Achat par le Maroc de patrouilleurs navals: la France en pole position?

Malgré la crise sanitaire qui a lourdement impacté ses finances, le Maroc poursuit ses négociations avec plusieurs constructeurs étrangers pour acquérir deux patrouilleurs destinés à couvrir son domaine maritime dont la zone économique exclusive doit passer à 200 miles.

Achat par le Maroc de patrouilleurs navals: la France en pole position?

Le 22 septembre 2020 à 16h28

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Malgré la crise sanitaire qui a lourdement impacté ses finances, le Maroc poursuit ses négociations avec plusieurs constructeurs étrangers pour acquérir deux patrouilleurs destinés à couvrir son domaine maritime dont la zone économique exclusive doit passer à 200 miles.

Lancée en 2019, l’offre d’achat du Maroc de 2 patrouilleurs destinés à la surveillance de ses côtes pour un montant de 260 millions d’euros a aiguisé l’appétit de trois constructeurs d’équipements navals.

Si dans un premier temps, le groupe espagnol Navantia était favori avec ses patrouilleurs Avante 1 400, la brusque détérioration des relations entre les deux pays, fin 2019, après l’annonce du Maroc de l'extension de son espace maritime, a remis en selle ses concurrents hollandais Damen et surtout français Kership (Naval group).

Des facilités de paiement pour sauter le pas

En effet, selon notre consultant militaire Abdelhamid Harifi, administrateur du site web FAR Maroc, la visite récente, du 9 au 12 septembre, du Chef d’état-major des armées françaises François Lecointre s’inscrit dans un contexte de relance des négociations sur l’achat de plusieurs équipements maritimes.

"Contrairement à ce que laissait entendre en mai dernier, un rapport de la Commission des Affaires étrangères et de défense du Sénat français, il n’y a pas eu de commande ferme, mais les rapporteurs ont précisé que la France devait offrir au Maroc la garantie de l’Etat sur ses crédits acheteurs.

"En d’autres termes, le vendeur français est disposé à accorder toutes les facilités de paiement à son client marocain tenté de reporter cette commande au regard de la crise économique internationale.

"En effet, les gros contrats signés avec les Américains pour l’achat de chasseurs F16 et d’hélicoptères Apache ont récemment fait l’objet de gestes commerciaux importants avec notamment un assouplissement des conditions de financement pour faire face aux difficultés occasionnées par la crise.

"A partir de là, le constructeur qui remportera le marché des deux navires de patrouille océanique, appelé OPV (Offshore Patrol Vessel) sera forcément celui qui proposera la meilleure offre de financement avec de longs délais de remboursement et donc pas forcément la meilleure offre technique.

Une visite de haut rang aux arrière-pensées commerciales

"C'est d’ailleurs dans ce contexte qu’il faut interpréter la récente visite du 9 au 12 septembre du chef d'état-major des armées françaises dont le pays espère bien remporter ce marché en proposant ses OPV Gowind de type Adroit (OPV 90).

"Dans un entretien avec le journal Le Matin, le général François Lecointre a ainsi directement évoqué la volonté de la France "d’améliorer les capacités des FAR en particulier dans le domaine naval".

"Il a laissé entendre qu’il y avait des négociations en ce sens qui englobent aussi bien l’offre française de patrouilleurs que d’autres équipements comme des sous-marins dont manque cruellement le Maroc", explique l’expert qui pense que le déplacement de ce "poids lourd" de l’armée française avait pour principal objet de relancer les négociations pour l’acquisition des deux patrouilleurs français.

1 million de km2 d'espace maritime devront être couverts à terme par la marine royale

Si aucune commande avec les Français n’a encore été actée, Harifi met en avant la nécessité d’équiper le Maroc en patrouilleurs lourds disposant d’une plateforme pour hélicoptères pour lui permettre de surveiller "les eaux bleues" à savoir l’espace maritime situé au-delà des 50 miles du littoral national.

"En effet, sachant que le Maroc est en train d’étendre sa zone économique exclusive dans ses eaux territoriales, il lui faut absolument acquérir des bâtiments lourds pour pouvoir y patrouiller.

"Ainsi, même avec la flotte des frégates de combat et des patrouilleurs lourds, le besoin reste important car à l'avenir, il y aura près d'un million de kilomètres carrés d'espace maritime à couvrir.

La marine royale manque d’au moins 6 patrouilleurs supplémentaires

"En fait, si le périmètre maritime du Maroc devait être étendu rapidement, les FAR nécessitent de nouveaux navires de surveillance car leur besoin réel est d’au moins 6 patrouilleurs supplémentaires.

"Sachant qu’actuellement le Maroc ne dispose pour ce genre de mission que de 7 navires lourds (3 Sigma, La FREMM, 2 frégates Floréal, le Hassan II et le Mohammed V et un vieux patrouilleur espagnol), cela reste donc encore très insuffisant pour notre pays qui nécessite une flotte d’au moins 12 à 14 navires de 2.500 tonnes", conclut Harifi qui estime essentielle l’acquisition de ces navires qui permettront d'assurer la souveraineté des eaux territoriales, la surveillance du trafic maritime, la lutte contre l’immigration clandestine, la pêche illicite et le trafic de drogue ainsi que, dans un futur proche, la protection des plateformes offshore destinées à l'exploration pétrolière et gazière.

 

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