Les recommandations de la DEPF pour diversifier l’économie marocaine

La Direction des études et prévisions financières (DEPF) s’est livrée à un exercice analytique ayant pour but de déceler les facteurs qui empêchent l’économie marocaine d’atteindre son rythme de convergence.

Les recommandations de la DEPF pour diversifier l’économie marocaine

Le 24 septembre 2019 à 11h58

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

La Direction des études et prévisions financières (DEPF) s’est livrée à un exercice analytique ayant pour but de déceler les facteurs qui empêchent l’économie marocaine d’atteindre son rythme de convergence.

Cet exercice se base sur la notion de la complexité économique dont l’indice « est une mesure holiste se basant sur le panier d’exportations de chaque pays », expliquent les économistes de la DEPF dans cette étude intitulée "Complexité économique et développement : Stratégies pour la diversification structurelle de l’économie marocaine". 

L’intérêt de cet indice apparait lorsqu’il est mis en relation avec le niveau de développement tel que mesuré par le PIB par habitant. Plus le niveau de complexité économique d’un pays est élevé, plus il aura tendance à avoir un niveau de revenu élevé.

Selon le rapport de la DEPF, le Maroc a connu une légère progression de son classement au titre de l’indice de complexité économique, passant de la 69ème (sur 107) à la 65ème place entre 1990 et 2016.

D’autres pays comme la Chine ont réussi des ascensions plus spectaculaires. La Chine a progressé, entre 1990 et 2016, de la 40ème place à la 17ème et la Corée du Sud a atteint la 3ème place en 2016 alors qu’elle était à la 19ème place en 1990.

D’autres pays, qui figuraient en bas du classement en 1990, ont enregistré des percées spectaculaires. Le Vietnam et l’Ouganda, en particulier, ont progressé respectivement de la 93ème et de la 101ème à la 47ème place et la 61ème. 

Faible diversification de nos exportations 

Selon cette étude, « l’examen comparé de l’évolution historique de la complexité économique du Maroc montre que ce dernier affiche une amélioration graduelle de ses capacités productives. Néanmoins, le rythme d’acquisition de ces capacités s’avère encore insuffisant pour le mettre sur une trajectoire de convergence économique accélérée ».

En témoigne la structure des parts d’emploi par secteur d’activité. Celle-ci « montre une relative stagnation de la structure productive de l’économie marocaine », commentent les économistes de la DEPF, chiffres à l’appui. 

La part de l’emploi agricole dans l’emploi total a baissé de 4 points de pourcentage entre 1991 et 2018 pour atteindre 37%. Pour un pays comme la Chine, engagée dans un processus de convergence accélérée, la part de l’emploi agricole s’est repliée de près de 40 points de pourcentage, passant de 55% à 16% de la population active occupée.

De même, l’économie vietnamienne, dont la transformation structurelle est plus récente, employait les trois quarts de sa population active occupée dans le secteur agricole en 1991. En 2018, cette part a atteint 40% suite à une évolution rapide de l’emploi dans les secteurs de l’industrie (9% à 25%) et des services (16% à 35%). 

Le rapport ajoute que même le structure des exportations marocaines, qui est également un des paramètres analysés, quoiqu’en amélioration affiche une évolution dans l’ensemble mitigée.

« La part des produits manufacturés de technologie moyenne a fortement progressé, passant de 9% en 2000 à 36% en 2016. Cette évolution est consécutive principalement à l’augmentation de la part des véhicules automobiles qui représentent près de 10% des exportations en 2016, alors que cette part était quasi nulle en 2000. Il en est de même pour ce qui est des câbles électriques dont la part a augmenté de 2% en 2000 à plus de 10% en 2016 », est-expliqué.

« Une telle évolution s’est opérée, toutefois, aux dépens des produits manufacturés de faible technologie. En effet, les nouveaux positionnements acquis par le Maroc ne se sont pas accompagnés d’une plus grande diversification des exportations marocaines. En 2016, le Maroc disposait d’un avantage comparatif révélé pour 122 produits sur une nomenclature qui en compte 7.863 contre 117 produits en 2000. Le gain de nouveaux positionnements (38 produits) s’est accompagné d’une perte de positionnement dans d’autres segments (33 produits) », ajoute la DEPF.

La diversification des exportations marocaine s’est opérée à un rythme relativement lent. Pour preuve, une partie non négligeable de l’espace-produit (matrice reproduisant des familles de produits regroupés par la proximité des méthodes de fabrication et d’exportation, ndlr) demeure jusqu’à présent inexploitée.

 Les recommandations de la DEFP

L’étude ne s’arrête pas aux constats. Elle propose une stratégie de diversification du Maroc. Le choix des produits dans lesquels le Maroc devrait se diversifier, en acquérant les capacités productives qui y sont liées, doivent répondre aux trois critères suivants :

- Complexe : La complexité du produit est supérieure à la complexité moyenne des produits actuellement exportés.

- Réalisable : La distance entre le panier actuel et le nouveau produit est inférieure à la distance médiane.

- Prometteur : Le gain d’indice de perspective de complexité est supérieur à 0. Le produit doit être bien connecté, permettant, ainsi, de nouvelles possibilités de diversification.

L’exploration de l’espace produit à l’aide de ces critères, tout en utilisant les données du commerce de 2016 selon le système harmonisé version 2002 à 6 chiffres, a permis d’identifier 1.370 produits (sur 4.575 produits) sur lesquels le Maroc gagnerait à se positionner.

« Ces produits sont pour la plupart concentrés dans la manufacture, le textile ainsi que la partie la moins complexe de l’industrie », avance-t-on à la DEPF.

La DEPF a identifié deux listes de produits sur lesquels le Maroc doit se positionner.

La première liste présente 20 premiers produits classés de manière à ce qu’ils soient proches, mais relativement moins complexes.

 La seconde liste, pour sa part, présente les 20 premiers produits qui sont plus complexes, mieux connectés, mais moins proches.

« Les produits, ainsi identifiés, ne sont pas tous réalisables, certains pourraient dépendre de ressources naturelles non disponibles au Maroc, d’autres peuvent ne pas avoir de débouchés auprès des partenaires commerciaux du Maroc ... », conclut l’étude.

Sur la base des résultats du diagnostic énumérés dans les sections précédentes et en s’appuyant sur les enseignements déduits de l’expérience de certains pays performants, quelques propositions ont été identifiées dans la perspective d’impulser la complexité économique du Maroc et d’en faire un levier d’accélération du processus de croissance et de développement du pays :

- Mobiliser à brève échéance les gisements d’opportunité offerts au niveau de plusieurs secteurs de l’économie nationale,

- Favoriser le passage à un nouveau palier d’industrialisation du pays,

- Relayer en permanence l’action des pouvoirs publics par des mesures d’accompagnement à caractère transversal.

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