Commerces: des autorisations “informelles” de réouverture sèment la confusion

Alors que l'état d'urgence sanitaire et le confinement sont toujours en vigueur, des commerces fermés depuis mi-mars rouvrent leurs portes ou annoncent des ouvertures prochaines en l'absence de communication officielle sur le sujet. De quoi semer la confusion. 

Commerces: des autorisations “informelles” de réouverture sèment la confusion

Le 27 mai 2020 à 19h21

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Alors que l'état d'urgence sanitaire et le confinement sont toujours en vigueur, des commerces fermés depuis mi-mars rouvrent leurs portes ou annoncent des ouvertures prochaines en l'absence de communication officielle sur le sujet. De quoi semer la confusion. 

L'activité économique et commerciale semble reprendre doucement après la fin de Ramadan. Médias24 constate que les annonces de réouverture de commerces se multiplient dans différents domaines d'activité. 

"Chers clients(es) nous avons le plaisir de vous informer que nous sommes ouverts a partir du jeudi 28 mai .Tout est prêt pour vous accueillir dans les meilleures conditions sanitaires!!". Le message est celui d'un centre de soins capillaires. 

Le 27 mai, c'est un magasin d'ameublement qui annonce l'ouverture de son showroom. CakeUp, un cake store, annonce quant à lui sa réouverture le 1er juin. 

Depuis la fin du ramadan, donc, les commerces qui accueillent du public annoncent tour à tour des ouvertures à des dates différentes s'étalant entre fin mai et début juin. Beaucoup s'interrogent sur ces réouvertures sachant que l'état d'urgence sanitaire et le confinement sont toujours en vigueur jusqu'au 10 juin. 

Ces commerces ont-ils été autorisés par les autorités ou se préparent-ils juste à la levée du confinement prévue, sauf surprise, le 10 juin ? Aucune réponse officielle ne nous a été donnée à ce sujet. D'ailleurs, aucun communiqué officiel du ministère de l'Intérieur n'a été publié pour autoriser les commerces à reprendre leurs activités. 

La seule communication officielle est celle du ministre de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, Othmane El Ferdaous, qui a autorisé la presse écrite à reprendre l'impression et la diffusion de leurs éditions à partir du 26 mai en respectant les mesures sanitaires. Dans le sillage de cette reprise, les kiosques et les librairies ont également été autorisés à reprendre. 

Des autorisations informelles?

Certains commerces sondés nous assurent qu'ils ont été autorisés par les autorités locales.

Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a autorisé les déplacements entre les villes pour des raisons professionnelles. 

Une circulaire datée du 26 mai précise que "la présentation par les personnes des administrations, des établissements publics et des sociétés privées d'ordres de mission, dûment signés par leurs employeurs, par lesquels elles les chargent d'effectuer des déplacements inter-provinces à caractère administratif ou professionnel, les dispensent de tout autre document au niveau des barrages de contrôle."

Preuve s'il en faut que la préparation à la reprise économique a été déjà lancée sans attendre la levée du confinement. Des sources bien informées consultées par Médias24, assurent que les pouvoirs publics se préparent en effet au déconfinement et en autorisant, même de façon informelle, les commerces à reprendre est une première étape dans ce sens. La décision est, selon nos sources, laissée à l'appréciation et à la discrétion des autorités locales.

Mais il ne faut pas confondre reprise progressive de l'activité économique et commerciale et déconfinement. A ce jour, l'état d'urgence sanitaire et le confinement sont toujours de rigueur en vertu de la loi, même si un certain relâchement a été constaté à la fois de la part des citoyens et des autorités locales. 

Tout cela a pour objectif d'amorcer une reprise progressive et surtout laisser le temps aux commerces, qui sont restés fermés plusieurs semaines, de préparer leur redémarrage dans les meilleures conditions possibles. 

Des commerçants dénoncent "des décisions arbitraires"

Mais cette approche "informelle" dans la reprise des activités pousse certains corps de métiers ou organisations professionnelles à réagir et la dénoncer. C'est le cas de l'Association nationale des propriétaires des cafés et restaurants. Cette dernière rejette tout appel ou toute décision à reprendre l'activité avant de faire le point sur la situation du secteur et en préparer la reprise. L'association lance un appel clair aux professionnels de ne pas reprendre l'activité avant "de se réunir avec le Comité de veille et le gouvernement pour trouver une solution, discuter de la situation sociale des professionnels et préparer la relance du secteur dans de bonnes conditions". 

C'est le cas également du Syndicat National des Commerçants et des Professionnels (SNCP) dont le bureau régional de Rabat a publié un communiqué le 25 mai 2020 pour dénoncer la façon avec laquelle les autorités locales gèrent la reprise des activités commerçantes. "Nous constatons l'improvisation des autorités locales et administratives chargées de l'aspect organisationnel du secteur. Nous avons remarqué qu'au lendemain de Aid Al Fitr, l'annonce de décisions contradictoires et surprenantes concernant la reprise de l'activité des commerçants", annonce le communiqué" du SNCP. 

"Il a été décidé d'empêcher les commerçants de certains quartiers de reprendre le travail et de fermer les yeux sur des quartiers voisins", poursuit le SNCP qui rappelle que "la majorité des commerçants se sont approvisionnés en marchandises et ont été contraints de fermer leurs magasins sans préavis sur ordre des autorités locales, sachant que des quartiers de Rabat ont poursuivi l'activité commerciale". 

Le SNCP dénonce "la méthode arbitraire de prise de décision, en l'absence d'une lettre officielle adressée à tous par les instances régionales compétentes". Il demande "aux autorités concernées de clarifier la question car la manière d'informer certains commerçants par téléphone conduira à l'anarchie et la rupture de confiance entre les acteurs professionnels et leurs représentations professionnelles d'un côté et les autorités de l'autre". 

Dans le même ordre d'idée, le SNCP demande aux autorités "d'unifier les décisions au niveau régional" et de "communiquer avec le bureau régional du SNCP en tant que représentant des commerçants et porte-parole pour faciliter le processus de communication avec les commerçants". 

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