Les éleveurs de volaille appellent à rouvrir prudemment les souks hebdomadaires

La demande a chuté de 30 à 40% à cause de la fermeture des cafés-hôtels-restaurants mais surtout des souks en milieu rural. Les prix sortie ferme s'effondrent. La profession doute d'un redressement pendant le Ramadan. Elle appelle à une réouverture prudente des souks hebdomadaires.

Les éleveurs de volaille appellent à rouvrir prudemment les souks hebdomadaires

Le 22 avril 2020 à 14h52

Modifié 10 avril 2021 à 22h31

La demande a chuté de 30 à 40% à cause de la fermeture des cafés-hôtels-restaurants mais surtout des souks en milieu rural. Les prix sortie ferme s'effondrent. La profession doute d'un redressement pendant le Ramadan. Elle appelle à une réouverture prudente des souks hebdomadaires.

Le secteur avicole au Maroc, ce sont plus de 9.000 fermes d'élevage, 200 fermes de poules pondeuses, 40 usines, 40 couvoirs, 25 abattoirs et des milliers de tueries traditionnelles. Il a réalisé un chiffre d'affaires direct de 30 milliards de DH en 2019 et emploie, en direct et indirect, près de 300.000 personnes.

Le secteur est habitué aux crises : canicules, grippes aviaires... Mais celle qu'il vit actuellement à cause de l'épidémie du covid-19 est particulière : elle est plus longue et indirecte car n'affectant par le produit mais plutôt la demande, l'organisation de la production et de la distribution.

Youssef Alaoui, président de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA) parle d'une baisse de 30 à 40% des ventes à cause de la décision des autorités de fermer les cafés-hôtels-restaurants, snacks, rôtisseries... mais surtout les souks hebdomadaires en milieu rural.

Le problème c'est que les opérateurs ne peuvent pas adapter la production pour réguler le marché. "Nous sommes sur du vivant. Une poule reproductrice a une durée de vie de 65 semaines. Elle ne peut arrêter de pondre des poussins. Et ces derniers ont une durée d'élevage de 35 jours. Les éleveurs ont donc un stock de volailles vivantes alimentées en continu. Ils ne peuvent pas se permettre de ne pas vendre à n'importe quel prix", explique Youssef Alaoui.

Conséquence directe : les prix s'effondrent. Selon le président de la FISA, le kilo de poulet vif sortie ferme est à 7 DH actuellement alors qu'il coûte à l'éleveur entre 11 et 12 DH. Et malgré ce prix, les producteurs n'arrivent pas à écouler suffisamment de stock.

"Les éleveurs sont en difficulté. Leur survie est menacée. Les prix étaient déjà bas avant le confinement ; maintenant ils se sont effondrés. Et Ramadan qui est une période de forte consommation ne devrait pas relancer la demande compte tenu des mesures d'urgence sanitaire, sauf peut-être pour les œufs", alerte Youssef Alaoui.

Celui-ci appelle à la réouverture des souks hebdomadaires qui constituent un gros canal de distribution. "Il y a une réflexion dans ce sens entre la Comader, le ministère de l'Agriculture et celui de l'Intérieur. L'idée c'est de rouvrir les souks dans une région pilote en y faisant respecter des mesures sanitaires strictes (désinfection, gels hydroalcooliques, distances..., NDLR), avant de généraliser l'expérience", révèle le président de la FISA.

"Hormis le fait que cela nous permettra d'écouler nos stocks, il faut savoir que dans le rural, les tueries traditionnelles que l'on retrouve un peu partout en ville n'existent pas. Seul le souk permet aux ruraux de s'approvisionner en viande de volaille, un aliment stratégique pour la population", ajoute-t-il en espérant que cette idée se concrétise.

"Le secteur respecte les mesures sanitaires bien avant l'épidémie"

En plus de la situation du marché, la profession s'inquiète du durcissement du contrôle sanitaire dans les zones industrielles suite à l'apparition de clusters de contamination au Covid-19 en milieu professionnel.

"Même si un cluster est découvert ou des unités industrielles ne respectent pas les mesures sanitaires exigées par les autorités, il ne faut pas procéder à la fermeture de zones industrielles en entier. Il faut que l'industrie alimentaire continue à tourner, c'est stratégique", s'inquiète Youssef Alaoui.

Ce dernier rappelle qu'au niveau de la production, le secteur respecte des mesures sanitaires strictes en dehors de l'épidémie actuelle. "La désinfection, le port d'équipements de protection, le confinement du personnel..., cela fait partie des process de production normaux des éleveurs car l'état de santé des élevages en dépend".

Il déplore à ce titre la pénurie de masques de protection et appelle le gouvernement à assurer leur disponibilité.

Le contrôle strict opéré par les autorités sur les routes pour faire respecter l'état d'urgence sanitaire et le confinement dérange également la profession. "Cela perturbe la distribution de nos produits. Contrôler chacun des véhicules particuliers est nécessaire. Par contre, le conducteur d'un camion ne sortira pas pour se promener. Un camion qui circule coûte des dizaines de milliers de dirhams à l'entreprise", déplore Youssef Alaoui.

Enfin, ce dernier juge favorables, toutes les mesures de soutien économique mises en place par le Comité de veille économique (indemnité pour arrêt temporaire de travail, report des échéances bancaires et fiscales...). Par contre, il appelle à plus de célérité dans l'octroi des crédits bancaires "Damane Oxygène".

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