Conférence à Bahreïn: une “porte ouverte” pour les Palestiniens, selon Kushner

La conférence de Manama s'est terminée sans résultats tangibles et dans le boycott ouvert ou implicite de plusieurs pays arabes. Elle constitue un nouveau pas pour enterrer définitivement la cause palestinienne.

Conférence à Bahreïn: une “porte ouverte” pour les Palestiniens, selon Kushner

Le 26 juin 2019 à 16h35

Modifié le 10 avril 2021 à 21h25

La conférence de Manama s'est terminée sans résultats tangibles et dans le boycott ouvert ou implicite de plusieurs pays arabes. Elle constitue un nouveau pas pour enterrer définitivement la cause palestinienne.

Au regard de ses objectifs déclarés, la conférence de Manama est un échec. Mais son objectif caché a été atteint: la banalisation de la normalisation avec Israël sans obtenir aucune contrepartie dans le domaine des droits palestiniens.

Au moment de la conclusion de la conférence, l'envoyé spécial du président Trump Jared Kushner a même accusé les dirigeants palestiniens de négliger leur peuple puisqu'ils ont boycotté la conférence. Il leur a assuré que les portes leur "restent ouvertes".

Le gendre du président Donald Trump a présenté à Bahreïn, pendant deux jours, en présence de responsables économiques internationaux, un plan exclusivement économique visant à revitaliser une économie palestinienne en crise chronique.

Aux yeux de l'Autorité palestinienne qui a boycotté la réunion, Jared Kushner fait miroiter avec ce plan 50 milliards de dollars d'investissements dont plus de la moitié dans les territoires palestiniens afin de permettre à l'administration Trump, ouvertement pro-israélienne, d'imposer une solution politique qui serait défavorable aux Palestiniens et ignorerait leur revendication cruciale d'un Etat indépendant.

Si les dirigeants palestiniens "veulent améliorer les conditions de vie (de leur peuple), nous avons présenté un plan formidable dans lequel ils peuvent s'engager (...) Nous allons rester optimistes. Nous avons toujours laissé la porte ouverte", a déclaré M. Kushner.

Clôturant les débats, dans l'atmosphère feutrée d'un palace de Manama, l'homme d'affaires de 38 ans a précisé que la partie politique du plan de paix américain serait révélée "au moment opportun".

Les équipes travaillant sur la partie économique et celles sur la partie politique de ce plan américain visant à résoudre le conflit israélo-palestinien, sont distinctes, a-t-il précisé.

"L'éléphant dans la pièce"

"Les dirigeants palestiniens n'ont fait qu'accuser Israël et tout le monde d'être responsables des problèmes de leur peuple, alors qu'en fait tous s'accordent à penser que tout cela est faisable si leur gouvernement accepte ces réformes", a-t-il déclaré.

Pour la responsable palestinienne Hanan Ashrawi, ce plan américain, "totalement coupé de la réalité", est "une insulte à notre intelligence".

"La paix économique qui nous a déjà été plusieurs fois proposée, et qui a déjà échoué parce qu'elle ne traite pas les vrais problèmes, nous est présentée une nouvelle fois", a-t-elle déclaré. "L'éléphant dans la pièce à Manama est bien sûr l'occupation israélienne elle-même. Elle n'a pas été mentionnée. Pas une seule fois".

Le président Trump, depuis le début de sa présidence, a pris plusieurs initiatives pro-israéliennes, notamment le transfert de son ambassade à Jérusalem, donc considérée comme la capitale israélienne par les Etats-Unis, ce qui a provoqué la rupture de tout contact formel avec l'Autorité palestinienne.

L'administration américaine a d'ailleurs laissé entendre que le volet politique de son plan pourrait ne pas faire référence à un Etat palestinien, contrairement à la position américaine depuis des décennies.

Le plan américain, baptisé "De la paix à la prospérité" et présenté comme "l'occasion du siècle" par Jared Kushner, prévoit des investissements dans les infrastructures, le tourisme ou l'éducation, avec la création d'un million d'emplois à la clé.

La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) Christine Lagarde a estimé qu'il était possible de relancer l'économie palestinienne et félicité l'envoyé américain pour avoir mis l'accent sur la création d'emplois.

"S'il y a un plan économique et s'il y a urgence, il faut s'assurer que l'élan soit maintenu", a-t-elle déclaré.

  Ambassade d'Oman

Le ministre d'Etat saoudien Mohammed al-Shaikh, l'une des principales figures économiques du royaume, a indiqué son espoir de voir le secteur privé participer au succès du plan Kushner.

Obaid ben Humaid al-Tayer, secrétaire d'Etat aux affaires financières des Emirats arabes unis, a pour sa part estimé que les institutions internationales devraient appuyer ce plan. "Il faut lui donner sa chance, il faut le discuter et tenter de le promouvoir", a-t-il dit.

Israël, qui n'a pas dépêché de représentant officiel, a approuvé la tenue de cette conférence. Et, fait sans précédent, des chercheurs et des journalistes israéliens, invités par la Maison Blanche, y côtoyaient, dans les grandes salles, des officiels des pays du Golfe.

Cet optimisme n'est toutefois pas partagé par toutes les nations arabes. La Jordanie et l'Egypte, les deux seuls pays arabes ayant signé un accord de paix avec Israël, n'ont envoyé à Manama que des fonctionnaires, et Amman a estimé que cette conférence ne pouvait se substituer à un accord de paix politique en bonne et due forme. Idem pour le Maroc, représenté par un fonctionnaire du ministère des Finances.

Le sultanat d'Oman, qui a boudé la conférence, a choisi le même jour pour annoncer son intention d'ouvrir une "ambassade" dans les territoires palestiniens.

Mais le Premier ministre israélien s'est récemment rendu à Oman, laissant présager que cette annonce pourrait être une façon de compenser, envers les Palestiniens, une prochaine éventuelle reconnaissance d'Israël.

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