Ce que propose l’Alliance des économistes istiqlaliens pour sauver le tourisme

Particulièrement menacé en cette période, le secteur du tourisme et de l’artisanat doit retenir toute l’attention des décideurs politiques, estime l’Alliance des économistes istiqlaliens. Elle soumet ainsi plusieurs propositions pour limiter la casse dans ce secteur.

Ce que propose l’Alliance des économistes istiqlaliens pour sauver le tourisme

Le 20 mai 2020 à 20h09

Modifié 10 avril 2021 à 22h36

Particulièrement menacé en cette période, le secteur du tourisme et de l’artisanat doit retenir toute l’attention des décideurs politiques, estime l’Alliance des économistes istiqlaliens. Elle soumet ainsi plusieurs propositions pour limiter la casse dans ce secteur.

Dans un long communiqué de cinq pages, l’Alliance des économistes istiqlaliens (AEI) appelle à sauver le secteur du tourisme et de l’artisanat, grandement menacé par la pandémie de Covid-19.

''Le tourisme génère plus de 125 milliards de dirhams de recettes (10% du PIB) dont 80 milliards par le tourisme étranger et 45 milliards par le tourisme domestique. Parallèlement, les Marocains dépensent officiellement près de 21 milliards de dirhams en devises pour motif de voyage à l’étranger, ce qui représente plus de 26% des recettes en devises du secteur et un grand potentiel pour le marché national'', indique l’AEI dans son communiqué.

L’Alliance appelle donc le gouvernement à ''adopter, en urgence, un plan de sauvetage de cet écosystème constitué de milliers d’unités de production et de distribution de biens et services et les millions d’emplois acquis et qualifiés qui le composent''.

''Le tourisme et l’artisanat, c’est respectivement un million et deux millions d’emplois directs. Nous n’avons pas de visibilité aujourd’hui sur les mesures qui seraient en cours par rapport à ces deux secteurs, d’où l’alerte que nous lançons'', nous dit Samir Sahraoui, l’un des corédacteurs de ce communiqué et ancien président de l’Office national marocain du tourisme (ONMT).

Dans son communiqué, l’AEI propose un plan d’action incluant dix grandes recommandations autour de cinq axes. Les voici :

Une gouvernance collégiale pour redémarrer le tourisme, le réinventer et le développer

1- Mettre en place un Comité de suivi et de veille dédié au seul tourisme incluant le gouvernement (plusieurs départements sont concernés), les régions touchées, les professionnels, les syndicats et le système financier (banques, leasing, bourse et fonds d’investissement)

- Ce comité doit prendre, au plus vite, les dispositions nécessaires pour permettre à ce secteur stratégique de reprendre ses activités. 

- Ses travaux doivent se poursuivre, au-delà de 2021, pour assurer la sauvegarde des entreprises de tourisme, veiller à la relance du secteur et retrouver ; voire dépasser les niveaux d’activité d’avant.

- Ce comité veillera à la préparation et au déploiement d’une stratégie de rupture. Il doit s’appuyer sur des outils de veille, de systèmes d’analyse des marchés, de prospective et de gestion des crises. 

2- Inclure le tourisme et l’artisanat dans les dispositifs économiques d’urgence aux niveaux national et régional 

- Elaborer et mettre en œuvre un plan d’urgence Juillet 2020 - décembre 2022, à pour la mise en œuvre de mesures concrètes pour la réouverture progressive des destinations et équipements touristiques, le maintien d’un remplissage minimum des infrastructures d’accueil, la préservation de l’emploi et la remise en marche la courroie de transmission des richesses, par le tourisme, sur les territoires de notre pays. 

- Construire en parallèle, une stratégie permettant à l’écosystème Tourisme de s’adapter aux nouvelles donnes post-Covid et prendre en compte la protection sanitaire, la durabilité environnementale, l’inclusion sociale et la transformation digitale dans les dispositifs de redressement et de relance. 

Préserver l’emploi, entretenir et renforcer le savoir-faire Tourisme du Maroc

1- Encourager le maintien des emplois, soutenir l’activité des artisans et travailleurs indépendants et protéger les groupes les plus vulnérables en prenant rapidement des mesures telles que : 

- Exonérer les entreprises concernées, qui préservent une moyenne de 50% de leur salariés entre 2020 et 2021, des charges sociales et fiscales (IR, CNSS) jusqu’à fin 2020, et les réduire de moitié pour 2021.

