Soutien financier aux artistes: injustice ou fausse polémique?

Après la publication par le ministère de la Culture de la liste des bénéficiaires du programme de soutien du domaine artistique, plusieurs chanteurs se sont insurgés sur internet contre une distribution jugée arbitraire. Selon plusieurs sources syndicales, les conditions imposées par la commission pour bénéficier de l’aide sont trop contraignantes, mais il n’en demeure pas moins que ceux qui n’ont pas reçu d’allocation n’ont pas déposé de dossier ou ont été écartés à cause de projets peu convaincants.

Soutien financier aux artistes: injustice ou fausse polémique?

Le 30 septembre 2020 à 18h05

Modifié 11 avril 2021 à 2h48

Après la publication par le ministère de la Culture de la liste des bénéficiaires du programme de soutien du domaine artistique, plusieurs chanteurs se sont insurgés sur internet contre une distribution jugée arbitraire. Selon plusieurs sources syndicales, les conditions imposées par la commission pour bénéficier de l’aide sont trop contraignantes, mais il n’en demeure pas moins que ceux qui n’ont pas reçu d’allocation n’ont pas déposé de dossier ou ont été écartés à cause de projets peu convaincants.

Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux mardi 29 septembre, la célèbre chanteuse Latefa Raafat a interpellé le ministre de la Culture sur la répartition "injuste" des 14 millions de DH alloués aux promoteurs de 146 projets relatifs au domaine de la musique, de la chanson, des arts de la scène et chorégraphiques.

En l’accusant d’octroyer des centaines de milliers de dirhams à des personnes n’ayant aucun rapport avec l’art, la chanteuse a créé une grosse polémique en laissant entendre que les membres de la commission chargée de trancher est composée de "gamins inaptes à juger le travail des artistes" et en dénonçant des bénéficiaires fictifs dont certains seraient même des sociétés de bâtiment.

Une polémique habituelle déformée par le grand public

Joint par Médias24, Khalid Othmani, secrétaire général de la Chambre marocaine des techniciens et des créateurs de cinéma affirme que cette polémique revient chaque année mais qu’elle a été amplifiée par le montant exceptionnel alloué à cause de la crise sanitaire.

"Chaque année, la même polémique ressurgit sur la distribution par le ministère de la Culture de la subvention des acteurs artistiques, mais d'ordinaire elle reste en interne, soit limitée au milieu artistique.

"Aujourd'hui, elle est devenue publique parce qu’elle touche la question de la légitimité pour un artiste de bénéficier ou non d'une subvention.

"Alors que cette subvention n'est ni un fonds de solidarité ni un filet social, le grand public dénonce depuis hier le fait que les artistes reçoivent de l'argent qu'ils n'ont pas gagné. Or cette subvention n’est octroyée qu'après le dépôt et l'examen minutieux d'un dossier de projet artistique.

Au final, une maigre subvention?

"Le problème est que les gens ne le savent pas et se répandent alors sur les réseaux sociaux en dénonçant le fait que les artistes ont bénéficié de 1,4 milliard de centimes, un peu à la tête du client.

"C’est entièrement faux et disproportionné, quand on sait qu’une troupe théâtrale a bénéficié d’un montant de 100.000 à 180.000 DH pour 5 représentations. Après calcul, cela donne 35.000 DH pour environ 10 personnes. Mais après le règlement des droits d'auteur et du réalisateur, des frais de transport et d'hébergement, de la location de la salle et du montage du décor, en fin de compte ces gens toucheront à peine 1.000 à 2.000 DH par personne et par représentation.

"C'est donc une fausse polémique, car les artistes ont besoin de respect et de légitimité", conclut Othmani en ajoutant qu’ils sont tout aussi nécessaires que la presse qui a reçu 200 millions de DH.

Sollicité à son tour, un autre syndicaliste nous confirme que l'argent de la subvention n'a pas été mal distribué sachant que son octroi dépend entièrement des projets déposés par les artistes.

Les artistes ne reçoivent pas la subvention sans contrepartie

"Cette subvention qui existe depuis 2008 est distribuée aux artistes qui peuvent présenter leurs projets deux fois par an à une commission qui choisit les meilleurs et les rétribuent en fonction du coût du projet.

"La différence avec les années précédentes est que le montant total de cette subvention a sensiblement augmenté pour faire face à la crise sanitaire qui a mis beaucoup d'artistes au chômage.

"Le problème n'est pas dans la philosophie de cette subvention, car le grand public pense que les artistes prennent de l'argent public sans aucune contrepartie, ce qui est entièrement faux.

"Les recalés n’ont pas présenté de dossier ou un projet convaincant"

"Avant d'obtenir une quelconque subvention ministérielle, ils doivent en effet présenter de nombreuses pièces administratives, dont la carte d'artiste pour en bénéficier éventuellement. En d’autres termes, les 146 bénéficiaires ont tous déposé un projet en bonne et due forme.

"La chanteuse Latefa Raafat dit que certains ne méritaient pas de toucher la subvention, mais en vérité ceux qui ne l'ont pas décrochée n’ont soit pas déposé de dossier soit ont vu leur projet refusé.

"Le vrai problème est dans la composition de la commission qui peut être contestée et dans le profil de certains artistes qui présentent un certain type de projets et qui au final produisent tout autre chose.

Un cahier des charges trop compliqué

"En réalité, le vrai problème se pose dans la gestion de la distribution de la subvention et aussi dans la difficulté de certains artistes de pouvoir déposer un dossier culturel qui soit jugé convaincant.

""En effet, avec la crise actuelle, nombre d'entre eux sont démunis et le cahier des charges imposé par la commission décourage une grande partie des personnes qui ont vraiment besoin d'aide alors que d’autres ont, selon moi, indument bénéficié de cet avantage, comme la chanteuse Fikri installée au Canada et qui a décroché 100.000 DH.

"Ainsi, au lieu de faciliter la procédure aux chanteurs populaires, le ministère leur complique la tâche en imposant des tas de contraintes bureaucratiques comme l'obligation d'avoir une société de production", conclut le syndicaliste qui espère une simplification des procédures d’octroi.

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