Comment passez-vous vos journées en confinement ? 7 personnalités témoignent

Depuis l’entrée en vigueur du confinement de la population marocaine, tout le monde essaye de s’occuper à sa manière. Sollicitées par Médias24, plusieurs personnalités affirment continuer à travailler normalement tout en consacrant leur nouveau temps libre à leur famille ou à leur passion.

Comment passez-vous vos journées en confinement ? 7 personnalités témoignent

Le 27 mars 2020 à 9h47

Modifié 10 avril 2021 à 22h24

Depuis l’entrée en vigueur du confinement de la population marocaine, tout le monde essaye de s’occuper à sa manière. Sollicitées par Médias24, plusieurs personnalités affirment continuer à travailler normalement tout en consacrant leur nouveau temps libre à leur famille ou à leur passion.

Politicien un jour, politicien toujours, comme le député FGD, Omar Balafrej, qui, malgré l’enfermement, s’occupe de ses enfants tout en tâchant de mobiliser des aides aux plus démunis.

Omar Balafrej: "Aucune sortie sauf pour donner son sang"

Confiné chez lui, il salue l’initiative du ministère de l’Education nationale d’avoir initié une plateforme d’enseignement à distance qu’il utilise d’ailleurs pour faire réviser la langue arabe à son jeune fils.

"Je sors à l’extérieur le minimum possible sauf pour urgence. Ce matin, j’ai donné mon sang et j’encourage vivement les gens à le faire car le Maroc est arrivé à un niveau de stock critique.

"Jusqu’à la semaine dernière, je me rendais aux commissions des finances, mais comme elles ont été annulées cette semaine, le gros de mon travail consiste à trouver des solutions socio-économiques à des travailleurs de ma circonscription Océan-Yacoub El Mansour-Hay Riyad-Agdal.

Concentré sur les problèmes des travailleurs qui ont perdu leurs jobs

"Je m’intéresse beaucoup au sort des garçons de cafés et aux employés de boutiques qui ont fermé, pour voir s’ils ont été payés. Il faut absolument parler de ce problème car de nombreux patrons n’ont toujours pas réglé les salaires de leur personnel qui a été mis au chômage technique.

"Dans des quartiers riches comme l’Agdal et Hay Riyad, les pas-de-porte des cafés coûtent entre 5 et 10 millions de dirhams, mais malgré cela, la majorité de leurs employés n’ont toujours pas été payés.

"Non seulement, ils ne sont pas déclarés à la CNSS, mais en plus, leurs patrons qui engrangeaient de gros bénéfices encore au début du mois n’ont fait preuve d’aucune citoyenneté ou de solidarité. C’est pourquoi je passe une bonne partie de mon temps à les convaincre de faire un geste.

Des courriers au gouvernement

"Je prépare aussi des questions au gouvernement et notamment au ministre des Finances pour qu’il mobilise des inspecteurs du travail contre cette pratique de non-paiement des salaires.

"C’est une bombe à retardement car il y a des milliers d’employés qui sont dans le même cas de figure.

"Il est nécessaire que chaque patron fasse un effort, sans se saigner, car quand on a un fonds de commerce de plusieurs millions, on peut débloquer quelques milliers de dirhams.

"J’ai d’ailleurs contacté les caïds des différents périmètres de ma circonscription pour savoir s’ils avaient pris en compte cette situation mais leur priorité actuelle est plutôt la santé.

" C’est une bonne chose mais il faut aussi penser aux dimensions sociales et économiques occasionnées par cette crise. J’en ai parlé la semaine dernière à la commission des finances en appelant l’Etat à jouer son rôle, mais aussi à donner l’exemple en payant tous ses fournisseurs.

L’Etat doit injecter des liquidités dans l’économie

"Il doit non seulement injecter des liquidités dans l’économie mais aussi demander aux banques de donner des crédits de fonctionnement à toutes les entreprises dans le besoin, avec une facilité de caisse sans intérêt.

"Le ministre des Finances doit donner un signal à tous les pans de l’économie pour que chacun paye ses salariés et ses fournisseurs. Il y a des secteurs qui disposent d’une incroyable trésorerie comme la grande distribution qui fait des recettes énormes depuis une quinzaine de jours.

"S’il convient de saluer les décisions sanitaires prises par l’Etat, il doit aujourd’hui se concentrer sur les questions socio-économiques car sans réponses rapides, il y a un risque qui n’est pas à exclure", conclut Balafrej.

Abdellatif Ouahbi: "Je reste le plus souvent chez moi, je passe mon temps au téléphone"

Tout comme son collègue du Parlement, le nouveau secrétaire général du PAM, Abdellatif Ouahbi nous déclare minimiser les sorties et rester le plus souvent enfermé à son domicile.

