RAM: L’UMT et plusieurs pilotes rejettent le plan social de la direction

Au lendemain d’un comité d’entreprise tenu jeudi 2 juillet, le PDG a annoncé le départ de 858 employés dont 180 pilotes, la réduction de la flotte de 20 avions dont 4 Boeing 787 et l’arrêt momentané de certaines dessertes. Un plan social qui n’est pas du goût d'une partie des 600 pilotes et de l’UMT où sont syndiqués 2.200 employés sur les 5.000 du groupe. Interrogés par Medias24, ils excluent tout licenciement sec et réclament des départs volontaires pour tous et pas que pour les plus de 57 ans.

RAM: L’UMT et plusieurs pilotes rejettent le plan social de la direction

Le 3 juillet 2020 à 16h03

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

Au lendemain d’un comité d’entreprise tenu jeudi 2 juillet, le PDG a annoncé le départ de 858 employés dont 180 pilotes, la réduction de la flotte de 20 avions dont 4 Boeing 787 et l’arrêt momentané de certaines dessertes. Un plan social qui n’est pas du goût d'une partie des 600 pilotes et de l’UMT où sont syndiqués 2.200 employés sur les 5.000 du groupe. Interrogés par Medias24, ils excluent tout licenciement sec et réclament des départs volontaires pour tous et pas que pour les plus de 57 ans.

Comme annoncé précédemment dans nos colonnes, la RAM a rendu public un plan de sauvetage qui lui a été imposé par le gouvernement pour rationaliser ses charges mises à mal par la crise sanitaire. L'UMT et 6 pilotes appelés au hasard, se plaignent d'avoir été mis devant le fait accompli sans avoir été consultés.

Une cure d’amaigrissement de 30% des pilotes, des aéronefs et des dessertes

Sont prévus 858 licenciements dont un plan de départ volontaire pour les plus de 57 ans avec 15 ans d’expérience, la vente ou la location de 20 aéronefs (dont 4 Boeing 787), et l’arrêt momentané de plusieurs dessertes (du 11 au 31/7, Le Caire, Ryad, Jeddah, Beyrouth, puis du 11/7 au 31/8 Boston, Sao Paulo, Miami, Rio de Janeiro, Pékin, Doha, Amman, Luanda, Ndjaména, Libreville, Malabo, Londres, Manchester, Munich, Berlin, Porto, Zurich, Vienne, Stockholm, Athènes, Istanbul, Antalya, Copenhague).

La majorité des futurs licenciement concerne une partie du personnel navigant technique (effectif actuel: 600 pilotes) et commercial (effectif actuel: 1.200 stewards, hôtesses …) ainsi que des 500 employés au sol de sa filiale Atlas Multi Services qui travaillent au siège ou dans les agences pour des tâches financières, commerciales, administratives …

Des sacrifices imposés par le gouvernement et par une entreprise à terre

Ce plan de réduction des coûts, condition sine qua none pour bénéficier d’un soutien financier de l’Etat, passera donc par plusieurs sacrifices en ressources humaines et en capacités d’accueil aérien.

Sollicité par Médias24, le PDG Abdelhamid Addou n’a pas souhaité commenter ce plan mais une source du top management nous a affirmé que "la direction faisait de son mieux pour sauver l’entreprise qui est à à terre et les moyens utilisés sont communs à toutes les compagnies du monde".

Les délégués syndicaux n’ont pas participé au comité d’entreprise

Manifestement peu convaincu par la méthode utilisée, Allal Baba Lahcen, représentant syndical des 2.200 employés syndiqués UMT du groupe RAM, nous déclare qu’il ne laissera pas partir ses collègues "à l’abattoir" sans réagir.

"Contrairement à ce qui a été dit, malgré l’invitation de la direction, notre syndicat a refusé d’assister au comité d’entreprise qui a eu lieu jeudi 2 juillet car les conditions n’étaient pas requises en termes de partage d’information. En notre absence, c’était donc une réunion ordinaire et pas un comité d’entreprise.

"Après coup, la direction nous a remis quelques informations que nous avons trouvées insuffisantes et notre bureau lui a demandé de nous faire parvenir une documentation complète relative à ce fameux plan de restructuration en prévision d'un futur comité d'entreprise en bonne et due forme.

Une décision qui créera un précédent pour d’autres entreprises publiques

"En tant que syndicat, notre position est celle de tous les Marocains à savoir défendre les droits des 858 mères et pères de famille qui refusent de se retrouver dans la précarité. En effet, nous ne pouvons pas nous taire car cette décision risque de faire jurisprudence pour d'autres entreprises étatiques.

"Si nous sommes conscients des difficultés que traverse le secteur aérien au Maroc, nous nous devons de réagir car notre pays n’offre pas de filet social comme en Occident et parce que les gens qui vont se faire licencier n’auront qu’une petite indemnité d'ancienneté qui les condamnera à la précarité.

L’UMT validera un plan de départs volontaires mais aucun licenciement sec

"Nous ne sommes pas contre les 858 départs qui s’imposent mais les personnes concernées doivent bénéficier des mêmes droits que l’opération similaire qui avait eu lieu en 2011, à savoir dans le cadre de départs volontaires et certainement pas comme proposé jeudi via des licenciements économiques.

"L’État doit donc faire un effort financier pour sauver ce fleuron qui existe depuis 60 ans et qui est un outil primordial de souveraineté nationale.

"Sachant qu’il y a une grosse différence entre dégraisser et effectuer des licenciements secs, nous réclamons un plan de départs volontaires avec tous les droits afférents et aucun licenciement brutal.

"Partant de là, il est évident que nous ne validerons jamais ce plan qui prévoit de mettre à la rue 850 personnes, sans chèque conséquent, et qui par temps de crise auront beaucoup de mal à se recaser.

En cas de validation gouvernementale du plan en l’état, des recours seront déposés

"Sachant que le code du travail nous donne le droit de proposer des alternatives, la direction doit nous présenter ses bilans avant qu’une commission gouvernementale ne prenne la décision finale.

"Si les 850 licenciements sont quand même validés, nous déposerons des recours dont nous révélerons le contenu en temps voulu car nous devons nous organiser pour contrecarrer ce plan inique", conclut le syndicaliste qui précise que la crise du Covid-19 n’a été qu’un accélérateur qui a abouti à la situation actuelle après les crises successives qui auraient été mal gérées par la compagnie.

Un plan qui installe un climat délétère

Si Hicham Falaki, président de l’Association marocaine des pilotes de lignes a refusé de réagir ou de se prononcer, un autre membre de cette association et cinq de ses collègues se sont dits, sous couvert d’anonymat, catastrophés par le plan social annoncé par la direction de la RAM même s'ils ont tenu à préciser qu'ils ne s'exprimaient pas au nom de l'AMPL.

"Cette annonce a installé une ambiance délétère et tous nos collègues navigants ou au sol sont désormais confrontés à un sentiment d'insécurité pour l'avenir sachant qu’aucune autre compagnie au monde n’a agi de la sorte avec des licenciements brutaux.

"Comme tous les autres transporteurs aériens impactées par la crise sanitaire, le problème aurait dû être traité dans le cadre d'un dialogue consensuel de tous les acteurs à l'image du précédent plan social de 2011 qui avait abouti au départ de presque 2000 employés

"Même si nous ne faisons pas partie du comité d'entreprise, nous aurions espéré être consultés et et ne pas nous retrouver devant le fait accompli alors qu’il y avait d'autres solutions possibles", conclut le commandant de bord en ajoutant que le personnel de la RAM ne restera sans réaction.

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