Après le confinement, l’heure est à la reprise de la gestion des addictions

Des patients sollicitent désormais leurs psychiatres pour poursuivre, ou démarrer, une cure de sevrage malmenée par leur confinement. D’autres appellent à l’aide pour gérer l’addiction de leurs enfants aux écrans.

Après le confinement, l’heure est à la reprise de la gestion des addictions

Le 20 juillet 2020 à 18h39

Modifié 11 avril 2021 à 2h47

Des patients sollicitent désormais leurs psychiatres pour poursuivre, ou démarrer, une cure de sevrage malmenée par leur confinement. D’autres appellent à l’aide pour gérer l’addiction de leurs enfants aux écrans.

Des patients perdus de vue pendant le confinement et qui ne sont pas réapparus depuis le déconfinement ; d’autres qui réapparaissent et font état d’une hausse de leur consommation ou d’une volonté de sevrage ; d’autres encore qui appellent à la rescousse pour tenter de gérer la dépendance aux écrans de leurs enfants ou adolescents…

Voilà, grosso modo, le tableau que dressent deux psychiatres addictologues contactées par Médias24 en cette période de déconfinement. Pour Maria Sabir, médecin psychiatre, addictologue et vice-présidente de l’Association marocaine d’addictologie (AMA), difficile de savoir si le confinement a été propice à une hausse ou à une baisse de la consommation de drogues. ''Nous avons perdu le contact avec un grand nombre de patients qui n’ont pas eu accès aux soins. Depuis le déconfinement, nous constatons que la gestion des addictions a varié d’une personne à l’autre pendant le confinement'', nous dit-elle.

Globalement, elle observe deux mouvements contradictoires : ''Certaines personnes qui présentaient déjà des troubles addictifs avant le confinement ont augmenté leurs consommations de substances psycho-actives. Par ailleurs, certaines addictions comportementales comme les addictions aux écrans (les jeux vidéos, notamment en réseau) se sont considérablement renforcées. Cette aggravation des addictions s’explique par une volonté ou un moyen de gérer le stress ambiant lié à cette pandémie du Covid-19. Cette gestion du stress s’est faite par les "moyens habituels " dont disposaient les personnes ayant un problème d’addiction, et donc en l’occurrence les drogues ou les comportements addictifs. A linverse, certaines personnes ont vu dans cette parenthèse de confinement une opportunité pour diminuer, voire cesser leurs conduites addictives.''

Fatima El Omari, psychiatre addictologue, a vu émerger un nouveau phénomène depuis le déconfinement : des parents qui consultent pour leurs enfants ou adolescents, inquiets de constater (ou de soupçonner) une addiction aux écrans. ''Pendant le confinement, les parents ont fermé les yeux mais, depuis le déconfinement, ils constatent que leurs enfants ont énormément de mal à se débarrasser des tablettes. Ils se sentent impuissants face à l’utilisation excessive des outils technologiques, parfois pendant des heures et des heures…'', nous dit la psychiatre.

Reprise progressive des consultations

Les consultations reprennent peu à peu leur rythme habituel, observent les deux psychiatres addictologues. ''Le flux a énormément baissé pendant le confinement mais les patients reviennent à nouveau. La plupart de ceux que je reçois ont poursuivi leur consommation, mais certains viennent demander des cures de sevrage ou une continuité de soin'', constate Fatima El Omari.

"Les patients ayant des troubles addictifs sont de plus en plus demandeurs et reviennent de plus en plus en consultation", abonde Maria Sabir. Celle-ci d’ajouter : ''Lorsqu’il y a eu arrêt des conduites addictives pendant la période de confinement, des stratégies de maintien d’abstinence sont mises en place avec le patient pour éviter la rechute. Lorsque les conduites addictives ont persisté ou se sont aggravées, une prise en charge globale bio-psycho-sociale en milieu hospitalier est proposée au patient.''

Une prise de risque qui les a exposés au Covid-19

Loin d’être de tout repos, le déconfinement est susceptible de faire ressurgir les tentations : les patients savent qu’ils ont désormais à nouveau accès à tous les produits, beaucoup plus facilement que pendant le confinement même si, selon Fatima El Omari, ''il n’y a jamais eu de pénurie de drogues''. Sans compter que certains patients ''avaient stocké des substances pour ne pas être en manque'', notamment du cannabis et de la cocaïne.

Mais pour ne pas consommer devant leur famille, dont certaines ont découvert leur addiction pendant le confinement, des consommateurs de drogue n’ont pas trouvé d’autre échappatoire que de sortir de chez eux pour fuir des conflits familiaux latents et consommer à l’abri des regards indiscrets. Voire surconsommer. "Le niveau de stress et d’irritabilité a été tel pendant cette période que certains consommateurs se sont sentis obligés de sortir du foyer pour consommer tranquillement, malgré toutes les tensions que cette prise de risque a générées parmi les autres membres de la famille, qui redoutaient une contamination au Covid-19. C’est ce que nous disent aujourd’hui nos patients", explique Fatima El Omari.

D’autres ont réduit leurs doses pour ne pas se retrouver à court de produits et devoir affronter un sevrage trop brutal et mal préparé. "Ce sont ces malades qui contactent désormais les addictologues, psychiatres et services d’addictologie, parce qu’ils craignent d’arrêter seuls".

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