"Depuis le début du confinement, je me suis rendu 2 fois au Parlement pour participer à certaines commissions et je vais aussi une fois par semaine à mon cabinet d’avocat suivre les affaires en cours.

"A la maison, je lis un maximum de livres tout en suivant les affaires de mon parti, en discutant au téléphone avec les dirigeants et les militants du PAM. Mes conversations occupent 4 à 5 heures par jour", résume le député qui dit suivre l’évolution de la crise aussi bien dans le monde qu’au Maroc.

Driss Benhima se remet au saxophone

S’il nous déclare ne pas être sorti de chez lui depuis une semaine, Driss Benhima se dit tout aussi actif qu’avant le début du confinement.

"Je n’ai pas quitté mon domicile depuis mercredi dernier, soit deux jours avant l’entrée en vigueur formelle du confinement. Depuis, je n’ai pas du tout mis les pieds dehors, mais cela ne m’empêche pas de travailler autant qu’avant, soit via mon ordinateur soit par téléphone.

"En dehors de mes obligations professionnelles, je mets à profit mon temps libre pour me remettre au saxophone.

"C’est une passion qui m’anime depuis une quinzaine d’années même si dans ma jeunesse j’ai suivi 6 années de solfège au conservatoire de musique de Rabat", conclut l’ancien président de la RAM pour qui cette crise aura au moins l’avantage d’allier travail et passion.

Mehdi Qotbi: Cuisine, peinture et sport improvisé

De son côté, le président de la Fondation nationale des musées du Maroc, Mehdi Qotbi, profite de son temps d’enfermement pour cuisiner, peindre et improviser des séances de sport.

"Si malheureusement, l’essentiel de mon travail de peinture est dans mon atelier, j’ai quelques toiles que je finalise à domicile mais je me consacre surtout à la lecture et au sport. Mon petit frère m’a suggéré de monter et descendre les escaliers de mon immeuble pour me dégourdir les jambes.

"C’est d’autant plus facile que je ne croise personne car l’immeuble est complètement désert. Si j’attends toujours de recevoir des masques, je porte systématiquement des gants et respecte scrupuleusement une distance de plusieurs mètres dans le cas où je devrais croiser quelqu’un.

"Cela fait 10 jours que je ne suis pas sorti, mais comme j’ai la chance d’avoir beaucoup d’amis, on me dépose des courses devant ma porte sans compter celles que j’avais faites la veille du confinement.

"Au niveau professionnel, je travaille plusieurs heures par jour grâce au téléphone et je passe aussi beaucoup de temps à prendre des nouvelles de mes amis pour sauvegarder un lien social et humain.

Des échos positifs sur la gestion marocaine de la crise

"Il faut préciser que je reçois beaucoup d’échos positifs de l’étranger sur la gestion de cette crise par Sa Majesté qui a décidé avant plusieurs pays développés de protéger la population en la confinant. Que ce soit d’Europe, des USA ou de Cuba, tout le monde salue la réactivité marocaine.

"Le coronavirus est une maladie de notre époque, à savoir une maladie dont on parle mais qu’on ne voit jamais, à l’image des amis virtuels sur les réseaux sociaux qu’on ne connait pas personnellement.

"J’espère que nos responsables vont profiter de cette crise pour accélérer l’éducation de nos concitoyens et faire en sorte qu’on ne voit plus ces inconscients dans la rue", conclut Qotbi.

Lino Bacco: Des courses à l’épicerie et surtout pas au supermarché

A l’image de nos précédents interlocuteurs, le journaliste sportif Lino Bacco affirme éviter de sortir depuis la décision de confinement où tout le monde s’est rué pour faire des courses.

"J’évite les grandes surfaces et je vais m’approvisionner chez mon épicier de quartier qui a tout ce qu’il faut. Ça coûte un peu plus cher mais au moins il n’y a pas de cohue avec plein de chariots.

Lève-tôt pour préparer son émission radiophonique

"Je me lève toujours aussi tôt qu’avant pour pouvoir assurer mon émission radiophonique à 7H30. A Radio Mars, nous avons fait le choix de garder pas plus de 3 personnes en même temps au studio, un animateur, un technicien et une personne à la rédaction pour le fil de la rédaction.

"Je fais donc mon émission pendant une heure et demie, de chez moi par téléphone, grâce à une application qui permet une qualité exceptionnelle de transmission de son.

Des tâches ménagères et de bons plats italiens

"Sachant que ma femme et ma fille sont restées bloquées en France, je suis seul à la maison mais ça ne me gêne pas outre-mesure car j’ai fort à faire, comme les tâches ménagères par exemple.

"Ce matin, par exemple, j’ai fait ma toute première lessive depuis le début du confinement après que ma femme m’a expliqué le fonctionnement de la machine à laver. De plus, j’aime bien cuisiner.

