L’économie marocaine devrait rester résiliente face à la crise (Attijari)

Malgré l’absence d’un consensus sur le taux de croissance que devrait réaliser le Maroc en 2020, les analystes d’Attijari Global Research relèvent le caractère relativement résilient de l’économie nationale par rapport aux principaux partenaires du pays.

L’économie marocaine devrait rester résiliente face à la crise (Attijari)

Le 23 avril 2020 à 15h51

Modifié 10 avril 2021 à 22h31

Malgré l’absence d’un consensus sur le taux de croissance que devrait réaliser le Maroc en 2020, les analystes d’Attijari Global Research relèvent le caractère relativement résilient de l’économie nationale par rapport aux principaux partenaires du pays.

Les prévisions de croissance pour le Maroc en 2020, établies dans un contexte de manque total de visibilité, notamment sur la durée du confinement, sont naturellement disparates :

C’est ce que relèvent les analystes d’Attijari Global Research, filiale de recherche du groupe Attijariwafa bank, qui viennent de consacrer une étude à la crise du Covid-19.

Pour eux, l’économie marocaine devrait malgré tout se montrer plus résiliente et surperformer les principaux partenaires commerciaux du pays.

Une résilience qui devrait résulter de plusieurs facteurs :

- Des mesures monétaires et économiques proactives.

- Un élan de solidarité remarquable et un effort budgétaire considérable.

- Un choc externe qui sera partiellement absorbé.

Les mesures monétaires

En effet, Bank Al-Maghrib a pris une batterie de mesures permettant d’assurer le financement de l’économie et de limiter partiellement l’impact de la crise sur les réserves en devises.

D’une part, elle a :

- allongé la durée de refinancement des banques auprès de la Banque centrale;

- renforcé les prêts aux TPME en y intégrant les crédits de fonctionnement et en augmentant la fréquence de leur refinancement;

- élargi les actifs négociables éligibles en tant que garantie aux opérations de politique monétaire.

- et permis le recours des banques à l’ensemble des instruments de refinancement en dirham et en devise.

De l’autre, elle a activé deux leviers stratégiques permettant de soutenir les avoirs en devises, car malgré tous les instruments monétaires mis en place, les besoins en liquidité des banques demeureront importants (sorties de cash et baisse des réserves de change) :

- Elle a tiré sur la LPL de 3 milliards de dollars du FMI, ce qui a permis aux réserves de change de dépasser les 280 milliards de DH.

- Elle a élargi la bande de fluctuation du dirham.

Concernant les réserves en devises, il est attendu :

- Un repli attendu des transferts MRE, des IDE et des recettes touristiques. Pour rappel, ces derniers ont totalisé des rentrées en devises de 161,5 MMDH en 2019, soit 60% des réserves de change totales du Maroc ;

- Un recul des exportations pénalisé par l’arrêt temporaire de certaines activités au Maroc, les perturbations des chaînes d’approvisionnement et la baisse de la demande étrangère. Nous citons, l’automobile, le textile et les phosphates. En 2019, ces secteurs représentaient 57,2% des exportations marocaines, soit 163,0 MMDH.

Néanmoins, le recul des importations pourrait limiter en partie ces contre-performances. Il s’agit essentiellement de la baisse de la consommation de biens d’équipement importés et du recul de la facture énergétique.

« Cette dernière devrait générer une économie d’environ 20 MMDH tenant compte d’un cours moyen du baril autour des 40 dollars en 2020 contre une hypothèse de 67 dollars dans la LF 2020. À titre d’exemple, cette économie devrait compenser 60% des pertes attendues au niveau des recettes touristiques estimées par la CNT à plus de 34 MMDH en 2020 », estime Attijari.

Les mesures économiques

Parallèlement aux mesures monétaires, des mesures économiques ont été prises par le gouvernement pour soutenir les ménages à faibles revenus et les entreprises.

« Les mesures économiques mises en place par le gouvernement accordent une importance majeure aux PME/TPE ainsi qu’au secteur informel, deux composantes essentielles du tissu économique. 

« La mise en place des aides directes aux ménages est l’une des mesures les plus efficaces adoptées par le gouvernement. Rappelons que la consommation intérieure, principal pilier de la croissance, contribue à hauteur de 58% au PIB. Ce type de mesures permet d’atténuer considérablement les impacts économiques et sociaux du confinement strict adopté par le Royaume. Sur la base des dernières données relatives au nombre d’abonnés affiliés à la CNSS et des foyers éligibles au RAMED, le coût mensuel des aides directes s’élèverait à plus de 7,0 MMDH/mois », estiment les analystes d’AGR.

Le financement du soutien et de la relance

Ces mesures, notamment économiques, ne pourraient être réalisables sans un élan de solidarité remarquable et un effort budgétaire considérable.

« La création le 15 mars 2020 d’un fonds spécial pour la gestion de la crise du Covid-19 au Maroc fut à notre sens l’une des plus importantes décisions stratégiques du Royaume. Rappelons que ce fonds est dédié au financement des besoins croissants du système sanitaire et au soutien du plan de relance économique adopté par l’exécutif », affirment les analystes.

Avec la dotation budgétaire de 10 milliards de DH et les dons publics et privés annoncés, le montant cumulé dans ce fonds s’élève à plus de 35 milliards de DH (au 18 avril. C’est l’équivalent de plus de 3% du PIB, ce qui positionne le Maroc dans le top 3 des pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

« Théoriquement, le fonds Covid-19 correspondrait à près de 5 mois d’aides directes aux ménages. Un constat rassurant, dans un contexte où la durée du confinement strict pourrait être prolongée si la situation sanitaire l’exige », estime-t-on.

Cela dit, le besoin de financement du plan de relance économique devrait être conséquent. Ce qui fait dire aux analystes d’Attijari que le déficit budgétaire va se creuser en 2020, sachant que les recettes fiscales devraient enregistrer une baisse.

« Selon un consensus de prévisions (BM, PNUD et UNECA), le déficit budgétaire pourrait se détériorer jusqu’à 6,0% du PIB en 2020 contre 3,5% prévu initialement dans la LF 2020 »,

Pour financer ce déficit, le gouvernement a décroché la possibilité de recourir à des emprunts supplémentaires à l’international au-delà du plafond des financements extérieurs fixé par la LF 2020 à 31 MMDH. Le recours serait favorisé par un poids de la dette extérieure toujours faible (22% de la dette globale du Trésor et 15% du PIB), le maintien de la notation du Maroc par les agences de notation internationales et une prime de risque Maroc historiquement faible (370 pb contre 600 pb pour les pays émergents).

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