Boycott des examens de médecine: voici les arguments des étudiants de l'UM6SS

Pour la première fois depuis le démarrage de la crise il y a quelques mois, les étudiants de l'UM6SS, issue de la Fondation Cheikh Khalifa, présentent leurs arguments.

Boycott des examens de médecine: voici les arguments des étudiants de l'UM6SS

Le 11 juin 2019 à 8h05

Modifié 11 avril 2021 à 2h42

Pour la première fois depuis le démarrage de la crise il y a quelques mois, les étudiants de l'UM6SS, issue de la Fondation Cheikh Khalifa, présentent leurs arguments.

Avec le boycott des examens de la session de printemps, ce lundi 10 juin 2019, le mouvement des étudiants en médecine a franchi un nouveau palier. Le boycott a été suivi à 100% ou presque dans les différentes facultés de médecine publiques du Maroc, rendant le spectre d’une année blanche encore plus plausible.

Tout au long de cette crise, l’une des parties concernées a gardé le silence. “Nous sommes indirectement mis en cause, voire stigmatisés“, accusent des sources au sein des étudiants de l’UM6SS, l’Université Mohammed VI des sciences de la santé. Nos sources mettent en avant les droits constitutionnels des Marocains qui autorisent tous nos concitoyens à concourir pour la fonction publique, ce que les communiqués des étudiants en médecine grévistes veulent leur interdire.

Les étudiants en médecine des facultés publiques ont obtenu gain de cause sur 14 revendications selon un communiqué conjoint des ministères de la Santé et de l’Education nationale. Il reste deux points non résolus :

-la création d’une sixième année de médecine dentaire et les mesures d’accompagnement.

-l’accès des étudiants des facultés privées de médecine au concours de résidanat.

Les deux ministères de tutelle ont promis que ces deux points feraient l’objet de discussions ultérieures.

Leur victoire pour 14 points sur 16 n’a pas empêché les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie, de maintenir le boycott des examens. Un boycott suivi à 100%, ce qui montre un degré de mobilisation remarquable.

La participation au concours de spécialité en suspens

Le second point de désaccord resté en suspens, cible directement les étudiants de l’université UM6SS. Le mouvement de boycott veut leur interdire de participer aux concours de résidanat (parcours de spécialisation) qui sont extrêmement sélectifs. Les arguments, explicites ou sous-jacents, sont les suivants :

-le nombre de places en résidanat est limité ;

-la priorité doit aller à ceux qui ont réussi le concours d’accès en médecine, pas ceux qui ont simplement les moyens de payer leurs études;

-la privatisation de l’enseignement est une menace en termes d’égalité des chances et un abandon par l’Etat de ses responsabilités;

-les étudiants des facultés privées doivent effectuer leur résidanat dans leurs propres CHU qu’ils doivent eux-mêmes créer conformément à leurs propres engagements d’ailleurs.

Selon nos informations, une note exposant la position et les arguments des étudiants de l’UM6SS a été transmise aux deux ministres de tutelle.

Ces étudiants apportent, entre autres sur le terrain du droit, des contre-arguments.

Le concours de résidanat est un concours d’accès à la fonction publique, ouvert à tous les Marocains éligibles au regard de leur formation. Y prennent part, par exemple, des étudiants marocains en médecine formés en Roumanie, en Tunisie ou au Sénégal. Pourquoi exclure les étudiants de l’UM6SS ?

De même, de nombreux étudiants en médecine, ceux qui protestent justement, sont “en majorité“, selon nos sources, issus de lycées privés. Ils ont pourtant eu le droit de passer le concours d’accès à la médecine dans les facultés publiques.

On ajoute que l’UM6SS n’est pas une université privée mais l’émanation d’une fondation. 20% de ses étudiants bénéficient de bourses de mérite et sont exemptés de frais de scolarité. Et enfin, oui, l’UM6SS aura son propre CHU, il sera situé à Bouskoura et ouvrira au mois d’octobre prochain.

Au final, on met en avant le fait que l’Université Mohammed VI des sciences de la santé est une initiative reconnue d’utilité publique, sans but lucratif, qui offre des formations et des soins de haut niveau à des Marocains, sans recourir aux fonds de l’Etat. Exclure ces étudiants des concours de résidanat serait une “discrimination“ au regard de l’article 31 de la Constitution qui garantit l’égalité d’accès de tous les Marocains à la fonction publique.

1,2 MMDH d’investissements à l’hôpital Cheikh Khalifa

L’UM6SS a été créée par la Fondation Cheikh Khalifa Ibn Zaid, elle-même reconnue par le Dahir n° 1-07-103 du 24 juillet 2007 (publié au bulletin officiel n°5548 du 2 Août 2007).

Conformément à ce dahir, l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé jouit du statut d’université partenaire de l’Etat, délivre des diplômes nationaux reconnus par l’État et bénéficie notamment du système d’encadrement et de formation de l’écosystème hospitalier national.

Liée à l’Etat par une convention de partenariat, ses formations sont accréditées par l’Etat.

Un CHU à Bouskoura

Le projet de la Fondation dans le domaine de la santé est très ambitieux. Le premier investissement a été l’hôpital Cheikh Khalifa à Casablanca qui a nécessité un investissement global de plus de 1,2 milliard de dirhams en 2015. Il a été construit sur une superficie de 39.000 m², dispose de 205 lits, 46 salles de consultation, 85 salles d’exploration et de traitement. De plus, il dispose de 8 salles d’opération et de quatre ambulances équipées.

La Fondation prépare l’ouverture d’un nouvel hôpital à l’occasion de la prochaine année universitaire 2019/2020 : l’hôpital universitaire international Mohammed VI à Bouskoura. Cet hôpital viendra compléter l’infrastructure existante. D’une future capacité de 325 lits, l’équipement de ce nouveau centre hospitalier a été financé à travers une ligne de crédit mobilisée auprès de la coopération allemande.

Ce financement a servi à l’acquisition des équipements médico-techniques, de l’instrumentation chirurgicale et du mobilier médical de ce projet ambitieux dont le coût global est de plus de 500 millions de DH. Ce coût n’intègre pas le coût de la construction et des aménagements de l’hôpital universitaire international.

En France, les établissements ayant conclu un partenariat avec l’Etat perçoivent une subvention publique.

Au Maroc, l’Université Mohammed VI des Sciences de la Santé est liée par un contrat de partenariat avec l’Etat pour contribuer à l’effort de résorption du déficit en médecins. Cependant, ce sont les parents des étudiants qui subventionnent cette faculté, en l’absence d’une contribution de l’Etat.

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