Le “boycott France” est-il la meilleure réponse aux déclarations de Macron?

ROUND UP. Suite aux déclarations d'officiels français, un appel au boycott a été lancé, d'abord sur les réseaux sociaux, puis par des dirigeants de pays dont la Turquie. La position du Maroc a été claire, celle de Médias24 l'est aussi.

Le “boycott France” est-il la meilleure réponse aux déclarations de Macron?

Le 26 octobre 2020 à 18h53

Modifié le 11 avril 2021 à 2h48

ROUND UP. Suite aux déclarations d'officiels français, un appel au boycott a été lancé, d'abord sur les réseaux sociaux, puis par des dirigeants de pays dont la Turquie. La position du Maroc a été claire, celle de Médias24 l'est aussi.

Le 16 octobre 2020, l'enseignant français Samuel Paty, âgé de 47 ans, a été sauvagement assassiné. Ce drame a ému et choqué le monde entier. Il s'en est suivi des réactions de solidarité, notamment sur les réseaux sociaux, où cet acte odieux a fermement été condamné par les citoyens du monde, toutes religions confondues, à de rarissimes exceptions près. 

Quelques jours plus tard, la France a rendu un hommage national à la victime, à l'occasion duquel s'est exprimé le président français, Emmanuel Macron, dont une partie des propos ont été jugés "provocateurs" et "irrespectueux" à l'égard des musulmans de France et d'ailleurs. Un appel au boycott des marques françaises est alors parti des pays du Golfe, appel dont le moteur a été clairement des mouvances radicales ou extrêmes.


Discours du président Macron à partir de 15:25

Mena: les produits français visés et virés 

"Nous ne renoncerons pas aux caricatures, aux dessins, même si d'autres reculent" (26:33). C'est ce qu'a déclaré M. Macron lors de son discours du mercredi 21 octobre, symboliquement tenu à la cour de la Sorbonne pour rendre hommage au défunt. Depuis, cette phrase ne passe pas. 

Le jour même, des caricatures du prophète ont été mises en lumière, projetées sur les hôtels de ville de la région Occitanie. Une réaction "démesurée" selon certains commentaires.

Dès le lendemain, des appels au boycott se sont multipliés "dans les cercles officiels et sur les réseaux sociaux", selon les médias français. Au fil des jours, ces appels au boycott, nés au Moyen-Orient ont pris de l'ampleur et se sont répandus plus loin, notamment en Afrique du nord. Autant que nous puissions en juger, ces appels venus de l'Orient n'ont pas été suivis au Maroc.

L'émergence de ce mouvement de boycott dans une partie du Moyen-Orient a rapidement fait réagir le Quai d'Orsay, à travers un communiqué datant du 25 octobre dans lequel on peut lire que "les appels au boycott sont sans aucun objet et doivent cesser immédiatement, de même que toutes les attaques dirigées contre notre pays, instrumentalisées par une minorité radicale".

A travers le même document, le Quai d'Orsay a précisé que les ministres ainsi que l'ensemble du réseau diplomatique français sont mobilisés pour "appeler les autorités des pays concernés à se désolidariser de tout appel au boycott". 

Cette déclaration officielle n'a fait qu'accroître les tensions et renforcer les appels au boycott qui circulent sous forme d'images regroupant une liste de marques françaises, accompagnées de messages dans lesquels "les musulmans sont priés de boycotter lesdites marques". 

Selon Europe1, ce sont plus de 200.000 tweets en 24h qui ont été publiés au sujet du boycott. Le hashtag "BoycottFrance" compte à lui seul près de 72.000 tweets à l'heure où nous écrivons ces lignes. 

Pour notre part, nous avons constaté chaque jour un nombre plus élevé de hashtags appelant au boycott. Si l'on tient compte de tous les hashtags, près d'une dizaine, en deux langues, les tweets sont désormais de quelques centaines de milliers par jour.

Au Koweït, des images d'étagères de magasins vidés des produits alimentaires français circulent sur les réseaux sociaux. La réaction officielle du Maroc a, quant à elle, été publiée dans la soirée du 25 octobre, via un communiqué du ministère des Affaires étrangères

Le Royaume a non seulement condamné "toutes les violences obscurantistes et barbares prétendument perpétrées au nom de l’Islam", mais aussi "vigoureusement condamné la poursuite de la publication des caricatures outrageuses à l'Islam et au Prophète Sidna Mohammed, Paix et Salut sur Lui". 

Il faut respecter la foi des autres, même si on ne la partage pas

Devant le déchaînement des passions, la raison et le respect des valeurs universelles voudraient que l'on soit contre les actes de violence et le mépris des religions, mais également contre le boycott des produits français. Les propos de Macron, ses décisions prises sous le coup de l'émotion et consistant à poursuivre la diffusion des caricatures, n'engagent que lui et pas tous les Français. Ceci, sans oublier les milliers de salariés, producteurs et commerçants marocains qui travaillent directement ou indirectement avec ces entreprises françaises. 

Il s'agit certes de déclarations officielles provenant du gouvernement français, mais sommes-nous en droit de généraliser? Ne sommes-nous pas les premières victimes de la généralisation et de la stigmatisation? Un appel au boycott est-il le meilleur moyen de répondre à ces déclarations? 

Aucun pays ne doit, d'une manière officielle, exprimer du mépris à l'égard d'une religion, quelle qu'elle soit. La démocratie c'est le respect de l'autre et de sa croyance. Il faut respecter la foi des autres, même si on ne la partage pas.

L'Etat français doit être neutre dans le domaine religieux, c'est l'essence même de la laïcité. Une laïcité qui autorise la critique mais pas le mépris ou le non-respect à l'égard des religions, car ce faisant ils heurtent la foi de ceux qui croient.

La France est un grand pays, défenseur des droits de l'homme et de l'humanisme. Un pays qui porte de grandes valeurs dont la liberté d'expression. Mais où s'arrête-t-elle? Où commencent l'offense et l'injure? 

De toutes parts, on alimente la haine. L'Islam n'est pas à l'origine du terrorisme. Il n'est qu'un prétexte. La haine en est devenue le véritable moteur comme nous l'avons déjà montré à la lumière d'interrogatoires de terroristes.

Ce round up ne peut s'achever sans un mot sur l'autocritique, un exercice nécessaire et salutaire, mais si rare dans nos sociétés. Sommes-nous sûrs que dans tous les pays où on appelle au boycott, l'altérité, les autres religions, sont réellement respectées? Bien sûr que non.

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