Coronavirus : Des millions de personnes dans la précarité attendent un soutien

L’indemnité de 2.000 DH pour les salariés déclarés à la CNSS en arrêt d’activité est en cours de mise en place. Le comité de veille planche encore sur le cas des non déclarés et les travailleurs informels. Une mission difficile à accomplir. En attendant, des millions de pauvres et de travailleurs à l'arrêt vivent une situation compliquée. Comment les aider ? Comment les identifier ? Qui aider et selon quels critères ?

Coronavirus : Des millions de personnes dans la précarité attendent un soutien

Le 25 mars 2020 à 13h22

Modifié 11 avril 2021 à 2h45

L’indemnité de 2.000 DH pour les salariés déclarés à la CNSS en arrêt d’activité est en cours de mise en place. Le comité de veille planche encore sur le cas des non déclarés et les travailleurs informels. Une mission difficile à accomplir. En attendant, des millions de pauvres et de travailleurs à l'arrêt vivent une situation compliquée. Comment les aider ? Comment les identifier ? Qui aider et selon quels critères ?

Le comité de veille économique s’est réuni lundi 23 mars, mais aucune décision n’a été annoncée. Il devait fixer les mesures de soutien pour les salariés non déclarés à la CNSS et les travailleurs de l’informel, impactés par la crise du Coronavirus et les mesures prises par les autorités pour y faire face.

La semaine dernière, une mesure de soutien aux salariés déclarés à la CNSS en arrêt d’activité a été décidée. Ses modalités viennent d’être fixées et elle est actuellement en cours de mise en oeuvre. Cette mesure sera financée par le Fonds dédié à la gestion des effets du Coronavirus, créé par le Souverain.

Il reste donc l’épineuse question du soutien aux travailleurs non déclarés et informels qui doit être tranchée dans les prochains jours tant les enjeux sont importants.

Une population difficile à identifier et à approcher

Avec l’arrêt de l’activité dans plusieurs secteurs, des millions de personnes qui vivent au jour le jour se sont retrouvées privées de revenus pour nourrir leurs familles. Artisans, vendeurs ambulants, serveurs, maçons, porteurs de marchandises…, faute de soutien financier, ces travailleurs qui vivaient déjà dans la précarité pourraient constituer une source de tensions sociales en cette période difficile.

Mais la tâche des pouvoirs publics n’est pas facile :

- Comment identifier ces personnes qui ne sont recensées nulle part ?

- Quelles conditions remplir pour bénéficier du soutien et comment s’assurer de l’éligibilité ?

- A combien doit s’élever le montant de l’aide financière ?

- Comment faire parvenir cette aide aux bénéficiaires ?

Pour rappel, le registre national de la population et le registre social unique ne sont toujours pas opérationnels, ce qui rend compliquée l’identification des bénéficiaires potentiels.

La cible est en grande partie non bancarisée, ce qui complique l’acheminement de l’aide. Le paiement mobile évoqué par certains médias n’est même pas pleinement opérationnel. Et confier cette tâche aux autorités locales n’est pas forcément une solution efficace.

Les personnes concernées sont très nombreuses. Sur la base des données du HCP, Médias24 donne un aperçu sur cette population.

Ce que dit le HCP sur les travailleurs informels

Selon les données de la dernière enquête sur le secteur informel (2013-2014), le Maroc compte près de 2,4 millions de travailleurs informels, dont près de la moitié opèrent dans le commerce, secteur très touché par la crise actuelle (en dehors du commerce alimentaire).

Le reste est réparti sur les services (570.000), l’industrie (476.000) et le BTP (209.000).

Près des 3/4 des travailleurs de l’informel se situent dans le milieu urbain. Les régions de Casablanca-Settat (19%), Rabat-Salé-Kénitra (16,5%) et Marrakech-Safi (13%) concentrent près de la moitié de l’emploi informel. Mais les régions où l’emploi informel représente une grosse part de l’emploi total (non agricole) sont Dakhla-Oued Eddahab, Beni Mellal-Khénifra, Guelmim-Oued Noun et l’Oriental.

Près de 80% des travailleurs informels sont des auto-employés et 16% des salariés. 18% sont des commerçants hors magasin (ferrachat), 13% des commerçants en magasin, 7,5% des transporteurs (triporteurs…), et 7,3% travaillent dans le textile et cuir.

Attention, ces 2,4 millions de personnes sont uniquement celles qui travaillent dans ce que le HCP appelle des « unités de production informelles ». C’est-à-dire des structures comptant majoritairement une personne et qui opèrent exclusivement dans l’informel.

Des millions de personnes non déclarées dans les unités formelles

Autrement dit, cette population ne comprend pas tous les travailleurs dans le secteur formel mais qui ne sont pas déclarés. Et ces personnes sont aussi nombreuses que les premières : serveurs dans les cafés et restaurants, employés des bains maures, des salons de coiffure, des commerces avec patente…

Selon le HCP, 55% des salariés ne disposent d’aucun contrat de travail à fin 2019. Sur une population de 5,5 millions de salariés, on peut donc considérer que 3 millions ne sont pas déclarés.

Cela dit, dans les conditions actuelles, il n’y a pas que les travailleurs informels et non déclarés dont l’activité est à l’arrêt qui souffrent. Toutes les personnes en situation de pauvreté (veuves, handicapés, personnes inactives…) et qui parvenaient à se débrouiller en temps normal (mendicité, aide de bienfaiteurs et d’associations…) sont aujourd’hui dans l’impasse, et nécessitent elles aussi une attention des pouvoirs publics.

Et les personnes en situation de pauvreté ?

Si l’on prend uniquement la pauvreté monétaire, les dernières données du HCP qui remontent à 2014 montrent que 4,8% des Marocains vivent en dessous du seuil de pauvreté. Autrement dit, leurs dépenses de consommation sont inférieures à 4.667 DH par an en milieu urbain et à 4.312 DH par an en milieu rural (consommation de biens alimentaires procurant l’apport nutritionnel minimum et de biens non alimentaires de base).

Ce sont donc 1,6 million de personnes qui étaient en situation de pauvreté monétaire en 2014, un chiffre toutefois à revoir à la baisse, aujourd’hui que la pauvreté au Maroc diminue continuellement depuis des années.

En attendant que les pouvoirs publics trouvent une solution, seul l’esprit de solidarité, dont peuvent faire preuve les ménages et les employeurs qui ont les moyens, peut atténuer les effets de cette crise sur les personnes en situation de précarité : un employeur en arrêt d’activité peut continuer autant que possible à verser les salaires, un chef de famille peut continuer à payer le personnel de maison mis à l’arrêt, un cadre bien rémunéré peut prendre en charge financièrement un ménage ou deux…

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