Fruits et légumes : la production résiste au manque d'eau, les prix se détendent

Les productions légumières et fruitières résistent au manque d’eau que connaît la région Souss-Massa. Les prix, élevés au début de cette nouvelle saison agricole, ont baissé après le blocage à El Guerguarat.

Fruits et légumes : la production résiste au manque d'eau, les prix se détendent

Le 23 novembre 2020 à 17h36

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Les productions légumières et fruitières résistent au manque d’eau que connaît la région Souss-Massa. Les prix, élevés au début de cette nouvelle saison agricole, ont baissé après le blocage à El Guerguarat.

Le manque d’eau commence à se faire sentir dans la région de Souss-Massa, qui représente, à elle seule, 65% de la production nationale en fruits et légumes et une part à l’export de 80% du total des expéditions marocaines.

De nombreux agriculteurs ont baissé les bras. Les espoirs reposent sur la nouvelle station de dessalement, actuellement en construction à Agadir, dont l’opérationnalisation est prévue en mars prochain.

C’est ce que nous ont confirmé des membres de la Fédération interprofessionnelle marocaine de production et d’exportation des fruits et légumes (Fifel).

La production résiste

"Nous avons débuté cette nouvelle saison agricole avec les mêmes superficies que celles de l’année écoulée, mais il y a eu des abandons de la part de certains agriculteurs, suite à un problème d’eau", nous apprend le directeur de la Fédération.

Notons que la filière des fruits et légumes occupe une superficie de plus de 1,3 million d’hectares, au niveau national, dont plus de 6.000 hectares pour la tomate, produit phare du Maroc.

A Souss-Massa, "il n’y a plus une goutte d’eau dans la nappe phréatique, les barrages sont à sec et nous souffrons de l’intrusion de l’eau marine. C'est-à-dire que même si les agriculteurs essaient de pomper de l’eau, il y a un appel de l’eau de mer, et c’est nocif pour la production".

En effet, la situation hydrique de la région est critique et ne s’améliore pas. Les principaux barrages qui alimentent la région continuent d’afficher des taux de remplissage très faibles.

Au lundi 23 novembre, les réserves du barrage Youssef Ben Tachfine, le plus grand du Souss, sont à 35 millions de m3, sur une capacité totale de 298,9 Mm3, soit un taux de remplissage de 11,9%, contre 13% durant la même période de l’année dernière.

Le barrage Abdelmoumene, deuxième plus grand barrage de la région, dispose quant à lui de 2 Mm3 de réserves, sur une capacité totale de 198,4 Mm3, soit un taux de remplissage de 1%, contre 15,5% l’année passée.

Même constat du côté du barrage Moulay Abdellah, qui affiche un taux de remplissage de 9,1%, contre 20,6% durant la même période de l’année précédente, soit des réserves de 8,2 Mm3 sur une capacité totale de 90,6 Mm3.

"Les agriculteurs continuent à travailler avec des citernes tractées, ce qui leur rajoute des coûts supplémentaires. A cela s'ajoutent les frais qu’engendrent le confinement, l’espacement des ouvriers et les frais pour leur couverture sanitaire…".

"Malgré toutes ces contraintes, la production est la même par rapport à l’année dernière, en raison des efforts supplémentaires fournis par les agriculteurs, dont le but est d’honorer leurs engagements aussi bien vis-à-vis du marché local qu'à l’export", poursuit notre source.

"Les chiffres montrent même une hausse de 20% au niveau de l’export par rapport à la même période de la saison précédente. Ce qui veut dire que malgré la diminution des superficies, les agriculteurs essaient d’injecter toute l’énergie nécessaire pour avoir un rendement supérieur à celui de l’an passé, à l’hectare".

"Nous gardons toujours espoir, en particulier avec l’approche de l’opérationnalisation de la station de dessalement d’Agadir".

Les prix des fruits et légumes en baisse

D’après nos sources à la Fifel, "les prix, qui étaient un peu élevés au début de la campagne en cours, ont baissé après le blocage à El Guerguarat".

"Des milliers de tonnes, toutes marchandises confondues, sont acheminées quotidiennement vers plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest par El Guerguarat, mais l’agricole représente le plus gros lot". Les prix ont donc baissé pour pouvoir écouler la marchandise au niveau local. 

Selon notre source, plusieurs facteurs expliquent la hausse des prix de ces produits, dont l’essentiel est le coût de production élevé. "Hormis la sécheresse et les prix engendrés par cette crise sanitaire, les agriculteurs doivent s’acquitter d’une taxe de 7% dans les marchés de gros, ce qui est énorme et gonfle le prix final des fruits et légumes".

Selon lui, c’est l’export qui supporte ces coûts élevés. "Un kilo de tomates, qui est généralement vendu à 1 DH ou à 1,5 DH au client final, coûte plus de 2,60 DH au producteur. S’il n’y avait pas d’export, la tomate ne sera pas vendue au Maroc, parce que c’est l’export qui supporte cette différence".

"Si l’export cesse, le marché local ne sera pas alimenté. Les agriculteurs ne pourront pas travailler avec ce seul marché, étant donné qu’ils perdent de l’argent. Si on ne se réveille pas et on ne voit pas tous ces problèmes, le Maroc commencera à importer les fruits et légumes de pays étrangers".

Un autre paramètre a été relevé par le président de la Fédération. Il s’agit des mesures sanitaires en vigueur actuellement dans plusieurs villes. "Les producteurs ne veulent plus prendre le risque d’envoyer leur marchandise, composée de produits périssables, et qu’elle soit refoulée par les autorités. De son côté le consommateur final se retrouve face à la rareté des produits, ce qui gonfle également les prix finaux".

L’Afrique de l’Ouest, un marché d’avenir

Selon le directeur de la Fifel, "lors de la précédente campagne, le Maroc a exporté 1,2 million de tonnes de fruits et légumes, hors agrumes".

"Une partie de la production marocaine est exportée aux pays de l'Afrique de l'Ouest, notamment la Mauritanie, le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso, et le Niger. Ce sont les destinations d’avenir, qui peuvent être une alternative à nos anciens marchés du Nord, sur lesquels il ne faut plus compter".

"Ces derniers, tels que la France, l’Espagne et les Pays-Bas, nous tendent les bras quand leur production est très faible, et nous sortent des cartes d’avertissement quand la situation s'améliore chez eux, d’autant bien qu’ils sont en train de monter leurs structures pour pouvoir produire localement", explique-t-il.

En témoigne la dernière polémique relative à la franchise de carburant. Rappelons qu’il y a quelques semaines, l’Espagne avait décidé d’infliger jusqu’à 700 euros d’amende à tout transporteur marocain de marchandises, dont le réservoir contient plus de 200 litres de gasoil. Ce qui obligeait les Marocains à acheter 1.300 litres de gasoil chez les pétroliers espagnols, le but étant de freiner les exportations du pays et à grever la compétitivité du produit marocain, "qui a gagné en notoriété au niveau international".

"Le Royaume a réussi à contourner Algésiras par la mer, mais le problème a finalement été réglé. J’espère que cette situation ne se reproduira plus". 

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