Faillite de Thomas Cook : au moins 200 MDH de pertes pour les Marocains

Au lendemain de l’annonce de la faillite de Thomas Cook, les professionnels marocains du tourisme ne parlent que de l'affaire de ce Tour Opérateur européen. Sollicités par Médias24, les présidents de deux grands groupes touristiques avancent que cette faillite aura des répercussions financières négatives sur le court et moyen-terme. Selon eux, certains hôteliers devront faire face à des créances impayées d’environ 200 MDH et voir leur chiffre d’affaires baisser s’ils ne trouvent pas un autre partenaire.

Faillite de Thomas Cook : au moins 200 MDH de pertes pour les Marocains

Le 23 septembre 2019 à 18h22

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

Au lendemain de l’annonce de la faillite de Thomas Cook, les professionnels marocains du tourisme ne parlent que de l'affaire de ce Tour Opérateur européen. Sollicités par Médias24, les présidents de deux grands groupes touristiques avancent que cette faillite aura des répercussions financières négatives sur le court et moyen-terme. Selon eux, certains hôteliers devront faire face à des créances impayées d’environ 200 MDH et voir leur chiffre d’affaires baisser s’ils ne trouvent pas un autre partenaire.

Dans le secteur touristique, tous les opérateurs ne parlent que de la faillite du grand voyagiste anglais et de ses conséquences sur le tourisme marocain. La situation est d'ailleurs jugée tellement grave qu'une cellule de crise a été créée au ministère du tourisme pour gérer son impact et aussi préparer le rapatriement des milliers de clients de Thomas Cook toujours présents au Maroc. 

Toute la profession ne parle que de Thomas Cook

Sollicité par Médias24, le président d’un grand groupe hôtelier, détenteur de plusieurs actifs à Marrakech et Agadir parle de mauvaise nouvelle pour le tourisme et in fine l’économie marocaine.

"Personne ne peut se réjouir de la faillite d’un opérateur de cette importance parce qu’elle questionne et touche tout le secteur qu'il soit marocain ou mondial.

"C’est d’autant plus grave qu’à l’occasion du World Travel Market à Londres en 2017, l’ancien DG de l’ONMT avait signé un accord prévoyant l’accueil de 400.000 clients par an de Thomas Cook à l’horizon 2020", se désole notre interlocuteur qui requiert l’anonymat.

Conséquences financières à court et moyen-terme

Selon lui, la faillite du plus grand voyagiste d’Angleterre aura deux conséquences directes sur les hôteliers marocains qui seront les principales victimes.

"En premier lieu, ils devront gérer les factures impayées de séjour qui ne seront pas payées par TC.

"Ces créances vont peser immédiatement sur les comptes de l’année en cours. Les pertes exceptionnelles dues aux créances compromises, essuyées par les opérateurs hôteliers en majorité, atteindront aisément une fourchette comprise entre 15 et 20 millions d’euros (170 à 220 MDH).

"Ensuite, il y aura un manque à gagner important qui se traduira par une baisse du chiffre d’affaires pour les semaines, mois et même années à venir. Cette baisse pourrait s'élever à 20%. En effet, même avec toute la bonne volonté du monde, on ne remplace pas un client de cette envergure du jour au lendemain".

Effet domino ravageur

"De plus, la perte de ce client va entraîner un effet mécanique sur toute la chaîne de valeur à savoir les professionnels de l’hébergement, des transports, de la restauration...

"Pour ceux qui sont liés à TC, la chaîne va se gripper mais ils devront continuer à payer leurs charges fixes (salaires, CNSS …). Sachant que les opérateurs liés d’une manière ou d’une autre à TC seront touchés à des degrés différents, une partie de la profession va donc trinquer et souffrir financièrement.

"Au final, cette histoire va toucher tout le secteur et in fine l’économie du Maroc", conclut pessimiste notre source qui espère, sans être convaincue, que les hôteliers lésés auront pris la peine de se faire assurer pour faire face à ce genre d’événements exceptionnels.

Sollicité à son tour, Othman Cherif Alami qui préside le groupe Atlas Voyages, 1er T.O. du Maroc, confirme dans un premier temps que toute la profession ne parle que de cette faillite même s’il tient à préciser que certains, dont lui, se doutaient bien d’une pareille issue.

200 millions de DH de pertes pour le secteur hôtelier

"C’est un monument historique qui vient de s’écrouler. Les pertes de ses partenaires vont être gigantesques à l’international (1,9 milliard de livres sterling de dettes) et significatives au Maroc.

"Sachant que notre pays recevait 100.000 à 150.000 clients de ce voyagiste, le montant de la perte sera au moins de l'ordre de 200 millions de dirhams.

"Idem pour le volume des nuitées perdues qui devrait atteindre 700.000 à 1 million de car les clients de TC séjournaient en moyenne 7 nuits au Maroc".

Interrogé sur la répartition de l’ardoise laissée par le voyagiste anglais au Maroc, le président affirme qu’elle sera considérable pour les hôteliers qui n’ont pas été payés les mois de juin, juillet et d'août.

"80% des 200 MDH d’impayés concernent les hôteliers et pour le reste, ce sont les prestataires de services, les restaurateurs, transporteurs, excursions…"

Possible remboursement des créanciers

"Il faut cependant préciser qu’une partie de cette dette sera remboursée car la filiale TC Paris, d’où vient au moins la moitié des clients, a affirmé ne pas être concernée par la faillite de la maison-mère.

"Cela veut dire que les hôteliers marocains seront peut-être remboursés à hauteur de 50% voire 75%", espère Alami qui pense que malgré ce coup dur, le secteur dépendant de TC finira par s’en remettre.

D’autres voyagistes prendront la relève

"Ceci dit, la clientèle de ce voyagiste n’est pas définitivement perdue car elle finira par revenir par le biais d’autres T.O. comme TUI ou d’autres de taille plus modeste.

"En fait, cette faillite ouvre le secteur à un changement de business-model plus prudent et moins dépensier. En effet, malgré ses 100 avions, plusieurs centaines de clubs-vacances, plusieurs millions de clients, TC s’est lancé dans des investissements inconsidérés et n’a pas su gérer les crises mondiales du tourisme (terrorisme…) et la force croissante des low-cost", conclut le président.

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