Dr Mohamed Lyoubi: “Nous n’avons pas passé le cap, ce n’est pas fini”

Passionnant webinaire organisé par le GIPSI concernant la gestion des risques en milieu professionnel. Le Dr Lyoubi a effectué un descriptif de la situation épidémiologique sans langue de bois.

Dr Mohamed Lyoubi: “Nous n’avons pas passé le cap, ce n’est pas fini”

Le 15 mai 2020 à 21h10

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Passionnant webinaire organisé par le GIPSI concernant la gestion des risques en milieu professionnel. Le Dr Lyoubi a effectué un descriptif de la situation épidémiologique sans langue de bois.

Cinq jours avant le 20 mai, Mohamed Lyoubi douche les plus optimistes d’entre nous. Dans une intervention sans langue de bois, en petit comité (médecins, juristes, industriels), le directeur de l’épidémiologie et de la lutte contre les maladies au ministère de la Santé n’y est pas allé par quatre chemins : "Non, nous n’avons pas passé le cap. Nous avons aplati l’épidémie, mais pas passé le cap".

Comme toujours dans ce genre d'échanges, on arrive à attraper quelques petits chiffres intéressants : ce vendredi 15 mai, il n’y a que 49 cas en réanimation ou en soins intensifs sur tout le territoire, pour 3.062 cas actifs. Les cas en réanimation et en soins intensifs, il y en a curieusement davantage à Tanger-Tétouan que dans les autres régions.

Le Dr Lyoubi s’exprimait dans le cadre d’un webinaire sous le thème "Quels enseignements tirer du COVID-19 sur la gestion globale des risques ?" organisé par le Groupement interprofessionnel de prévention et de sécurité (GIPSI), présidé par Mohammed Fikrat.

Les points positifs de ce bilan sommaire après 2 mois et demi de crise : "la situation a été globalement maîtrisée. Le confinement a permis d’aplatir la courbe. Les décès et le taux de létalité ont diminué notablement". M. Lyoubi estime que le confinement a été bien respecté par les personnes âgées, ce qui a fait baisser l’âge moyen des cas actifs. Ces derniers (les cas actifs) représentent désormais plus de la moitié des cas cumulés, le taux de guérison étant maintenant supérieur à 50%.

Ne concluez pas trop vite, la douche froide arrive.

Depuis fin avril, tous les cas contacts suspects subissent systématiquement des examens de laboratoire. Le ministère, pour sa part, étudie les projections établies avec des bureaux spécialisés et ses propres experts.

Fin mars, début avril, 10 à 15 jours après le démarrage du confinement, un optimisme prudent règne.

"Si on était resté comme à fin mars, nous aurions été plus sereins aujourd’hui face à une éventualité de déconfinement. Les premières alertes début avril concernaient les clusters familiaux. Il y en a eu quelques-uns mais ce n’est jamais gravissime un cluster familial, le nombre de contaminations n’est jamais trop élevé".

"C’est alors que les autres clusters sont apparus: unités industrielles, centres commerciaux, grandes surfaces, collectivités fermées, prisons, casernes… La propagation atteint alors un plateau, mais un plateau en dents de scie, chaque dent représentant un cluster de grande ampleur comme une usine par exemple".

Lyoubi enfonce le clou, sur un ton scientifique. C’est l’épidémiologiste qui parle : "On peut envisager la levée du confinement mais il y a un risque certain que l’épidémie reprenne de plus belle".

"Je suis certain que le fait de lever le confinement est un risque et si l’on n’arrive pas à maîtriser l’apparition de clusters, il y aura une vague beaucoup plus importante".

Le Taux de Reproduction est "un indicateur indirect qui reflète l’impact des mesures prises : il est de 1,08 à l’échelle nationale ce vendredi 15 mai, mais la situation est disparate, avec des régions (4) qui ont un taux inférieur ou égal à 0,6. A Casablanca, ce vendredi, le taux est de 1,12 ou 1,13, selon la même source.

"En tant qu’épidémiologiste, je dirais qu’il faut maintenir le confinement. Non, nous n’avons pas passé le cap. Même les malades qui guérissent, la science ne sait pas s’ils garderont la capacité de se défendre", en d’autres termes combien durerait leur immunité.

Il souffle le froid puis le chaud : "mais il faut tenir compte d’autres considérations, il faut mettre en balance d’un côté les aspects socio-économiques et de l’autre, le risque sanitaire et humain. C’est une question qui est au-delà de nos prérogatives".

Il évoque le risque dans les transports en commun et la nécessité de maintenir partout la distanciation physique et les gestes barrières.

Dans l’éventualité d’un déconfinement, il suggère une "progressivité territoriale (Dakhla avant Tanger)" et une "flexibilité". Il nous explique que le mot flexibilité signifie la "réversibilité". Autrement dit, revenir en arrière en cas de besoin.

Bref, ce n’est ni gagné ni perdu. Ce n’est pas fini. On va certainement entamer le déconfinement, prudemment, progressivement. Le ministère de la Santé s’y résoudra à reculons.

>>Lire aussi: Déconfinement: une décision difficile mais inévitable, à annoncer avant l'Aïd

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