PAM: deux secrétaires généraux pour un fauteuil de leader ?

Les élections de 2021 approchent à grands pas et les deux clans qui se disputent le PAM continuent à gaspiller leur énergie dans la lutte pour le contrôle du parti. Un congrès pourrait avoir lieu fin septembre et un autre, concurrent, d'ici janvier. La guerre de positions et les manoeuvres en coulisses sont épuisantes. Le PAM va-t-il y survivre?

PAM: deux secrétaires généraux pour un fauteuil de leader ?

Le 3 septembre 2019 à 16h55

Modifié 10 avril 2021 à 21h43

Les élections de 2021 approchent à grands pas et les deux clans qui se disputent le PAM continuent à gaspiller leur énergie dans la lutte pour le contrôle du parti. Un congrès pourrait avoir lieu fin septembre et un autre, concurrent, d'ici janvier. La guerre de positions et les manoeuvres en coulisses sont épuisantes. Le PAM va-t-il y survivre?

Divisé entre deux blocs, le PAM doit renouveler ses instances dirigeantes dans le cadre d’un congrès national avant fin janvier 2020.

Ce sont en fait deux congrès qui seront organisés, l'un par Samir Godar et l'autre par Ahmed Touhami, présidents de deux commission préparatoires rivales, qui se disputent la légitimité. Sollicités par Médias24, chacun se dit prêt à aller jusqu’en cour de cassation pour adouber son action mais promet de s'effacer et de reconnaître la légitimité du clan adverse si la décision judiciaire lui est défavorable.

Depuis plusieurs mois, le premier parti d'opposition du Maroc est confronté à une crise interne qui s’éternise et risque bien de se retrouver pour au moins quelques mois avec deux secrétaires généraux revendiquant chacun la direction.

En effet, si personne ne s’est encore clairement déclaré candidat au leadership du parti, il n’en demeure pas moins que l’organisation de deux congrès pour l’élire se confirme.

Ainsi, malgré son exclusion du parti et la plainte du SG Hakim Benchamach visant à invalider son élection de président de la commission préparatoire du congrès national, Samir Godar s'estime légitime et maintient toujours les dates des 27, 28 et 29 septembre pour préparer le renouvèlement des instances dirigeantes du PAM.

Les dissidents déterminés à aller jusqu’au bout de la bataille judiciaire

Selon lui, la dernière réunion de la commission préparatoire qui s’est tenue vendredi 30 août à Tanger a permis d’avancer et de préparer les documents nécessaires à l’organisation du congrès.

"C’est notre avant-dernière rencontre avant le congrès mais d’ici là, chaque région devra élire ses 3500 congressistes (2.500 à 3.000 plus ceux de droit comme les députés et autres élus locaux …) qui désigneront leurs dirigeants pour la première fois à travers un vote électronique.

"Malgré le boycott de Hakim Benchamach, nous sommes très optimistes sur la tenue du congrès qui accueillera des invités de marque au niveau national et international", se félicite l’opposant au SG qui se dit confiant sur sa légitimité judiciaire.

"La plainte du secrétaire général visant à déclarer illégale mon élection à la tête de la commission préparatoire sera examinée par la justice à partir du 11 septembre prochain. Ce n’est qu’une première audition qui sera suivie de nombreuses autres avant le verdict final de 1ère instance", explique Godar qui se dit persuadé que Benchamach sera débouté.

Devant notre insistance à évoquer sa réaction à la perspective d’un verdict défavorable, le président Godar affirme qu’il ira jusqu’au bout de la procédure judiciaire en précisant toutefois qu'il acceptera le verdict même en cas de défaite.

"Nous avons le soutien de près de 70% des élus du PAM"

Un optimisme partagé par l’ancien député et ex-président de la commission parlementaire des Affaires étrangères, Mehdi Bensaid, qui affirme disposer du soutien de la majorité des élus du PAM.

