Malgré la crise, les grandes librairies continuent de tirer leur épingle du jeu

Les petites librairies implantées en périphérie des villes s’en remettent à la vente de fournitures scolaires pour maintenir leur activité. Dans les structures plus grandes, qui ont pignon sur rue, l’absence d’activités évènementielles peut parfois constituer un manque à gagner.

Malgré la crise, les grandes librairies continuent de tirer leur épingle du jeu

Le 13 janvier 2021 à 16h05

Modifié 11 avril 2021 à 2h49

Les petites librairies implantées en périphérie des villes s’en remettent à la vente de fournitures scolaires pour maintenir leur activité. Dans les structures plus grandes, qui ont pignon sur rue, l’absence d’activités évènementielles peut parfois constituer un manque à gagner.

Les grandes librairies parviennent globalement à maintenir le cap en cette période de crise économique et sanitaire, mais les plus petites structures sont toujours à la peine. "Les grandes librairies, souvent situées en centre-ville, s’en sortent relativement bien. On continue de vendre des manuels pédagogiques pour les tout-petits car certains parents viennent tout juste d’inscrire leurs enfants âgés de quatre, cinq et six ans en moyenne. On travaille également avec les instituts français qui nous achètent régulièrement des livres. Pour ma part, j’ai presque retrouvé mon chiffre d’affaires habituel", se réjouit Hassan El Kamoun, président de l’association des librairies indépendantes du Maroc et directeur de la librairie de Paris à El Jadida, contacté par Médias24. "Je vends principalement des livres pour enfants et adolescents, dont beaucoup de mangas, ainsi que de la littérature adulte, des ouvrages d’économie, de gestion et de droit", précise-t-il.

En revanche, les petites librairies de proximité, très peu nombreuses au Maroc, et celles implantées dans les quartiers périphériques des grandes villes, peinent à s’en sortir. "Elles souffrent de l’absence de clientèle. Dans ces quartiers, le pouvoir d’achat de la population s’est affaiblit. Beaucoup de familles ont inscrit leurs enfants dans des écoles publiques faute d’avoir les moyens de les maintenir dans le privé", souligne Hassan El Kamoun. "Ce sont aussi des quartiers où la population lit très peu. Les gens viennent dans les librairies principalement pour acheter des fournitures scolaires, beaucoup plus que pour faire le plein de livres", abonde Rachid Houssi, vice-secrétaire de l’association des librairies indépendantes du Maroc, qui déplore au passage le manque criant de petites librairies de proximité au Maroc.

Une carence qui alimente le marché des livres contrefaits, estiment Rachid Houssi et Hassan El Kamoun. "La contrefaçon est une concurrence déloyale à laquelle participent certains sites marchands très connus au Maroc, en vendant des livres contrefaits, principalement les best-sellers : on prend l’original, on en photocopie les pages, on le fignole avec un peu de colle et on vend le tout ! De grandes plateformes de livraison à domicile assurent les services logistiques pour les consommateurs. Cette pratique menace la librairie, les libraires et, plus globalement, toute la chaîne de fabrication et de production du livre", s’inquiète Hassan El Kamoun.

L’évènementiel, un manque à gagner ?

Le report du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) ne risque-t-il pas également de nuire aux libraires ? Étonnamment, non, indique Hassan El Kamoun : "Au contraire, cela peut jouer en notre faveur : les lecteurs viendront acheter chez nous ce qu’ils ne pourront pas acheter lors du salon. A défaut de trouver des œuvres étrangères, notamment égyptiennes, tunisiennes et libanaises, ils se rabattront sur des livres marocains et viendront les acheter dans nos librairies."

Pour d’autres librairies, la suspension des activités évènementielles a un impact non négligeable. C’est le cas de la librairie Livremoi, à Casablanca : "Nous avons interrompu nos rencontres mensuelles entre auteurs et lecteurs depuis mars 2020, lors de l’annonce du confinement. C’est un manque à gagner pour nous, à hauteur de 10% de notre chiffre d’affaires", indique Caroline Dalimier, cofondatrice de la librairie.

De plus, les commandes des collectivités ont baissé, notamment les établissements scolaires français ou homologués AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger, ndlr), ainsi que les instituts français, qui se fournissent beaucoup auprès de cette librairie pour remplir leurs bibliothèques, car elles ont réduit leur budget d’achats de livres. "Cela représentait 30% de notre chiffre d’affaires. Nous avons enregistré une baisse de moitié, soit 15%. Au total, on a perdu 25% de notre chiffre d’affaires", précise Caroline Dalimier.

En termes de vente, les achats de manuels parascolaires (cahiers de vacances ou de révisions, annales d’examens, jeux éducatifs) et de livres jeunesse tiennent le haut du pavé. "Il y a moins d’alternatives pour les enfants ; les activités culturelles ou sportives se sont arrêtées, donc les parents tentent de compenser par la lecture. Ils ne veulent pas non plus que leurs enfants passent tout leur temps libre sur les écrans." Chez les adultes, la littérature a toujours le vent en poupe. "Nous n’avons pas constaté une réduction des ventes dans les rayons dédiés aux livres pour adulte", précise Caroline Dalimier.

Yacine Retnani, directeur de la librairie Carrefour des livres, à Casablanca, se réjouit quant à lui de constater "un engouement, voire un réel retour à la lecture" de la part des clients. "Chez nous, la baisse des ventes de livres a été réduite de moitié par rapport au confinement. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’on est satisfaits de nos ventes à l’heure actuelle, mais on garde espoir. On a développé un rayon arabe et anglais pour toucher un public plus large, ainsi qu’un rayon de loisirs créatifs pour les enfants, puisqu’ils sont amenés à passer plus de temps à la maison depuis la mise en place du modèle d’enseignement hybride. Le rayon des polars et des ouvrages de philosophie fonctionne également plutôt bien."

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