- Réglementer et faciliter le recours au travail à temps partiel et à temps aménagé.

- Réglementer et promouvoir le travail à domicile et le télétravail pour les fonctions support.

- Proroger les aides sociales pour préserver les revenus des salariés et les indépendants mis en chomage total ou partiel jusqu’à fin 2021.

- Défiscaliser les départs à la retraite anticipée pour les plus de 55 ans, à leur demande.

2- Renforcer les capacités et habilités professionnelles des ressources humaines en : 

- Mettant à profit la période de sous-activité pour promouvoir des programmes de formation dans les domaines de gestion, des services aux clients, du digital, de l’hygiène, du sanitaire et des langues (français, anglais, espagnol, chinois, russe) et les financer par l’OFPPT.

- Prenant en charge, sur la taxe professionnelle, 50% des salaires des personnes voulant prendre une année sabbatique pour se former ou se recycler.

Sauvegarder les entreprises et améliorer leur compétitivité

1- Générer du cash et renforcer les ressources financières à court et moyen terme à travers les initiatives suivantes.

- Lancer des opérations génératrices de cash en permettant aux clients d’acheter et payer à l’avance, à des prix de gros, des prestations touristiques (hébergement, transport, circuits de voyages etc).

- Assurer ces achats à l’avance contre la perte du montant payé en cas d’annulation.

- Rééchelonner systématiquement, et sans frais, toutes les échéances financières (banques, et leasing) des années 2020 et 2021 pour tous les intervenants de l’écosystème cités plus haut.

- Octroyer un crédit de financement du BFR, équivalent à 3 mois de charges d’exploitation, amortissable sur 3 à 5 ans avec un taux réduit de 100 points de base et garanti par la CCG.

- Simplifier les procédures d’octroi de ces concours et désigner un service dédié à la filière tourisme chez la CCG et dans chacune des banques participant à cette opération.

- Permettre à la SMIT d’investir dans des structures existantes en augmentant ses moyens.

- Encourager les grands opérateurs du tourisme à s’introduire en bourse en leur finançant les conseils et les frais d’introduction par la SBVC.

2- Alléger la structure des coûts d’exploitation et la fiscalité frappant les opérateurs du tourisme et d’artisanat pour en assurer la survie et en améliorer la compétitivité.

- Faire un avoir de primes d’assurance sur les risques suspendus pendant la période d’arrêt d’activité et réduire les primes pour les années de reprise (2020 et de 2021).

- Aligner les tarifs d’eau et d’électricité appliqués aux opérateurs du tourisme sur ceux de l’industrie.

- Inciter tous les bailleurs et les communes à réduire les loyers et les charges locatives de 50% pour 2020 et 2021, dans le cadre d’un élan de solidarité pour sauver ces entreprises et leurs emplois.

- Permettre une flexibilité sur la gestion des effectifs et salaires pendant les années 2020 et 2021 : travail à temps partiel, congés avancés et congés sans solde ne dépassant pas 3 mois par année (2020 et 2021), partiellement compensés par les aides de la CNSS.

- Réduire à 3 le nombre des taxes, redevances et droits ayant une incidence sur les transports, les voyages, le tourisme et l’artisanat et alléger leurs taux.

- Appliquer le système fiscal des auto-entrepreneurs aux micro-entreprises touristiques et artisanales dont le chiffre d’affaire est inférieur à 3 millions de Dirhams et l’effectif ne dépasse pas 4 salariés, de sorte à les faire passer du secteur informel au formel et les encourager à embaucher.

- Inciter les entreprises à souscrire aux amnisties fiscale et sociale, sans frais, et reporter le délai à fin 2021.

- Suspendre les Avis à Tiers Détenteur (ATD) et les recours jusqu’à fin 2021.

Adapter l’offre Tourisme Maroc aux nouvelles exigences sanitaires, environnementales et sécuritaires 

1- Créer un label marocain à portée internationale « Green & Safe» en établissant des procédures et normes écologiques et sanitaires  et en veillant à leur stricte application, à travers les mesures suivantes :

- Préparer des référentiels marocains de certification sanitaire et écologique pour les principales activités de tourisme, en recourant à des bureaux de contrôle reconnus et accrédités à cet effet.