"Du nord au sud, nous avons la bénédiction de plusieurs fondateurs et élus importants du parti comme Fatim Zahra Mansouri (présidente du Conseil national), la famille Dabadda de Laâyoune, Abdellatif Ouahbi (député d’Agadir), Ahmed Akhchichine (président de la région de Marrakech), Brahim Moujahid (président de Beni Mellal), Ahmed Bioui (président de l’oriental), Salaheddine Aboulghali (député de Casablanca), sans compter les milliers d’élus communaux et locaux qui nous soutiennent.

"Sur les 102 députés, environ 40% sont engagés à 100% avec nous, une minorité de 10% soutient Hakim Benchamach et une dernière frange qui ne veut pas encore s'afficher avec un des deux clans mais la situation va évoluer et nous pensons être majoritaires avec au moins 70% de l’ensemble des élus du PAM qui appuient notre démarche", avance Bensaid qui appelle de ses voeux une candidature de Fatim Zahra Mansouri à la tête de son parti même si cette dernière n’a affiché aucune intention de se présenter.

Le financement du congrès sera assuré par les élus et les sympathisants

Interrogé sur le financement du congrès, l’ancien député se veut très optimiste même si son courant ne pourra pas disposer de l’argent du parti pour régler les frais inhérents à l’organisation.

"Le congrès coûtera entre 6 et 7 millions de dirhams. Sachant que Si Hakim a bloqué les fonds du parti, nous avons donc lancé une souscription auprès de nos élus et sympathisants. Chaque région participera à hauteur de 500.000 à 600.000 DH ce qui fait une contribution d’environ 70.000 DH par ville. Le processus de collecte a d'ailleurs démarré vendredi dernier après l’avant-dernière réunion de la CP du congrès.

"Pour l’instant, personne ne s’est encore déclaré candidat mais dix jours avant le congrès, nous choisirons des listes communes pour les mandats de secrétaire général de membres du bureau politique, fédéral … Afin d’être unis, il n'y aura pas plus de deux ou trois listes de candidats", conclut Bensaid.

"Nos adversaires sont dans l’illégalité totale"

Joint à son tour, l’autre président de la commission préparatoire, Ahmed Touhami, soutenu par Hakim Benchamach juge sévèrement l’empressement de l'autre bloc à organiser un congrès.

"Nous travaillons sereinement pour que le 4ème congrès national se passe dans les meilleures conditions. Pour cela, il se tiendra à l’expiration du mandat des instances dirigeantes à savoir courant janvier 2020 mais au final c’est le secrétaire général et le Conseil national qui fixeront la date.

"Selon moi, nos anciens camarades vont droit dans le mur car non seulement ils travaillent dans la hâte mais de plus, ils sont dans l’illégalité totale car la fixation de la date du congrès appartient aux seuls conseil national et secrétaire général.

"Godar ayant été exclu du parti par une commission disciplinaire, il n’a donc aucune légitimité pour organiser ce congrès car il ne fait plus partie du PAM", accuse Touhami qui partage cependant le même optimisme que ses anciens camarades sur une décision judiciaire favorable.

"En cas de défaite très improbable, nous reconnaîtrons le congrès de nos adversaires"

Refusant d’envisager une défaite qui légitimerait l’existence du courant adverse, Touhami affirme que ce scénario n’est "absolument pas plausible" en 1ère instance, appel et cassation.

Là-encore, ce n’est qu’après une lourde insistance que notre interlocuteur consent à révéler qu’en cas "hautement improbable" de défaite judiciaire, son courant "se rendra à l’évidence et se pliera à la décision finale de la justice", c'est à dire qu'il reconnaîtra les dirigeants élus par le clan averse.

D’ici-là, sans avancée rapide de la justice, Touhami tient à ajouter qu’il saisira très rapidement le juge des référés pour interdire la tenue du congrès des dissidents de la direction actuelle du PAM.

Au final, si le juge des référés ne l’interdit pas l'organisation du congrès prévu le 27, 28 et 29 septembre, il est de plus en plus probable que le PAM aura deux secrétaires généraux en janvier prochain avant que la justice ne les départage au terme d’un long processus judiciaire (1ère instance, appel et cassation) qui devrait durer bien plus de quatre mois.

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