Affaire La Samir : Pour le Front de sauvegarde, il y a péril en la demeure

De nouvelles valorisations revoient le prix de la Samir à la baisse. La remise en état devient plus coûteuse. La « neutralité négative » du gouvernement pointée du doigt.

Affaire La Samir : Pour le Front de sauvegarde, il y a péril en la demeure

Le 14 décembre 2020 à 18h08

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

De nouvelles valorisations revoient le prix de la Samir à la baisse. La remise en état devient plus coûteuse. La « neutralité négative » du gouvernement pointée du doigt.

Il y a péril en la demeure. C’est, pour une énième fois, le message que lance le Front de sauvetage de la Samir. A l’arrêt depuis 2015 et sans visibilité, l’ex fleuron de l’industrie marocaine décrépit à petit feu sous l’indifférence du gouvernement.

La raffinerie « se meurt et la richesse nationale se dilapide », s’indigne les membres du Front à l’occasion d’une rencontre tenue ce lundi 14 décembre. Pour illustrer le propos, une donnée jusque là inconnue : « On est passé d’une valeur estimée entre 22 et 24 milliards de dirhams il y a trois ans, à un chiffre évalué à moins de 20 milliards de dirhams aujourd’hui », regrette l’économiste Mohammed Benmoussa, membre de l’association fondée en 2019.

Datée de 2017, la dernière évaluation officielle, estimait l’ensemble des actifs de la Samir à 21,16 MMDH. Suite à quoi plusieurs expertises ont été effectuées sans que leurs conclusions ne soient rendues publiques.

« La chute [de la valeur] sera vertigineuse au fur à mesure», prévient Mohammed Benmoussa, qui craint une accélération de cette tendance. Surtout eu égard au contexte, le Covid-19 ayant fortement « affecté le monde des investissements et des énergies fossiles ».

Le raffineur n’en sera pas l’unique perdant. Cette société est « un actif de l’Etat », tonne l’économiste. Ou du moins une grande partie de la société. C’est que sur la quarantaine de milliards de dettes que traine la Samir, la créance publique est de l’ordre « de 65% », précise M. Benmoussa. La somme recouvrée par les différents créanciers publics, dont la Douane (16,7MMDH), diminuera corrélativement à celle de la raffinerie.

D’autant que si la valorisation baisse, les dépenses liées au redémarrage, elles, augmentent. « Les coûts de remise en état croissent d’un jour à l’autre et pourraient dépasser deux milliards de dirhams à la fin de l’année en cours », explique El Houssin El Yamani, président du Front. Là aussi, c’est un chiffre que l’association dévoile pour la première fois .Autre donnée importante. Il faudra s’approvisionner pour 5 milliards de dirhams de produits pétroliers avant de lancer effectivement le raffinage.

Ces dépenses dissuadent de potentiels investisseurs qui réclament préalablement « des garanties »  que le gouvernement refuse de fournir. La statu quo complique toutes les options sur la table, notamment la cession aux tiers et la location-gérance. D’ailleurs, où en est CFG Bank ? En juin 2020, cette entité avait été désignée par le tribunal (juge-commissaire chargé de la liquidation) afin de prospecter des acheteurs ou locataire-gérants potentiels. Depuis, aucune avancée, souligne le Front.

Les membres du front martèlent que la solution n’est nulle part ailleurs qu’entre les mains de l’Exécutif. Or, la passivité des décideurs a de quoi susciter « la colère », dit M. Benmoussa. El Houssine El Yamani fustige ce qu’il appelle une « neutralité négative ». Le gouvernement est d’abord demeuré apathique face au « chantage » exercé par l’ancien management de la Samir, et aujourd’hui devant la pression de « ceux qui contrôlent le marché pétrolier ».  

Un « lobby » que le Front accuse « d’entraver » une des seules initiatives au crédit du gouvernement, à savoir l’exploitation par l'Etat des bacs de stockage de la Samir.  « Si ce projet avait abouti, cela aurait démasqué les circonstances et faits entourant les bénéfices illégitimes des hydrocarbures engrangés au Maroc après la libéralisation de leurs prix par le gouvernement de Abdelilah Benkirane », lance le front. Menée par une équipe d’experts au sein du front, une étude estime ces gains « illégitimes » à près de 8 milliard de dirhams annuels depuis 2016.

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