- Elaborer et diffuser des cahiers de charges, de normes nationales et de guides sanitaires, par filière (hébergement, restauration, cafés, transport, commerces, agences de voyage, etc). Ces outils attesteront que l’industrie touristique marocaine est apte à protéger la santé de ses clients, salariés et fournisseurs.

- Identifier et labelliser les fournisseurs de la chaîne de valeur tourisme répondant aux normes sanitaires.

- Réglementer et plafonner les taux d’occupation par nature d’établissement touristique et par nature de moyens de transport, en vue de respecter les règles de distanciation sociale ; o Assurer la présence de compétences médicales dans les grandes unités d’hébergement touristique.

- Créer des brigades de contrôle sanitaire du tourisme veillant au respect des règles de distanciation et d’hygiène à l’accès des sites, restaurants, cafés, magasins, bazars, plages et attractions touristiques.

- Exiger la disponibilité de masques et de gel hydro-alcooliques en quantité suffisante dans les chambres d’hôtels, espaces communs et restaurants.

- Mettre à niveau les unités hospitalières publiques provinciales et régionales et agréer, dans un cadre conventionnel, des structures privées pour accueillir les malades en voyage dans de bonnes conditions. 

2- Reconsidérer le contenu de l’offre globale des principales activités touristiques et leur packaging.

- Mettre en place des offres packagées (transport, hébergement, animations) pour les nationaux en leur appliquant les tarifs octroyés aux TO, à travers les réceptifs et en direct.

- Lancer un plan de transformation digitale des opérateurs de tourisme et du design de leurs offres respectives.

- Intégrer « le tourisme médical et sanitaire » parmi les niches à développer avec l’implication directe du Ministère de la santé et des structures hospitalières publiques et privées.

- Repenser le Produit touristique (hébergement + animations + services aux touristes) dans la perspective d’offrir une Expérience touristique propre au Maroc basée sur le « Safe& Green ».

- Surseoir à l’extension des capacités et investir, en priorité, dans la rénovation de l’offre tourisme, la mise à niveau des unités existantes, le développement des tourismes durable et rural, la connaissance et la pénétration des marchés. 

Relancer et diversifier les marchés interne, puis international du tourisme et artisanat 

1- Reconquérir le marché marocain du voyage et du tourisme en adaptant l’offre aux attentes de la classe moyenne nationale, ce qui consiste à :

- Promouvoir le tourisme des régions et le tourisme domestique national, puis le Tourisme MRE (qui restera tributaire de la réouverture des frontière et la reprise du transport aérien international).

- Poursuivre et accentuer la multiplication des liaisons aériennes internes opérées par la RAM avec l’appui financier des régions et villes concernées.

- Lancer une plateforme digitale de commercialisation de l’offre tourisme, réservée au marché domestique et ouvertes aux seuls établissements ayant le label sanitaire.

- Lancer une campagne de promotion du tourisme interne adaptée aux nouveaux et futurs enjeux du marché domestique tels que salons régionaux du tourisme et d’artisanat, virtuels, puis physiques.

- Régionaliser le calendrier des vacances scolaires pour étaler la saison touristique.

- Organiser des espaces d’exposition vente de packages touristiques et de produits d’artisanat dans les grandes surfaces.

- Appliquer, aux clients marocains, les conditions tarifaires appliquées aux groupes étrangers. 

2- Développer une nouvelle intelligence économique d’observation des pays émetteurs et cibler de nouveaux produits-marchés

- Lancer une campagne de promotion ciblant les MRE préalablement à l’ouverture des frontières.

- Construire une image renouvelée des différentes destinations Maroc à plus long terme et lancer une stratégie de communication conséquente.

- Accélérer le déploiement du plan digital pour la promotion de la destination Maroc, notamment par les réseaux d’influenceurs.

- Développer des partenariats avec les opérateurs internationaux et mettre en place un plan de Comarketing (TO & lignes régulières) pour préserver et développer les lignes aériennes reliant les grands marchés émetteurs aux régions du Maroc. 

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