Samir: L'hypothèse d'une cession en lots inquiète les salariés

Semaine animée dans le dossier La Samir. Audience au tribunal de commerce pour examiner l'option de la cession des parts dans les filiales. Réunion des créanciers pour adopter une positon commune.

Samir: L'hypothèse d'une cession en lots inquiète les salariés

Le 1 avril 2019 à 16h16

Modifié 11 avril 2021 à 2h41

Semaine animée dans le dossier La Samir. Audience au tribunal de commerce pour examiner l'option de la cession des parts dans les filiales. Réunion des créanciers pour adopter une positon commune.

Enième épisode dans le dossier La Samir. Alors qu’on se dirigeait vers une cession globale de l’ensemble des actifs, le syndic veut désormais se délester des participations du raffineur dans ses filiales. L’objectif est de les céder dans une procédure à part. Abdelkbir Safadi en a même initié la demande auprès du juge-commissaire chargé de la liquidation.

La requête est examinée au tribunal de commerce de Casablanca. Une audience se tiendra le 2 avril. Un événement qui s’annonce animé. L’initiative du liquidateur ne fait pas l’unanimité et suscite des inquiétudes. Surtout chez les salariés de la Samir. Dans une lettre adressée au syndic judiciaire, les délégués du personnel appellent ce dernier à renoncer à une « cession morcelée » des actifs, alertant sur « la gravité » d’un tel procédé sur la continuité de l’entreprise.

L’argument des salariés tient à « la relation opérationnelle » entre le raffineur et ses filiales. « Il existe une liaison étroite entre l’activité de la Samir, le raffinage, et celles de filiales comme SOMAS (stockage) et Salam Gaz (mise en bouteille de Gaz) », affirme une source proche du dossier. Autrement dit, ces filiales de stockage, gaz et éventuellement réseau de stations services, sont à côté de la raffinerie, le coeur de métier de la Samir.

En raison de ses performances (277 MDH de bénéfices en 2017, 35% de parts de marchés), Salam Gaz est au centre des convoitises, surtout internes. Celles de ses actionnaires sont de notoriété publique. Ces derniers ont déjà effectué des démarches afin de faire constater l'existence, dans les statuts de cette société, de leur droit de préemption sur les actions Samir. En 2018, ils avaient introduit une demande en ce sens. Leur requête avait été jugée irrecevable.

Quant à la Samir, « la vente de ses parts dans ce fleuron constitue une grosse perte. Car le raffineur avait pour acquis la vente, à travers Salam Gaz, de son gaz de pétrole liquéfié ». 

L’inquiétude des salariés est aggravée à l’approche de l’expiration du délai de continuité de l’activité de la Samir, le 21 avril 2019. Pour l’heure, ils sont dans l’expectative. Le syndic demandera-t-il une nouvelle prolongation de ce délai ou pas ?

Les créanciers veulent confier le dossier de la cession à une banque d'affaires

La requête du syndic préoccupe également des créanciers. Regroupés en assemblée, ils se réuniront mercredi 3 avril, à Mohammedia, pour en examiner la teneur et formuler une position commune. Ils demanderont ensuite une réunion avec le juge-commissaire pour lui formuler leurs remarques. Il s’agira aussi de lui soumettre deux réclamations :

  • Le recours à une banque d’affaires pour mener le dossier de la cession, requête défendue et portée par BCP. 
  • Ordonner au syndic d’engager les négociations avec les autorités afin de lever les obstacles à la cession.

« La recommandation de l’assemblée, qui s’est déjà réunie deux fois en novembre 2018, n’a pas de force contraignante », nous déclare un des créanciers principaux de la Samir. Que pense-t-il de l’initiative du syndic ? « En tant que bien unique, la Samir perd jour après jour de sa valeur. Puisque l’option de la vente globale n’a pas réussi, autant céder les biens qui ont encore de la valeur. A commencer par les actions dans les filiales », répond cette source.

Cette position n'est pas commune à tous les créanciers. Quant aux motivations du syndic, elles restent peu claires. Dans sa requête, il ne fait que tirer un constat : « La vente de la Samir en tant qu’ensemble a échoué à cause de l’absence d’offres sérieuses ».  Ce que réfute une source bien informée : « C’est faux. Les offres sont là et sont sérieuses. » Selon cette source, Il existe aujourd’hui un désaccord entre le juge-commissaire et les candidats à propos des « modalités de la cession ». D’où, affirme cette source, le blocage du processus lancé plus de deux ans.

 «Le juge-commissaire demande aux candidats de virer l’argent avant d’enclencher le transfert de propriété. Les candidats, eux, réclament au juge-commissaire une mesure assimilable à un compromis de vente. Ainsi, le magistrat doit d’abord proclamer provisoirement l’acquéreur par une ordonnance "avant dire droit". Les candidats veulent ce jugement comme justificatif pour obtenir l’aval des banques internationales qui se chargeront du virement», détaille notre interlocuteur.

Dans ce deuxième cas, le juge-commissaire pourrait « impartir au candidat proclamé un délai pour procéder au virement, à défaut de quoi l’opération serait annulée ». Or, selon cette source, ni le juge-commissaire ni les candidats ne veulent faire le premier pas.  « Beaucoup d’occasions de céder la Samir ont été ratées à cause de cette situation », regrette la même source.

Cela étant, « la cession au tiers » n’est pas la seule option sur la table. D’autres propositions, moins classiques, ont été soumises au juge-commissaire. On connait celle de Glencore (redémarrer l’outil industriel, l’exploiter et le céder), mais il y a aussi la solution portée par BB Energy et Carbo Nafta (création d’une société de gestion des actifs de la Samir hormis l’outil de production. Création d’une nouvelle entité chargée de redémarrer la raffinerie et versement de redevances annuelles au groupement des créanciers).

« Le point commun entre tous ces candidats, c’est qu’ils attendent des garanties étatiques. Certains ont adressé des questions directes aux autorités. La Samir peut redémarrer dès demain ou fermer dès demain. Tout dépend de l’Etat. »

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