"Si les premiers jours, j’ai un peu exagéré avec les pâtes, j’ai décidé de faire un régime plus sain à base de légumes bouillis puis passés à la vapeur.

L’occasion de finir sa biographie

"Après quoi, j’écris beaucoup avec deux manuscrits en cours, dont l’un est consacré à mon parcours de journaliste au Maroc, depuis mon emploi au journal « Le petit Marocain » de la famille Mas.

"Mon temps libre me permet donc d’écrire mais aussi de lire ou relire un maximum de livres.

"Si en journée, je n’allume pas la télévision, à partir de 19 heures, je regarde un jeu télévisé italien puis fais un round-up des chaines télévisées d’informations avant de me coucher à minuit maximum", résume-t-il en se disant persuadé qu’il y aura un après-coronavirus et que la société mondiale va changer en mieux avec plus de solidarité et moins de matérialisme.

Nabil Ayouch: "Une crise qui dépasse la fiction cinématographique"

Pour le réalisateur Nabil Ayouch, aucun scénariste de la planète, même à Hollywood, n’aura été en mesure d’imaginer une telle crise sanitaire où la réalité dépasse largement la fiction.

"La seule consolation du confinement qui nous est imposé est qu’il permet de rattraper beaucoup de temps perdu.

L’occasion de regarder des films

"En effet, je prends du temps pour moi et ma famille que je n’avais pas le loisir de faire avant. Je lis et fais beaucoup de choses à la maison que je reportais toujours.

"C’est des choses toutes bêtes comme regarder des films qui trainent depuis des années et que je n’avais pas le temps de voir ainsi qu’écouter des podcasts ou de la musique.

Le temps de la réflexion et de l’introspection

"En fait, je prends surtout le temps de la réflexion car il me semble que dans la situation actuelle, ce n’est pas l’instant présent qui est important mais plutôt d’essayer de comprendre comment on a pu en arriver là.

"Il est essentiel de nous projeter dans l’après-coronavirus car ce qui nous arrive, comme disent les Américains, est un wake-up call (appel au réveil).

"C’est une façon qu’a la planète de s’adresser aux humains pour leur dire que la manière dont ils ont vécu jusqu’ici ne sera plus possible à l’avenir.

Penser à l’après-coronavirus

"Il est donc important de se projeter dans le monde futur tel qu’on a envie de le laisser en héritage à nos enfants, sans quoi on va droit dans le mur. Quelque part, il est salutaire de pouvoir faire pause et de prendre le temps de la réflexion.

"Quand on est dans l’action, on a beau savoir que notre mode de consommation ne tient plus et que les injustices ne peuvent plus perdurer, on ne prend pas le temps d’agir en conséquence.

"Si je ne sors plus du tout depuis vendredi dernier, je passe beaucoup de temps à réfléchir et ça me fait un bien fou", conclut Ayouch.

Mahi Binebine: "Pourquoi courir sans cesse?"

Visiblement ravi d’être reclus dans son antre d’artiste, le peintre et écrivain Mahi Binebine affirme ne pas s’ennuyer un instant, en précisant que les artistes sont habitués à vivre seuls pour être créatifs.

"Depuis le mot d’ordre, je suis enfermé chez moi et je ne sors plus du tout car je me suis organisé en termes de courses alimentaires ou essentielles pour la vie quotidienne.

"J’ai ramené mes trois filles qui vivent à l’étranger et j’en suis vraiment ravi car c’est l’occasion de les retrouver. Moi qui passais ma vie dans les avions et les aéroports et qui ne voyais que rarement ma famille, je les retrouve avec grand plaisir pour jouer au scrabble, au rami et faire du sport ensemble.

"En dehors de mes retrouvailles familiales, l’après-midi, je suis soit dans mon atelier pour peindre, soit dans mon bureau pour écrire mon nouveau roman que j’ai commencé il y a 8 huit mois, juste après la publication de Rue du pardon. Alors que j’avais prévu de le finir en janvier prochain, il sera peut-être prêt dans les trois prochains mois.

"En fait, je pense qu’on a tous tellement maltraité dame nature qu’elle a fini par nous punir avec ce rappel à l’ordre en provenance du ciel.

"Au final, je me dis qu’à toute chose malheur est bon, car cette crise m’a permis de réfléchir à beaucoup de choses et notamment sur le pourquoi de mon empressement à courir sans cesse.

"Ainsi, ce mois-ci, je devais me rendre à Art Dubaï, j’avais un prix à recevoir en France, un voyage à Nouakchott … et je me dis maintenant que je ne suis pas obligé de courir tout le temps comme ça.

"Je suis donc très content d’être chez moi avec les miens que je redécouvre, car mes filles ont beaucoup grandi et je rattrape enfin le temps perdu", conclut Binebine.

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