Tourisme: Le confidentiel rapport de crise élaboré par la CNT

La Confédération nationale du tourisme a élaboré un rapport interne avec des projections financières alarmantes si aucune aide publique n’est rapidement débloquée. Ses rédacteurs demandent à l’Etat d’investir 1,7 milliard de DH dans le secteur pour le relancer en 2 ans, sans quoi il perdra 138 milliards de DH d’ici 2022 et devra attendre 2024 pour retrouver le niveau d’activité de 2019.

Tourisme: Le confidentiel rapport de crise élaboré par la CNT

Le 23 avril 2020 à 18h53

Modifié 10 avril 2021 à 22h31

La Confédération nationale du tourisme a élaboré un rapport interne avec des projections financières alarmantes si aucune aide publique n’est rapidement débloquée. Ses rédacteurs demandent à l’Etat d’investir 1,7 milliard de DH dans le secteur pour le relancer en 2 ans, sans quoi il perdra 138 milliards de DH d’ici 2022 et devra attendre 2024 pour retrouver le niveau d’activité de 2019.

S’appuyant sur une étude interne non publiée et réalisée par son comité de crise, la CNT propose un plan de relance pour une profession complètement sinistrée par la crise actuelle.

Les mesures du CVE jugées insuffisantes

Selon ses rédacteurs, faute d’adoption rapide des mesures d’urgence préconisées dans leur diagnostic, le secteur ne se relèvera pas avant 2024 alors qu'il pourrait retrouver sa vitesse de croisière en 2022 si des mesures étaient prises.

En effet, après la fermeture des frontières et la mise au chômage technique de la quasi-totalité de leurs salariés, les fédérations constituant la CNT pensent que les mesures mises en place par l’Etat, via son comité de veille économique, sont insuffisantes car elles ne pourront aider les plus touchés que jusqu’à juin 2020.

Paralysie jusqu’à décembre et timide reprise en avril 2021

Sachant que le secteur devra faire face à une longue période d’inactivité ou d’activité réduite, les experts de la CNT avancent que l’impact de la crise durera au moins jusqu’à décembre 2020 et le secteur connaitre une reprise timide et graduelle vers avril 2021.

Sans aide publique, le secteur perdra 138,5 milliards de DH en 3 ans

Leurs projections qui se basent sur les recettes en devises de 2019 (78,6 MMDH) affirment que sans action publique, la reprise sera retardée avec des pertes de recettes évaluées à 138,5 MMDH en 3 ans:

*2020 : -74% ou 57,8 MMDH,

*2021 : -65% ou 51,1 MMDH,

*2022 : -38% ou 29,7 MMDH.

Hormis les pertes en devises, il y aura également une destruction importante du tissu économique, l’incapacité de recréer la chaîne de valeur du secteur vital pour l’emploi, un déséquilibre de la balance des paiements, des réserves en devises en forte baisse et un fort déséquilibre macro-économique du Maroc.

Afin d’éviter ce scénario catastrophe, la CNT propose un dispositif de sauvegarde spécifique au secteur du tourisme axé sur trois priorités.

I. Nécessité de maintenir l’outil de production

Le premier sera de veiller à sauvegarder et maintenir l’outil de production à travers des mesures d’encouragement des banques, des assurances et du fisc pour limiter les faillites, éviter la rupture de la chaîne de valeur en maintenant les emplois et ne pas appauvrir la compétitivité de l’offre du Maroc.

Mesures d’encouragement des banques et des assurances

Pour cela, la CNT réclame le report de 12 mois minimum de toutes les échéances de crédit des entreprises du secteur contre 3 mois aujourd’hui, une facilité de caisse avec un taux préférentiel de 2% maximum, un crédit Daman Oxygène valable au-delà de décembre 2020 avec un plafond de trésorerie à relever contre 20% actuellement.

Elle demande aussi de faire contribuer les compagnies d’assurance (réajustement du plafond des polices) et de reporter les échéances des travailleurs en perte de revenus.

