Coronavirus - Tourisme : Les opérateurs marocains s'attendent au pire...

Les opérateurs ont enregistré une forte chute des arrivées depuis la Chine. Mais avec la propagation du coronavirus en Europe, premier marché émetteur pour le Maroc, les prochains mois risquent d’être particulièrement difficiles. Le point.

Coronavirus - Tourisme : Les opérateurs marocains s'attendent au pire...

Le 2 mars 2020 à 18h20

Modifié 11 avril 2021 à 2h44

Les opérateurs ont enregistré une forte chute des arrivées depuis la Chine. Mais avec la propagation du coronavirus en Europe, premier marché émetteur pour le Maroc, les prochains mois risquent d’être particulièrement difficiles. Le point.

Dans le monde, le tourisme est le premier secteur touché par la crise du coronavirus. L’épidémie amputera les revenus du tourisme mondial d’au moins 22 milliards de dollars, d’après une étude menée par le Conseil mondial des voyages et du tourisme (WTTC) et Oxford Economics. Ce calcul est basé sur l’expérience des crises précédentes, comme celles du SRAS ou du H1N1.

Le montant de 22 milliards correspond au scénario le plus optimiste envisagé par l’étude, soit une baisse de 7% des voyages effectués à l’étranger par des Chinois. L’impact pourrait grimper à 49 milliards de dollars si la crise durait aussi longtemps que celle du SRAS de 2003, et à 73 milliards de dollars si elle se prolongeait davantage.

Le Maroc sera indirectement touché

Les dégâts sont donc énormes, et le Maroc, qui vient d'enregistrer son premier cas de coronavirus, ne sera pas épargné. Les effets seront plus indirects, psychologiques…

« L’impact sera psychologique. Certains pays européens recommandent à leurs ressortissants de limiter les voyages. On suit donc la situation au jour le jour… Une réunion des hôteliers de Marrakech est justement en cours à l’heure où je vous parle, pour discuter de cela », nous explique Fouzi Zemrani, vice-président de la Confédération nationale du tourisme (CNT).

« Le Maroc sera indirectement touché. C’est inévitable. On n’a pas enregistré d’impact notable en février, à l'exception de la Chine, mais cette angoisse qui se diffuse dans le monde, notamment en Europe, va en toute évidence impacter les arrivées, surtout en mars et avril », déclare un autre professionnel du secteur.

Même son de cloche chez Othman Cherif Alami, patron d’Atlas Voyages : « L’activité a été normale en février. Il y a eu quelques annulations de groupes des Etats-Unis, d’Europe et d’Asie, mais rien d’exceptionnel. Toutefois, avec les évolutions que prennent les choses aujourd’hui, les prochains mois risquent d’être difficiles ».

A combien peuvent se mesurer les dégâts ? Personne ne veut se risquer dans des spéculations. Car cela dépend de plusieurs paramètres : l’évolution de la maladie dans les principaux marchés émetteurs, en Europe notamment, la réaction des gouvernements qui peuvent décréter des limitations de voyage comme celles émises en Chine ou en Italie, la situation au Maroc… « Il est très tôt pour avancer des chiffres. La seule certitude, c’est que la saison sera difficile », nous dit ainsi le patron d’Atlas Voyage.

Chine : une perte de 30% à 50% au niveau des arrivées

Jusque-là, le plus gros effet a été constaté sur les arrivées depuis la Chine, un marché sur lequel compte beaucoup le Maroc pour relever le niveau des arrivées et des recettes de voyage. « Le marché chinois est bloqué depuis fin janvier et on va probablement perdre entre 40.000 et 50.000 arrivées pour le moment. Il faut espérer que la situation redevienne normale au départ de ce pays à partir de fin mai sinon l'impact sera plus important", explique un professionnel du secteur.

Le patron d’Atlas Voyage, Othman Chérif Alami anticipe, lui, une baisse de 30 à 50% (entre 45.000 et 75.000 arrivées en moins).

Cette forte chute inquiète, puisque le secteur comptait beaucoup sur la forte croissance du marché chinois. Mais elle ne pèse pas beaucoup dans la balance, la Chine représentant très peu sur l’ensemble des arrivées (150.000 sur 13 millions de touristes en 2019).

La source d’inquiétude provient surtout d’Europe, premier marché émetteur pour le Maroc. Avec l’apparition de plusieurs cas en Italie, en Espagne et en France, le choc risque d’être terrible.

« Le marché italien est quasiment bloqué. Mais pour la France, on ne ressent pas encore un effet direct. On nous remonte quelques annulations, mais il n’y pas pour l’instant un effet de chaîne », explique Fouzi Zemrani, le VP de la CNT.

Inquiétudes sur le marché français

Othman Cherif Alami est, lui, plus sceptique, notamment sur le marché français, premier émetteur de touristes pour le Maroc. « Il y a eu la crise des gilets jaunes, les difficultés économiques, les mouvements de grève contre la réforme des retraites… Avec le coronavirus, ce sera la totale », lance-t-il. « J’ai eu des contacts avec des tour-opérateurs français qui prévoient une chute des réservations de 50 à 70%. Le Maroc n’est pas ciblé directement, mais ce phénomène concerne tout le monde, toutes les destinations », nous explique-t-il.

Une donnée que nous confirment plusieurs professionnels français qui s’attendent à une année noire, au niveau de la distribution de voyages. Surtout, depuis que le gouvernement a décidé, ce week-end, de relever le niveau d’alerte.

Depuis samedi, l’épidémie du coronavirus a atteint le stade 2. Plusieurs événements seront ainsi annulés, les groupements de masse évités, les mesures de précaution renforcées... La France n’est pas allée jusqu’à recommander à ses citoyens de ne pas voyager, mais a toutefois décrété la suspension jusqu’à nouvel ordre des voyages scolaires, aussi bien à l'intérieur du pays qu’à l’étranger. Signe de la montée de l'inquiétude...

La panique est, depuis, à son comble, comme on le ressent chez le syndicat des tour-opérateurs français, le SETO. « La décision a été prise samedi. Il y aura bien sûr un impact sur les voyages. Mais nous ne pouvons pas pour l’instant en mesurer les effets. Il faut attendre de voir comment les gens vont réagir dans les prochains jours… », nous dit une source au sein du SETO.

Un voyagiste français évoque pour sa part une certaine panique, une psychose, et ce, depuis février, où de nombreux clients ont décidé d’annuler leurs voyages, ou de les reporter. « Il n’y a pas spécialement de psychose par rapport au Maroc ou des villes comme Marrakech qui sont particulièrement prisées en cette période. Les annulations touchent toutes les destinations. Ce n'est pas un problème de destination, ce que nous vivons, c’est un arrêt de la consommation de voyages du fait de la panique, la peur… », nous explique-t-il.

En février justement, les réservations des Français ont baissé de 4% selon Entreprises du Voyage, entité qui représente l'ensemble des métiers du voyage en France (tour-opérateurs, distributeurs, organisateurs de voyages de groupe…). Des réservations qui portaient sur le printemps et l’été 2020 et qui concernaient toutes les destinations, hors Asie. Le Maroc en fait donc partie.

A rappeler que les effets de cette crise sanitaire sur l’industrie marocaine du tourisme ne viendront pas que de la baisse inévitable des arrivées, mais aussi de la chute des départs depuis le Maroc. Notamment pour la Omra, une des principales sources de revenus des voyagistes marocains...

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