Digital : l'accélération induite par le confinement doit se poursuivre (experts)

Le Maroc a fait un bond significatif en termes de digitalisation depuis le début du confinement. S'agit-il d'une accélération conjoncturelle pour gérer la crise actuelle ou d'un changement de fond qui se poursuivra dans la phase post-pandémique? 

Digital : l'accélération induite par le confinement doit se poursuivre (experts)

Le 2 juin 2020 à 16h58

Modifié 11 avril 2021 à 2h46

Le Maroc a fait un bond significatif en termes de digitalisation depuis le début du confinement. S'agit-il d'une accélération conjoncturelle pour gérer la crise actuelle ou d'un changement de fond qui se poursuivra dans la phase post-pandémique? 

Dans le cadre de son émission web hebdomadaire "Les Mardis du PCNS", le Policy Center for the New South a organisé ce mardi 2 juin un webinaire sous le thème "l’usage des nouvelles technologies (NTIC) dans le secteur public à l’épreuve de la pandémie au Maroc". 

Tous les intervenants étaient d'accord sur le même point: "le Maroc a réalisé d'énormes progrès en matière de transformation digitale depuis le début du confinement".

En effet, plusieurs secteurs se sont subitement retrouvés contraints à accélérer leur digitalisation au début de la crise, sans être prêts à 100%, notamment l'enseignement, le commerce, la justice, la médecine, l'urbanisme...

Dans ce sens, "le ministère de l'Economie, des finances et de la réforme de l'administration a mis en place plusieurs mesures pour accélérer la transformation digitale, dans le but de poursuivre l'activité économique, faciliter le travail des employés de l'administration publique et garantir aux citoyens l'accès aux différents services", a déclaré Aziz Ajbilou, secrétaire générale du département des Affaires générales et de la gouvernance au cours du webinaire. 

L’enseignement à distance, un chantier réussi?

"L'enseignement a été l'un des premiers secteurs à être confronté à la digitalisation" a souligné Adam Bouhadma, CEO éducation Media Compagny, lors de son intervention.

"Le ministère de l'Education nationale a décidé de suspendre, vers mi-mars, les cours présentiels et de généraliser l'enseignement à distance. Les contenus des cours ont été fournis en un temps record par différents acteurs du secteur".

Il a toutefois relevé le problème de l'inégalité numérique dans le milieu rural. "Sur 30 à 40 étudiants du milieu rural, seuls 15 ou 20 pouvaient réellement suivre les cours à distance diffusés sur les plateformes mises en place par le ministère sur le web. Ces personnes ne disposent pas de smartphones performants pour pouvoir accéder facilement aux cours, en plus de la connexion internet qui est souvent lente". 

Par ailleurs, M. Boudadma a souligné la nécessité de poursuivre l'’enseignement à distance, en parallèle des cours présentiels, même après la période de crise, pour permettre aux étudiants de renforcer leurs connaissances, par exemple dans les langues ou autres. C’est ce qu’on appelle le "Blended Learning".  

"Le gouvernement peut également lancer des formations en ligne au profit des personnes sans emploi et leur délivrer des certificats qui leur permettront par la suite de trouver un travail ou de lancer leurs propres projets", a-t-il conclu. 

L'explosion des activités e-commerce se confirme

"Le e-commerce est l'un des secteurs qui ont profité de la crise", a pour sa part déclaré Mehdi Alaoui, vice-président de la Fédération des technologies de l’information des télécommunications et de l’offshoring (APEBI). 

"Le Maroc a réalisé en trois semaines ce pourquoi on milite depuis une trentaine d'années. C'est juste incroyable", a-t-il ajouté. "Mais il ne faut surtout pas s'arrêter lorsque la crise prendra fin. Il faut continuer dans ce sens pour permettre aux entreprises marocaines d'être plus compétitives au niveau international". 

"Le e-commerce n'est pas un nouveau chantier", a-t-il poursuivi. "Il y a un ensemble d'entreprises marocaines qui font du e-commerce depuis 5 ou 6 ans, mais qui réalisent un faible chiffre d'affaires. En deux mois, leur CA a été multiplié par 5 ou 6, et c'est énorme". 

"Ce qu'il faut retenir, c'est qu'aujourd'hui, les consommateurs n'ont plus peur de dévoiler le numéro de leurs cartes bancaires pour effectuer des transactions en ligne. Leur comportement a changé parce qu'ils n'avaient plus le choix. Ils se sont également rendu compte que l'achat en ligne est une opération facile qui leur permet de gagner du temps, et quelques fois, de profiter de prix moins élevés par rapport aux magasins". 

M. Alaoui a cependant noté que le gouvernement doit accompagner cette dynamique par des formations dans le digital marketing au profit des commerçants. 

 "L'arsenal juridique doit être renforcé" 

"La digitalisation est devenue une nécessité dans tous les secteurs. On ne doit pas laisser passer cette opportunité et abandonner tous les avancements réalisés depuis le début de la crise sanitaire. A présent, notre pari est de continuer sur cette lancée et d'instaurer une nouvelle culture basée sur la digitalisation", d'après Ajbilou.

"L'arsenal juridique doit également être renforcé pour soutenir cette transformation". 

Rappelons qu'un projet de décret relatif au télétravail dans les administrations publiques, élaboré par le ministère des Finances, a été soumis aux différents ministères qui devront formuler leur avis avant un examen en Conseil du gouvernement. 

Un projet de loi sur l'administration numérique est également en cours d'élaboration par le même ministère. Il sera présenté dans quelques semaines pour compléter les lois qui ont déjà été votées, avait déclaré Mohammed Benchaâboune le 28 mai dernier lors d'une intervention devant les membres du conseil d’administration de la CGEM. 

Le ministère a aussi fixé un planning aux Etablissements et entreprises publiques pour mettre en place le dépôt électronique des factures par les fournisseurs. Une circulaire a été adressée lundi 1er juin aux EEP, en vue d’accélérer la mise en place des services numériques. 

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