Récession, fuite des cerveaux… L’Afrique mise à rude épreuve par la crise sanitaire

Dans son rapport sur l’économie africaine en 2020, le Policy Center for the New South indique que la récession qui frappe les pays africains est la plus forte enregistrée depuis les indépendances. De plus, certains constats qui prévalent à l’heure actuelle risquent de perdurer, notamment en termes de migration et de fuite des cerveaux.

Récession, fuite des cerveaux… L’Afrique mise à rude épreuve par la crise sanitaire

Le 4 février 2021 à 15h47

Modifié 11 avril 2021 à 2h50

Dans son rapport sur l’économie africaine en 2020, le Policy Center for the New South indique que la récession qui frappe les pays africains est la plus forte enregistrée depuis les indépendances. De plus, certains constats qui prévalent à l’heure actuelle risquent de perdurer, notamment en termes de migration et de fuite des cerveaux.

Le Policy Center for the New South (PCNS) a organisé, mercredi 3 février, un wébinaire consacré à la présentation de son rapport annuel sur l’économie de l’Afrique en 2020. Parmi les auteurs venus partager leur analyse, Larabi Jaidi, Senior fellow au sein du PCNS et par ailleurs membre du Conseil de Bank Al Maghrib et de la Commission spéciale sur le modèle de développement.

"La crise du Covid-19 a mis l’accent sur l’ensemble des risques économiques, sanitaires et sociaux dans une approche systémique. L’Afrique n’a effectivement pas échappé à cette pandémie, mais elle a réussi à conjurer le sort, je dirais, et à contenir ses effets négatifs sur la population", a introduit Larabi Jaidi, soulignant dans un premier temps les atouts du continent. "Sa jeunesse, son climat, ainsi que les réactions très positives des États et des populations – probablement parce que l’Afrique a déjà été confrontée à des épidémies et qu’elle a su tirer un bénéfice de ces expériences précédenteslui ont permis de limiter la diffusion de la crise sanitaire. Les dégâts humains ont été moins graves que sur les autres continents, mais les effets négatifs sur le plan économique et social ont été particulièrement lourds", nuance-t-il.

"La récession la plus forte depuis les indépendances"

Et pour cause, selon les chiffres communiqués par Larabi Jaidi, l’impact global sur le PIB "varie entre 5% et 8 à 9% selon les pays, la configuration de leur système productif et le degré de leur exposition aux chocs extérieurs". Et d’ajouter : "C’est la récession la plus forte depuis les indépendances."

Une récession qui frappe de plein fouet une économie africaine d’autant plus fragile qu’elle est très marquée par l’informel. "L’emploi en Afrique est précaire et instable. Tout confinement a donc un impact et celui-ci a aggravé la situation sociale." Larabi Jaidi se montre toutefois prudent sur les chiffres, estimant que l’impact de la crise sanitaire et économique n’est pas encore suffisamment maîtrisée en termes de données statistiques. L’impact n’est pas non plus le même selon les régions du continent : "Certains pays présentent plus de risques que d’autres car ils sont plus ouverts sur l’économie internationale ; d’autres sont confrontés à des risques sécuritaires, des conflits et des déplacements de populations ; d’autres sont fragilisés par leur insularité ou leur situation enclavée, ou tout simplement parce qu’ils font partie des pays les moins avancés."

Une fuite des cerveaux qui risque de s’aggraver à l’issue de la crise

De son côté, Amal El Ouassif, spécialiste des relations internationales au Policy Center for the New South, a pointé "les constantes" de la crise sanitaire, c’est-à-dire "les constats qui risquent de ne pas changer". D’abord, les flux migratoires ne vont pas s’infléchir, "à la fois à l’intérieur et à l’extérieur du continent, mais aussi à destination de l’Europe, qui reste une destination attractive pour certains immigrés africains. Il faut donc s’attendre à ce que la dynamique des flux migratoires africains se poursuive dans ce sens, d’autant plus en raison de l’accroissement des inégalités générée par cette crise sanitaire".

Un point d’interrogation, en revanche, concerne la prédisposition des pays européens à accepter et intégrer les nouveaux arrivants. "La crise de 2008 a confirmé que les immigrés font généralement partie des catégories très vulnérables, et qu’ils sont particulièrement exposés aux chocs externes de l’économie en raison des barrières d’insertion sur le marché du travail en temps de crise. Beaucoup rencontrent notamment des difficultés à renouveler leur titre de séjour ou obtenir un permis de travail en temps de crise. C’est une tendance qui risque de réapparaître après le Covid. Après 2008 également, les demandes dans les secteurs traditionnellement dominés par les travailleurs masculins d’origine étrangère, comme le BTP, ont diminué en faveur d’autres secteurs comme la santé, le travail domestique et l’agriculture. Il y a eu des transferts de la main d’œuvre entre ces deux secteurs, ce qui a donné lieu à une féminisation de la migration pour occuper ce type de postes", a-t-elle souligné.

Selon des données statistiques établies par Eurostat en 2018, le taux de chômage en Europe pour les ressortissants européens était de 6.1% contre 12.1% pour les étrangers et non Européens.

Amal El Ouassif s’inquiète également d’une fuite des compétences à l’étranger, qu’elle juge jusqu’à présent "alarmante", notamment en Tunisie. En Europe, la crise sanitaire "va laisser un souvenir amer de la pénurie de compétences dans le domaine de la santé, ce qui va générer une dynamique forte pour attirer les compétences dans ce secteur. "Les gouvernements africains devront affronter cette fuite des cerveaux et mettre en œuvre une politique adaptée pour maintenir chez eux leurs compétences."

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