La FIMME: “Les mesures de sauvegarde signent l'arrêt de mort du secteur”

La FIMME réaffirme son rejet des mesures de sauvegarde provisoires instaurées sur les importations de l'acier laminé à chaud et sur les tubes et estiment qu'elles signent l'arrêt de mort de tout le secteur de la métallurgie. 

La FIMME: “Les mesures de sauvegarde signent l'arrêt de mort du secteur”

Le 30 septembre 2019 à 17h54

Modifié 11 avril 2021 à 2h43

La FIMME réaffirme son rejet des mesures de sauvegarde provisoires instaurées sur les importations de l'acier laminé à chaud et sur les tubes et estiment qu'elles signent l'arrêt de mort de tout le secteur de la métallurgie. 

Le 27 septembre dernier, le ministère de l’industrie et du commerce a publié deux avis annonçant l’instauration de mesures de sauvegarde provisoires sur les importations de l’acier laminé à chaud et celles des tubes.

Un droit additionnel ad valorem de 25% est appliqué sur les importations des tôles laminées à chaud enroulées ou non enroulées. Le même taux est appliqué aux importations de tubes et tuyaux soudés, en fer ou en acier, de forme conique ou pyramidale, avec section circulaire, carrée ou rectangulaire. 

Cette décision était très attendue par Maghreb Steel car elle lui permettra de se protéger en attendant les résultats définitifs de l'enquête menée par le ministère, surtout que les mesures antidumping en vigueur depuis 2014 ont expiré le 25 septembre dernier.

Si Maghreb Steel se réjouit de la mise en place de ces mesures, ce n’est pas le cas des autres membres de la fédération des Industries Métallurgiques, Mécaniques et Electromécaniques (FIMME). 

Une source au sein de la fédération déclare à Médias24 que "ces mesures signent un arrêt de mort de tout le secteur".

"La FIMME n'a jamais changé de position"

Notre interlocuteur a également rejeté les propos selon lesquels un accord a été trouvé entre la fédération et Maghreb Steel au sujet des mesures de sauvegarde comme l’a affirmé le directeur général du sidérurgiste le 24 septembre dernier lors d’une conférence de presse.

"La FIMME a clairement affiché son opposition à la sauvegarde entre mai et début juillet. Depuis, il y a eu plusieurs réunions (fin juillet jusqu’à début août) au cours desquelles la FIMME a exprimé son accord pour des mesures de sauvegarde sur la tôle laminée à chaud et sur les tubes", assurait Hatim Senhaji, directeur général de Maghreb Steel.

En réponse, la FIMME déclare que "la position de la FIMME n’a jamais changé. Et toutes les réunions avec Maghreb Steel et le ministère étaient dans l’esprit de trouver des équilibres et des solutions parallèles pour protéger tout le secteur. Mais foncièrement, la FIMME est contre le protectionnisme sur les intrants".

"Maghreb Steel applique des prix bien plus élevés que ceux pratiqués à l'international et avec ces mesures les prix monteront en flèche. Un coup fatal pour le secteur", ajoute notre source à la FIMME.

En effet, la question des prix pratiqués par le sidérurgiste national est au cœur de cette problématique. Lors de sa conférence de presse, Maghreb Steel a tenté de rassurer sur ce point en insistant sur le fait que ses "prix, à la tonne, sont compétitifs".

"Nous établissons notre pricing pour nous aligner sur les prix internationaux tous les mois quand les marchés sont stables et parfois chaque semaine si les cours sont fluctuants. Nous ne pouvons que nous aligner sur le marché international", avançait le DG de l’opérateur marocain. 

La hausse des prix sera "d'au moins 15% sur le produit final"

Malgré cela, les professionnels de la métallurgie campent sur leur position et assurent que les mesures de protection auront pour impact de renchérir les prix sur le marché.

"L'impact sur le produit final sera au moins de 15%", nous explique pour sa part Chafiq Essakalli, PDG de Chantiers et Ateliers du Maroc (CAM), entreprise qui opère dans le segment de la construction et la réparation navales, la mécanique générale et la chaudronnerie industrielle.

"30% à 40% de la production de Maghreb Steel est vendue aux tubistes, qui représentent les clients locaux les plus réguliers et les plus prévisibles. Cette protection dont bénéficient ces deux segments (Maghreb Steel et les tubistes, ndlr) va handicaper tous ceux dont la matière première est le tube. Les produits impactés par cette double protection sont les produits chaudronnés (citernes), la future filière de vélos, le mobilier de bureaux, l'électroménager, les charpentes des ouvrages d'art, les ponts, les grosses charpentes, les profilés non standards, les bateaux...", énumère le PDG de Chantiers et Ateliers du Maroc. A noter que le rond à béton, matière première utilisée dans la construction, n’est pas concernée.

Des produits marocains consommés par le grand public peuvent également être rattrapés par la hausse. 

Notre source à la FIMME cite entre autres "l’Électroménager fabriqué au Maroc, les fours, les barbecues, les gardes corps des balcons, les portes des maisons, les bouteilles de gaz à l’achat, les serres des fermes, les tubes d’eau et d’arrosage… Tout ce qui comporte de l’acier. Et toutes les industries qui vont payer plus cher l’acier ou les machines vont devoir le répercuter sur le consommateur", conclut-elle.

Payer les erreurs d'un seul opérateur

Ce qui fait dire à ce porte-parole de la FIMME que "les Marocains vont payer toutes ces augmentations et par procuration le contribuable marocain et les industriels paient la dette de Maghreb Steel". 

Ceci renvoie encore une fois à la question existentielle, celle de savoir si ces mesures, qui restent limitées dans le temps même en épuisant tous les recours au niveau de l’OMC, permettront-elles réellement à Maghreb Steel de surmonter la crise qu’elle traverse.

A entendre Maghreb Steel, la réponse est oui mais à condition que pendant cette période de protection, d’autres leviers soient actionnés notamment l’augmentation de la taille du marché à une consommation d’un million de tonnes par an.

Du côté des professionnels, la réponse est plus mitigée. "Produire de l'acier au Maroc n'est pas rentable. La Turquie citée en exemple, dispose de fer, de la ferraille et du charbon. Au Maroc, nous n'avons ni l'énergie, ni le fer, ni la ferraille", commente Chafiq Essakalli.

Celui-ci s’interroge : "Il existe une surcapacité dans le monde, pourquoi ne pas en profiter? Et Comment peut-on prendre en otage tout un secteur et lui faire payer les erreurs d'un entrepreneur ?".

Le débat reste donc entier. D’un côté Maghreb Steel qui continue de croire que son plan de sortie de crise ne peut se concrétiser que si le secteur est protégé de l’importation massive. De l’autre, les professionnels de la métallurgie qui estiment que cette protection est une "atteinte" à leur compétitivité et signe "leur arrêt de mort".

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