Mesures d’encouragement fiscales

Au niveau fiscal, elle réclame le report des échéances d’eau et d’électricité à 2021 qui seront étalées sur 12 mois, la suspension pendant 12 mois des ATD pour reconstituer les capacités financières des entreprises concernées, le report des déclarations et paiement de toutes les obligations fiscales en particulier la TVA et les acomptes IS pour 2020.

II. Plan de sauvegarde des emplois

La priorité suivante pour sauvegarder, avant la sortie de crise, les emplois des plus vulnérables (indépendants, femmes, jeunes) et préserver le pouvoir d’achat de la classe moyenne ne pourra se réaliser sans un train de mesures sociales par l’Etat.

En effet, la CNT demande une exonération des charges sociales et fiscales (IR, CNSS ..) pendant 12 mois pour les entreprises qui maintiennent 80% des effectifs (contre 3 mois actuellement réservée aux seules entreprises à l’arrêt), le maintien des prestations sociales des salariés, la mise en place d’un dispositif qui autorise les entreprises qui conservent 80% des emplois à payer leur salarié sur la base du net, et enfin la défiscalisation des départs en retraite anticipée aux salariés proches de l’âge.

III. Relance publique du tourisme interne, international et la compétitivité

Le 3ème axe concerne la sauvegarde de la compétitivité de l’offre du Maroc à travers un plan de relance du tourisme interne, des marchés internationaux et de l’offre produit.

Mesures pour le tourisme local

Concernant le marché national, la CNT réclame un budget public de promotion pour stimuler la demande locale, le redémarrage de la RAM avec la mise en place de lignes intérieures, la révision du calendrier scolaire pour étaler la saison et la mise en place de crédits vacances et de chèques vacances défiscalisées.

Retour des touristes étrangers 

Pour relancer les marchés étrangers, là-encore, le document propose un budget additionnel de promotion, un autre co-marketing pour reconnecter la destination via les compagnies aériennes qui l’ont désertée, un process pour rassurer les touristes sur les conditions sanitaires et enfin l’accélération du plan digital de promotion du Maroc.

Une offre produit à adapter à l’après-crise

La relance de la compétitivité de l’offre produit passera, selon la CNT, par la création d’un fonds de soutien du secteur pendant 2 à 3 ans, un accompagnement public des hôteliers souhaitant rénover leur établissement, la mise en place d’une plateforme de e-learning pour une mise à niveau des ressources humaines de la profession.

Des mesures qui coûteront à l’Etat 1,7 MMDH

Toutes les mesures de soutien et d’accompagnement public ont été chiffrées à 1,7 MMDH ventilées en 1,2 milliard de DH pour la sauvegarde du secteur et 500 millions de DH pour sa relance.

L’effort financier de l’Etat sera ventilé de la manière suivante:

  • des mesures sociales profitant à 120.000 employés sur un an (manque à gagner CNSS et AMO, IGR),
  • des mesures de relance du marché local (50 MDH de promotion, 30 MDH pour la plateforme, des subventions de sièges pour les connexions aériennes),
  • au retour des touristes étrangers (250 MDH pour stimuler la demande, 500 MDH pour les connexions aériennes, 100 MDH pour les mesures sanitaires et 50 MDH pour le plan digital)
  • à un fonds du tourisme durable réservé à l’offre produit (200 millions de DH sur 4 ans)

Un plan qui permettra d’éviter 46 MMDH de pertes

Sachant que sans ce train de mesures, le secteur "perdra 138,5 millions de DH d’ici 2022 et qu’en les appliquant, la perte sera de 92,6 milliards de DH (51,3 milliards de DH en 2020, 33,4 MMDH en 2021 et 7,9 MMDH en 2022)", les experts de la CNT affirment que l’application de leurs recommandations permettra de générer une recette additionnelle de 46 milliards de DH.

Enfin, pour conclure, les experts affirment que le maintien du statu quo ne permettra de revenir à l’activité de 2019 qu’en 2024 alors que leurs mesures réduiront les pertes et permettront de récupérer le niveau de l’année écoulée en seulement 24 mois …

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