satellites parce que nous avons un rural très dispersé.

Nous développons un modèle d’école communautaire pour regrouper ces classes satellites où nous offrons la cantine, l’internat et les meilleures conditions d’apprentissage.

-Quid de l’encombrement des classes dont certaines atteignent le nombre incroyable de 60 élèves ?

-Notre objectif est de 30 élèves par classe pour la 1ère et 2ème année du primaire, moins de 34 pour le reste du primaire et moins de 36 pour les collèges et lycées.

-Quand sera atteint cet objectif de désengorgement?

-Il existe déjà dans un certain nombre d’établissements.

Aujourd’hui, nous avons moins de 20% de nos classes qui dépassent 40 élèves et chaque année, on recrute des enseignants pour réduire ce taux d’encombrement.

-Les chantiers sont très nombreux et il ne vous reste que deux ans de mandat. Au final, qu’avez-vous apporté de concret à l’Education nationale?

-J’ai priorisé les chantiers fondamentaux qui constituent l’ossature du système éducatif du Maroc : le préscolaire, la réforme pédagogique et enfin la formation des événements.

Sachant que l’élément déterminant pour la réussite de cette réforme est le corps enseignant, nous avons lancé les licences d’éducation.

Toutes les universités nous ont répondu favorablement pour allouer 5 années de formation à des bacheliers sélectionnés et intégrés dans des filières qui demandent trois ans d’études et deux ans de formation.

-Pensez-vous que vos quatre années de mandat ont contribué à améliorer les choses ?

-Oui car nous avons lancé les vrais jalons de la fondation de l’école de demain c’est-à-dire ouverte, moderne et épanouie de réussite des élèves.

-Pourquoi devrait-on vous croire alors que vos prédécesseurs ont promis la même chose ?

-La seule différence avec le passé est que nous avons le soutien de Sa Majesté sur ce grand chantier.

De plus, il y a une loi cadre qui va pérenniser cette volonté et personne ne pourra revenir dessus. Elle prendra peut-être du temps pour être adoptée mais on fait tout pour qu’elle le soit le plus vite possible.

Entre le soutien royal et la loi-cadre, je pense que ces avantages nous permettront d’avancer d’ici 2021.

-En attendant vos changements et l’horizon 2030, peut-on parler d’une génération perdue ?

-Absolument pas car aujourd’hui nous avons beaucoup de success-stories.

Beaucoup d’élèves réussissent avec de superbes moyennes et sont acceptés dans des classes préparatoires à l’étranger.

Ainsi, le premier contingent d’étudiants étrangers à l’école Polytechnique en France est marocain et il faut souligner qu’il vient de l’école publique. A partir de là, tout n’est pas sombre bien au contraire.

De plus, nous avons développé un programme de coding et nous avons atteint 1 million d’élèves qui se spécialisent dans cette voie informatique.

Face à ces succès, il est inutile de donner une mauvaise image de notre école publique. Certes, il y a des choses à améliorer mais la mobilisation de la société autour de cette question est bien présente.

-Hormis les critiques contre votre politique ministérielle, certains vous lancent des attaques ad hominem. On vous qualifie par exemple de francisant voire même de porte-parole du lobby français qui n’a pas sa place à la tête de ce ministère dont les deux langues officielles sont l’arabe et l’amazigh.

-Je ne peux rien contre ce genre de jugement mais ce que je peux dire est que je suis un pur produit de l’école publique marocaine.

-Dans ce cas, pourquoi avez-vous envoyé vos enfants à la mission française ?

-Tout simplement parce que je ne reconnaissais plus ni ne retrouvais l’école qui avait façonné mon parcours mais aussi une bonne partie de notre élite.

J’ai donc choisi le système français dont j’ai beaucoup appris et aujourd’hui, je dis haut et fort que je veux offrir à tous les Marocains l’équivalent éducatif de ce que j’ai offert à mes propres enfants.

-Mettriez-vous vos propres enfants dans un lycée public marocain ?

-(Rires) ça serait très compliqué car ils ont dépassé l’âge du lycée.

Ce que je peux dire est que nous sommes dans un processus de réforme pour améliorer l’enseignement, alors laissons le temps au temps pour avoir une école marocaine à la hauteur.

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