Trafic d’ecstasy: Les raisons de l’explosion des saisies et de la demande

La police judiciaire de Tanger a interpellé, dimanche 9 juin un individu en possession de 24.221 cachets d’ecstasy. Une source impliquée dans la lutte contre le trafic de stupéfiants affirme que les services concernés font face à une explosion de l’offre de cette drogue qui fait de plus en plus d’émules chez les jeunes et qui pourrait à terme compter plus de consommateurs que ceux du haschich.

(Photo d'archives)

Trafic d’ecstasy: Les raisons de l’explosion des saisies et de la demande

Le 10 juin 2019 à 15h01

Modifié 11 avril 2021 à 2h42

La police judiciaire de Tanger a interpellé, dimanche 9 juin un individu en possession de 24.221 cachets d’ecstasy. Une source impliquée dans la lutte contre le trafic de stupéfiants affirme que les services concernés font face à une explosion de l’offre de cette drogue qui fait de plus en plus d’émules chez les jeunes et qui pourrait à terme compter plus de consommateurs que ceux du haschich.

Contrairement à la cocaïne, dont les trafiquants internationaux utilisent le Maroc surtout comme un point de transit vers l’Europe et accessoirement pour y écouler une petite partie de leur marchandise, l’ecstasy devient populaire et de plus en plus consommée au Maroc. Les récentes saisies de cette drogue le prouvent.

Des saisies qui n’empêchent pas une "démocratisation" de la consommation

L’usage de ce stupéfiant de synthèse s’est démocratisé en devenant abordable pour toutes les bourses.

Pour mesurer sa popularité, il suffit de consulter les derniers chiffres des saisies douanières et policières qui ont littéralement explosé au niveau des frontières ou lors d’arrestations de dealers.

Ainsi, l’interpellation, dimanche 9 juin à Tanger, d’un individu de 32 ans qui stockait 24.221 comprimés d’ecstasy destinés à être revendus au Maroc illustre bien la hausse de l'offre et in fine de la demande.

Malgré l’absence d’étude rendue publique qui dresse le profil des consommateurs marocains, on peut toutefois affirmer que, comme partout ailleurs, l’ecstasy, quasi-inexistant au Maroc jusqu’en 2010, est très prisée par des personnes des deux sexes qui appartiennent à la classe d’âge 15-40 ans.

Apparu dans les soirées de musiques électroniques, l’usage de cette drogue s’est largement répandu voire démocratisé avec une offre commerciale présente dans tous les quartiers populaires du Maroc.

Joint par Médias24, Abdelhak Khiame, directeur du BCIJ, confirme la hausse spectaculaire des saisies d’ecstasy qui prouverait cependant l’efficacité des services de lutte contre le trafic de stupéfiants.

"Les derniers volumes d’ecstasy saisis par les douaniers et les policiers sont effectivement inquiétants mais les chiffres des saisies montrent bien que toutes les autorités prennent au sérieux cette menace", affirme Khiame qui avance, très optimiste, que les coups fatals aux trafiquants d’ecstasy s’expliquent surtout par la collaboration unique des services marocains (DGST-DGSN-Douanes-Gendarmerie …).

Rappelons, en effet, que le 1er juin dernier, la brigade canine de la DGSN avait découvert, grâce à un tuyau de la DGST, au port de Tanger-Med une énorme quantité d’ecstasy dissimulée dans les roues de secours d’un camion de transport international immatriculé au Maroc qui venait du port d’Algésiras.

Sachant que le comprimé se vend à l’unité entre 50 et 100 dirhams, les 568.000 comprimés saisis représentaient donc un chiffre d’affaires, dans la rue, compris entre 28 et 56 millions de dirhams. Un trafic extrêmement lucratif quand on sait que le coût de revient, au gros, d’un comprimé est de 1 dirham.

Des bénéfices exceptionnels à l’origine de l’explosion du trafic

Selon une autre source proche de la brigade des stupéfiants, requérant l’anonymat, le succès de cette drogue au Maroc s’explique par son coût modique mais aussi par la hausse de la pureté de son principe actif (MDMA) aux effets extrêmement énergisants qui intensifient les expériences sensorielles.

«Elle n’est plus réservée à une clientèle fortunée car n’importe qui peut s’acheter cette drogue qui se présente sous forme de comprimé ou de poudre soluble dans une boisson.

«Cette démocratisation s’explique par le fait que les prix de vente se sont littéralement effondrés avec la multiplication de laboratoires clandestins, situés en Hollande qui produisent des quantités énormes.

«En fonction de la quantité achetée chez les grossistes, le prix de revient peut atteindre des niveaux incroyablement bas.

«Ainsi, les 500.000 comprimés saisies début juin au port de Tanger n’ont pas dû coûter plus de 500.000 dirhams soit 10 centimes d’euro l’unité (1,1 dirham). Sachant que le cachet se vendra entre 50 et 100 dirhams, le bénéfice sera donc compris entre 5000 et 10.000% », explique notre expert qui pense que l’ampleur des bénéfices qui dépasse de loin ceux de la cocaïne ou du haschich attirera toujours de nouveaux trafiquants malgré les arrestations et les saisies qui se multiplient dans les ports du nord.

A ce rythme, l’ecstasy pourrait un jour détrôner le haschich

Inquiet de voir que l’offre d’ecstasy a désormais atteint les portes de tous les lycées du Maroc, notre interlocuteur révèle que cette amphétamine qui est classée drogue dure au tableau A des stupéfiants de l’ONU, est devenue en quelques années le 2ème stupéfiant le plus consommé au Maroc.

« Si les décideurs politiques ne mettent pas en place une politique coordonnée au niveau de la répression et de la prévention, le risque est que cette drogue pourrait un jour détrôner le haschich qui quoiqu’on en dise reste une drogue douce », conclut, inquiet, notre source qui ajoute n’avoir jamais vu en vingt ans de lutte contre le trafic de stupéfiant « un tel taux de pénétration dans le marché intérieur ».

Une inquiétude plus que compréhensible quand on sait qu’en 2011, le Maroc avait saisi à peine 200 comprimés d’ecstasy contre un million en 2018 et sûrement beaucoup plus à la fin de l’année en cours.

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