Ouverture des frontières aux étrangers munis de réservations: les hôteliers sceptiques

Au lendemain de l’annonce par le président de la CGEM de la possibilité pour les étrangers munis d’une réservation d’hôtel de se rendre au Maroc, les réactions des opérateurs sont loin d'être unanimes. Si le président de la CNT (Confédération nationale du tourisme) s’est dit très satisfait d’une décision qui favorisera la reprise du secteur, le patron des hôteliers, Lahcen Zelmat avance que cette décision n'aura aucun impact notable dans l'immédiat.

Ouverture des frontières aux étrangers munis de réservations: les hôteliers sceptiques

Le 7 septembre 2020 à 18h00

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Au lendemain de l’annonce par le président de la CGEM de la possibilité pour les étrangers munis d’une réservation d’hôtel de se rendre au Maroc, les réactions des opérateurs sont loin d'être unanimes. Si le président de la CNT (Confédération nationale du tourisme) s’est dit très satisfait d’une décision qui favorisera la reprise du secteur, le patron des hôteliers, Lahcen Zelmat avance que cette décision n'aura aucun impact notable dans l'immédiat.

Six mois après la fermeture de ses frontières aériennes, maritimes et terrestres, le Maroc a décidé à partir du dimanche 6 septembre, de rouvrir ses frontières aériennes aux ressortissants étrangers, via les mêmes vols spéciaux déjà opérationnels depuis la mi-juillet.

En effet, si les Marocains et les étrangers résidents sont autorisés à y accéder depuis le 15 juillet, les autres visiteurs dispensés des formalités de visa pourront entrer par voie aérienne sur le territoire national sur simple présentation d’un test PCR négatif et d’une réservation d'hôtel.

17 nationalités concernées par la réouverture des frontières

Moins de vingt-quatre heures après, cette décision annoncée par le président de la CGEM, Chakib Alj, a provoqué des réactions contradictoires chez les opérateurs touristiques qui l’attendaient pourtant tous impatiemment.

Ainsi, juste après l’annonce de cette réouverture partielle des accès aériens, assurés principalement par la RAM, pour les ressortissants de 17 pays (France, Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Royaume-Uni, Espagne, Italie, Turquie, Canada, USA, Russie, Emirats arabes unis, Arabie saoudite, Tunisie, Sénégal, Côte d’Ivoire et enfin Mauritanie), Abdellatif Kabbaj, président de la CNT qui représente tout le secteur touristique, a fait part de sa profonde satisfaction dans un communiqué interne (voir copie en bas d'article).

Pourquoi la réouverture a été annoncée par la CGEM et pas par les ministères concernés?

Etant injoignable ce lundi 7 septembre, Médias24 a donc sollicité le président de la Fédération nationale des hôteliers du Maroc (FNHM) qui est certainement la plus touchée par la fermeture des frontières.

Pourtant membre de la CNT, Lahcen Zelmat se montre moins optimiste quant à l'impact de cette décision sur le secteur.

D'abord, "cette annonce par le président de la CGEM est étrange sachant que normalement ce sont les ministres du Tourisme et des Affaires étrangères qui auraient dû se charger de nous la communiquer", estime le patron de la FNIH qui voit en cette décision surtout une réponse aux doléances des hommes d'affaires impactés par l'incapacité de leurs clients étrangers de se rendre au Maroc, qu'une mesure en faveur du secteur touristique.

D'ailleurs, "Avant d'annoncer la réouverture des frontières aux ressortissants étrangers munis de réservations d'hôtels, Alj a déclaré que les entreprises pouvaient inviter leurs partenaires étrangers".

Les hôteliers réclament des précisions

"De plus, le communiqué de la CGEM est resté vague et ne comporte aucun détail comme par exemple savoir si les réservations effectuées sur le site booking.com seront acceptées ou pas.

"En effet, si les réservations de ce site sont acceptées, cela veut dire que tous les marchés émetteurs seront de retour alors que s'il faut absolument une réservation hôtelière, ce sera au compte-gouttes.

"Notre secteur, en particulier le segment hôtelier, attend donc des clarifications sur ces questions ainsi que sur la date du 10 septembre pour savoir si la période de l'état d'urgence sanitaire sera encore reconduite ou pas.

"Surtout qu'après l'annonce du dimanche matin concernant l'accès des étrangers au Maroc, puis le soir-même de la fermeture de la ville de Casablanca, on ne sait vraiment plus sur quel pied danser.

Les Français auront du mal à se rendre au Maroc à cause des délais des tests

"D’autre part, sachant que notre premier marché étranger reste la France qui offre depuis peu un test gratuit, les délais des résultats sont passés avec l'explosion de la demande, de 48 heures à 5 jours.

"En d'autres termes, les touristes français désireux de venir au Maroc ne pourront pas présenter des résultats, au délai valable, aux autorités marocaines qui demandent un maximum de 48 heures.

"Ainsi, dans la pratique, si cette ouverture des frontières aux étrangers munis de réservations se fait sans explications, cela ne servira pas à grand-chose car elle n'aura aucun impact réel sur l'activité touristique et hôtelière du Maroc.

L’aggravation de la crise sanitaire fera fuir les éventuels visiteurs étrangers

"Sachant que septembre, même sans coronavirus, correspond à une période de basse saison et que notre situation sanitaire se détériore chaque jour, quel étranger serait assez fou pour se rendre dans un pays qui ne dispose pas d’infrastructures hospitalières suffisantes pour faire face à la crise? Non seulement, il risquera de gaspiller son argent mais aussi de se retrouver bloqué en cas de fermeture des frontières."

De plus, sachant que les mois d'octobre et novembre correspondent à l'organisation d'événements incentive, si les restrictions sur le nombre de personnes pouvant se réunir ne sont pas levées, il n'y aura ni séminaires ni congrès dans nos hôtels à Marrakech.

"Cette réouverture sans détails, avec un flou persistant, nous amènera donc au mois de décembre dont il faut préciser que les 3 jours de fêtes de fin d'année sont très insuffisants pour rentabiliser les hôtels."

Accepter les décès de la pandémie plutôt que la mort de tout le secteur touristique

"Selon moi, la vraie reprise du secteur n’aura lieu que si l'on fait comme la Turquie ou l'Egypte qui malgré la crise, obtiennent des résultats très honorables en termes d'arrivées et de nuitées.

"En effet, ces destinations mondiales, aux frontières restées ouvertes, acceptent la sélection naturelle générée par la pandémie avec une majorité de malades qui guérit et une minorité qui meurt.

"Au risque de paraître cynique, il vaut mieux quelques décès plutôt qu’une mort économique générale", conclut Zelmat.

Précisons, qu’en dépit de nos efforts, nous n’avons pas été en mesure de savoir si le nombre de réservations aériennes ou hôtelières avaient augmenté après l’annonce de réouverture des frontières.

Ci-après, le communiqué interne de la CNT qui se réjouit de la réouverture des frontières:

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