Dialogue social: Les fonctionnaires plomberont davantage le Budget

Si l’accord de dialogue social en cours de finalisation est signé, la masse salariale de l’Etat, qui représente déjà plus de 11% du PIB, s’alourdira contrairement à la volonté du Maroc de réduire son poids à moins de 10,5% du PIB. Le déficit budgétaire s'aggravera également.

Dialogue social: Les fonctionnaires plomberont davantage le Budget

Le 15 avril 2019 à 13h50

Modifié 11 avril 2021 à 2h41

Si l’accord de dialogue social en cours de finalisation est signé, la masse salariale de l’Etat, qui représente déjà plus de 11% du PIB, s’alourdira contrairement à la volonté du Maroc de réduire son poids à moins de 10,5% du PIB. Le déficit budgétaire s'aggravera également.

Le gouvernement propose désormais une augmentation générale des salaires des fonctionnaires dans le cadre du dialogue social, en plus d’autres améliorations prévues pour cette catégorie de travailleurs.
 
Le coût de cette offre financière, déjà acceptée par les syndicats, sera élevé : plus de 8 milliards de DH au bas mot, selon nos estimations.
 
Si l’accord de dialogue social est signé (avant le 1er mai comme espéré par les partenaires sociaux), la masse salariale de l’Etat, déjà élevée, s’alourdira davantage. Le gouvernement semble prêt à tout pour calmer les tensions sociales, quitte à emprunter un chemin contraire à sa vision de réduire le poids des charges salariales.

Plus de 100 milliards de DH par an

Précisons d’abord que l’augmentation de salaire proposée concerne tous les fonctionnaires, y compris ceux des collectivités territoriales qui représentaient en 2008 (dernière donnée disponible auprès de la DGCL) 25% du personnel de l’Etat, soit 150.000 personnes.
 
Le budget général de l’Etat n’est concerné directement que par l’augmentation des salaires des fonctionnaires de l’Administration centrale qui sont au nombre de 570.000 à fin 2018 (hors personnel militaire).
 
En 2018, la masse salariale de ces fonctionnaires s’élevait à 109 milliards de DH. Elle a augmenté de 55% en dix ans. Certes, depuis 2012, elle progresse moins vite grâce au non remplacement de certains départs à la retraite et au recours au recrutement régional (contractualisation). Mais avec les augmentations de salaire proposées, la tendance s’accélérera de nouveau.
 
108 milliards de DH, cela représente 9,7% du PIB. Mais en intégrant les cotisations patronales de retraite et d’assurance maladie, le ratio monte à plus de 11% du PIB. Un niveau élevé comparativement à celui de la région Mena (9,7%) et des pays de l’OCDE (10%).
 
La volonté du gouvernement est de réduire ce ratio à moins de 10,5% du PIB à moyen terme. C’est même un engagement vis-à-vis du FMI.
 
L’atteinte de cet objectif dépendra de l’accélération de la croissance économique (le dénominateur étant le PIB) mais aussi de la maîtrise de la masse salariale. Si la proposition du gouvernement d’augmenter les salaires des fonctionnaires est actée, il sera difficile d’atteindre le ratio cible rapidement, surtout que la croissance économique est toujours atone.
 
Surtout, l’augmentation de la masse salariale de l’Etat aggravera le déficit budgétaire, prévu à 3,7% du PIB dans le cadre de la loi de finances 2019.
 
Cette aggravation sera limitée dans un premier temps, l’augmentation des salaires étant prévue sur plusieurs tranches et son premier déploiement ne concernera que la deuxième moitié de l’année 2019.

Des salaires élevés par rapport au secteur privé et aux moyens du pays

L’amélioration des revenus des fonctionnaires est la bienvenue, à condition qu’elle soit équitable envers les autres catégories de travailleurs et que le Maroc ait les moyens de l’accorder.
 
La masse salariale des fonctionnaires engloutit déjà le tiers du budget général de l’Etat, plus de la moitié du budget de fonctionnement et 46% des impôts que paient les contribuables. Pour quel résultat, quel service public ? Là est une autre question. En tous les cas, cette situation limite l’effort d’investissement budgétaire nécessaire pour combler les déficits sociaux du pays.
 
D’un autre côté, les fonctionnaires sont mieux payés que les salariés du secteur privé.
 
Avec un salaire mensuel net de 7.550 DH en moyenne (en hausse de 32% depuis 2008), les fonctionnaires gagnent 47% de plus que les salariés du privé dont le salaire moyen se limite à 5.120 DH.
 
7.550 DH, c’est presque 3 fois le SMIG que perçoivent 40% des travailleurs dans le privé. C’est aussi 3 fois le PIB par habitant alors qu’en Tunisie, en Turquie et en Jordanie, le salaire moyen des fonctionnaire n’atteint pas 2 fois le PIB par habitant.
 
La rémunération des fonctionnaires est donc au-dessus des moyens du pays et présente un écart important par rapport à celle des salariés du privé.
 
Ce sont finalement ces derniers qui méritent une augmentation des salaires. Le gouvernement ne les a pas oubliés, son offre dans le cadre du dialogue social incluant une augmentation du SMIG de 10% sur deux tranches. Le marché du travail étant libre, le SMIG est le seul paramètre sur lequel l’Etat peut intervenir.
 
Sauf qu’une augmentation de 10% du SMIG représente un surplus de 250 DH par mois, si un salarié percevant le minimum légal travaille l’ensemble des 191 heures constituant la durée maximale de travail autorisée. Les fonctionnaires, déjà mieux payés que leurs confrères du privé, auront, eux, 400 à 500 DH d’augmentation garantie…

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