Où vont les marges engrangées par les banques, selon Mohamed El Kettani

Selon le patron de la plus grande banque marocaine, la marge d’intermédiation du secteur bancaire est plus faible que la moyenne des pays émergents. Sur 70 milliards de DH de revenus qu’engrange le secteur annuellement, les actionnaires n’empochent que 4,7 milliards.

Où vont les marges engrangées par les banques, selon Mohamed El Kettani

Le 29 janvier 2020 à 15h34

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Selon le patron de la plus grande banque marocaine, la marge d’intermédiation du secteur bancaire est plus faible que la moyenne des pays émergents. Sur 70 milliards de DH de revenus qu’engrange le secteur annuellement, les actionnaires n’empochent que 4,7 milliards.

Lors de la présentation au parlement, ce mercredi 29 janvier, du programme intégré d'appui et de financement des entreprises, les intervenants ont été interpellés par les parlementaires sur les marges et la rentabilité des banques comme étant un frein à l'accès au financement.

Mohamed El Kettani, PDG de la plus grande banque du Maroc et vice-président du GPBM, a donné les explications suivantes.

L'intervention de Mohamed El Kettani à partir de 3h06 minutes

Une marge d'intermédiation de 2,4%, selon El Kettani

Pour El Kettani, le secteur bancaire veille à transmettre la politique monétaire de la banque centrale et à surveiller les pratiques au niveau international.

Selon lui, la marge d’intermédiation des banques marocaine est de 2,4% (Bank Ak-Maghrib donne un chiffre plus élevé dans son dernier rapport sur la supervision bancaire), inférieure de 1 point par rapport à la moyenne des pays émergents (3,4%) et plus proche de la moyenne des pays développés (2,3%).

Il ajoute que la rentabilité des fonds propres des banques cotées est de 8,7% (9,5% pour tout le secteur, selon BAM), un niveau inférieur à plusieurs secteurs qui affichent des taux de ROE à deux chiffres.

En détails, il précise que les 70 milliards de DH de revenus que réalisent les banques annuellement sont répartis comme suit :

- 23 MMDH vont aux salaires de 60.000 employés du secteur.

- 11,9 MMDH vont aux frais de fonctionnement qui profitent à des prestataires employant 100.000 personnes.

- 7,8 MMDH vont à couverture des impayés bancaires.

- 5 MMDH vont à l’Etat sous forme d’impôt sur les sociétés.

- 6,3 MMDH constituent des bénéfices non distribués aux actionnaires afin de renforcer les capitaux propres.

- 4,7 MMDH sont distribués aux actionnaires, ce qui représente 3,7% des fonds propres qui s’élèvent à 127 MMDH.

Pour le patron d’Attijariwafa bank, ces bénéfices distribués profitent pour plus de la moitié (54%) à 5 millions de Marocains présents directement ou indirectement (à travers les OPCVM, les compagnies d’assurance et les caisses de retraite) dans le capital des banques marocaines.

Un taux de récupération des créances de 22% après 2 ans d'impayés

El Kettani a par ailleurs insisté sur la problématique des impayés bancaires qui s’élèvent à 70 milliards de DH et qui représentent autant de financements en moins pour l’économie.

Elles génèrent également de grosses pertes pour les banques. Selon lui, plus les années passent sans remboursement, plus les pertes augmentent. Et la durée moyenne des créances en souffrance des banques est de 8 ans.

Après un an seulement sans remboursement, les banques perdent définitivement 67% de leur créance. Ce taux monte à 78% après deux ans et à 98% après 10 ans.

Il a ainsi appelé à trouver des solutions, notamment législatives, pour accélérer la récupération des créances en souffrance.

Notons que certains secteurs d’activité affichent des taux d’impayés très élevés. Selon Bank Al-Maghrib, le textile, le tourisme et les matériaux de construction dépassent les 20% contre une moyenne de 10% pour toutes les entreprises.

BAM précise que les banques étudient sous sa supervision des solutions visant à réduire les créances en souffrance, dont la titrisation.

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