PISA 2018: échec de l'éducation nationale, séisme ou choc salutaire?

On connaissait tous plus ou moins, l'état désastreux de l'enseignement public. Beaucoup d'entre nous préféraient regarder ailleurs, surtout si l'on a les moyens d'inscrire ses enfants dans le privé.

PISA 2018: échec de l'éducation nationale, séisme ou choc salutaire?

Le 3 décembre 2019 à 21h00

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

On connaissait tous plus ou moins, l'état désastreux de l'enseignement public. Beaucoup d'entre nous préféraient regarder ailleurs, surtout si l'on a les moyens d'inscrire ses enfants dans le privé.

Regarder les chiffres en face n'est pas un exercice facile. Face à cela, il y a généralement deux attitudes: celle qui consiste à reconnaître les faits et celle qui se réfugie dans la justification et le déni. 

C'est cette dernière attitude qu'a choisie le ministère de l'Education nationale.

Le ministre Amzazi est entouré de plusieurs cadres de grande valeur dont le dévouement est connu et reconnu. Ils ne sont pas en cause. C'est lui seul qui assume l'attitude inadéquate qui a été celle du ministère ce mardi 3 décembre 2019.

Le Maroc est classé dans les cinq pires performances scolaires sur 79 pays du classement PISA 2018 établi par l'OCDE. Il l'est pour les trois critères: la compréhension de l'écrit, les mathématiques et les sciences.

En compréhension de l'écrit, base de tout apprentissage, "les élèves peu performants ont des difficultés pour extraire l'idée principale d'un texte". Au Maroc, 73,3% des élèves testés par l'OCDE sont dans ce cas. Ces élèves avaient 15 ans au moment des tests. C'est le 4e pays le moins performant dans ce domaine. Seuls les Philippines, la république dominicaine et le Kosovo font pire.

Le communiqué du ministère de l'Education nationale (en bas de page), est en partie informatif et en partie lesté de justifications. La vérité est contournée, occultée. Le classement du Maroc n'est pas cité. Par contre, il est indiqué à chaque fois que notre pays devance le Kosovo, les Philippines ou la république dominicaine.

De plus, il est indiqué que le Maroc est faiblement inégalitaire en matière d'éducation. Or, c'est une caractéristique de tous les pays dont les systèmes éducatifs sont médiocres.

>>Lire aussi: PISA 2018: L’éducation nationale au Maroc, égalitaire dans la médiocrité

Un brillant intellectuel marocain nous disait peu avant la publication de cet article, que le déni du ministre aggrave les choses. Car le ministre ne peut être tenu pour responsable des faibles performances des élèves de 15 ans, lui qui n'a été nommé qu'il y a deux ans. Au lieu de rebondir sur ce classement désastreux pour créer une mobilisation et légitimer des financements supplémentaires; au lieu d'affronter l'opinion dans un exercice de vérité; il fait le dos rond en publiant un communiqué et en organisant une rencontre avec la presse animée par une personnalité de l'OCDE.

Une erreur de communication politique ?

La première étape de la mobilisation aurait du être de reconnaître les faits. En second lieu, poursuit notre interlocuteur, de se fixer comme comparaison et comme objectif à venir, la Turquie, ou la moyenne de l'OCDE, plutôt que le Kosovo. Dire les choses comme elles sont: il faut réformer, prioritairement, de toute urgence, toutes affaires cessantes, l'Education nationale. Amzazi s'est fortement impliqué pour faire adopter le projet de loi-cadre sur l'Education. On dit qu'il est travailleur et volontaire. Mais un ministre a une obligation de résultat. Et pour cela, il faut affronter les situations et regarder l'avenir.

Il faut des classes, de l'infrastructure, et pas seulement des programmes. Il faut des enseignants bien formés, plus nombreux. Il faut dire aux argentiers: je ne peux rien faire si j'ai une surpopulation dans les classes, regardez les effectifs dans l'OCDE ou dans les pays performants. Nous sommes à 35 élèves par classe, il faut descendre à 20 ou 25 au plus vite. Une sorte de Marche verte à organiser.

Quant aux enseignants, il y a beaucoup à dire sur leur recrutement, leur formation et également sur cette erreur incompréhensible qui a consisté, pour des raisons de calcul budgétaire, à en recruter en CDD. C'est dire l'idée qu'on se faisait de l'enseignement, une sorte de mal nécessaire budgétivore.

Un séisme? oui. Il est encore possible d'en faire un choc salutaire. Pas forcément avec ce ministre. Pas obligatoirement avec ce gouvernement. Pas forcément avec cette loi de Finances. Les Marocains ne demandent qu'à s'impliquer dans une démarche positive collective pour sauver l'enseignement, l'avenir de leurs enfants et de leur pays. Le gouvernement n'a pas saisi les enjeux du moment. Sur la santé et l'éducation, la situation impose des ruptures dans les approches.

Les résultats marocains

La comparaison avec la moyenne de l'OCDE

La comparaison avec la Turquie

Le communiqué du ministère de l'Education nationale

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