- Medias24 : La tour CFC a accueilli ses premiers locataires en 2019. Combien d'entreprises y sont installées aujourd’hui ?

- Saïd Ibrahimi : La Tour CFC First regroupe aujourd’hui une quarantaine d'entreprises locataires et plus de 800 salariés.

Orange y a établi son siège pour l'Afrique et BNP Paribas y pilote son activité CIB pour tout le continent, sauf l’Afrique du Sud.

D’autres sociétés internationales y sont aussi présentes dans une large variété de secteurs : le cabinet de conseil PwC, le cabinet d’avocats Clifford Chance, ou le fonds d’investissement Neo Themis, entre autres.

La Tour CFC First héberge également des partenaires clés dont la Direction de la supervision bancaire de Bank Al Maghrib et les représentations de l’ACAPS et de l’AMMC, mais aussi la Société Financière Internationale, une organisation de la Banque Mondiale, qui a installé une antenne ici.

- Quel est à ce jour le taux d'occupation des locaux disponibles ?

La tour CFC First est actuellement remplie à 98 %.

Deux autres bâtiments (CFC Cube et CFC Bridge) sont en cours de construction pour accueillir plus de membres CFC. Leur livraison est prévue dans le courant de l'année.

- Sachant qu'au départ, la tour devait coûter 700 MDH et qu'il y a eu un retard de livraison de 2 ans, à combien est revenu son coût final ?

Faux, il y a eu un décalage de livraison limité à 4 mois seulement en raison d’un prestataire italien qui a connu des difficultés.

Quatre mois de décalage de la date de fin des travaux contractuelle - du 15 octobre 2018 au 19 février 2019 - c’est courant pour des projets de cette envergure.

Quant au coût de la Tour CFC First, il est resté conforme, à périmètre égal, à l’estimation de départ et au budget initialement validé.

- Quel est le coût mensuel d'une location au mètre carré ? On parle de plusieurs milliers de dirhams...

-Là encore, d’où viennent ces chiffres sachant que le coût de location mensuel est de 250 dirhams hors taxes et hors charges. Soit une offre prémium pour nos membres sans équivalent à Casablanca.

Ce prix tient compte du standing et du large éventail de commodités proposées, qui allie à la fois une adresse prestigieuse dans un environnement unique et une proximité qui favorise les synergies et la création d’opportunités business.

Réalisation unique dans le quartier d’affaires Casa-Anfa, la Tour CFC First est en outre un bâtiment totalement avant-gardiste au Maroc.

Il s'agit en effet du premier bâtiment de bureaux certifié LEED® Gold, une norme qui répond à des exigences très strictes en matière de protection de l’environnement, durant la phase de construction mais aussi pendant son exploitation.

- Que vous inspirent certains détracteurs pour qui la Tour CFC est plus une tour à vocation immobilière qu'une vraie place financière ?

La place financière n’est pas une tour ni un lieu immobilier.

Il s’agit d’un ensemble d’acteurs, qui fonctionnent dans une logique d’écosystème, que nous regroupons progressivement au sein d’une zone dédiée pour favoriser la création de synergies.

D’ailleurs, ce sont ces mêmes détracteurs, qui avant l’existence de la tour CFC First, reprochaient à CFC de ne pas avoir d’existence physique.

Depuis sa création il y a dix ans, CFC est devenue la première communauté d’affaires à vocation africaine et une place financière reconnue dans le monde.

Elle est partenaire des plus grands centres financiers internationaux et compte parmi ses membres des entreprises internationales de premier plan.

Cette communauté grandit année après année avec des opérations qui couvrent désormais la quasi-totalité du continent.

Ce résultat ne peut évidemment être celui d’un simple opérateur immobilier sachant qu’il répond à une stratégie pensée et réfléchie dont la Tour CFC First est l’incarnation qui positionne la ville de Casablanca comme un centre financier de pointe et fait rayonner le Maroc au-delà de ses frontières.

La vocation à l’origine de la zone Casa-Anfa était d’avoir un effet d’entrainement vers le haut de toute la ville de Casablanca, avec un renouveau architectural, des prestations de 1er plan aux entreprises, des moyens de transports innovants et des espaces verts dont la ville a grandement besoin.

- Y aura-t-il à l'avenir un autre projet de tour similaire ?

Deux autres bâtiments, moins hauts, intitulés CFC Cube et CFC Bridge, sont en cours de construction, et à l’image de CFC First, ils seront certifiés LEED®.

Le mouvement de regroupement des entreprises CFC dans le quartier d’affaires Casa-Anfa se poursuivra avec ces deux bâtiments dont la livraison est prévue dans le courant de l'année.

D’autres projets de tours dans la zone CFC sont en cours de construction, dont une partie sera livrée à la fin de cette année.

- Combien d'entreprises marocaines et étrangères ont aujourd'hui le statut CFC ?

À l’heure actuelle, plus de 200 entreprises font partie de la communauté CFC, dont de nombreux leaders internationaux présents dans le classement Fortune 500.

Notre communauté compte 38% d’entreprises marocaines opérant à l’international, 41% d’entreprises européennes, 9% sont asiatiques et 9% sont américaines.

- Concrètement, que ramène ce statut aux entreprises intéressées ?

L'offre de CFC s’adresse par définition aux entreprises qui souhaitent se développer en Afrique.

La place financière héberge et anime une communauté d’affaires à l’ambition continentale en proposant un environnement des affaires aux standards internationaux et des opportunités d’interactions et de synergies.

Elle agit concrètement comme un facilitateur et un partenaire pour l’ensemble de ses membres.

Au Maroc, CFC accompagne ses membres dans toutes leurs démarches administratives d’installation, qu’il s’agisse de procédures accélérées pour les demandes de visa, de permis de séjour et de contrats de travail pour étrangers, ou l’appui à la création d’entreprises.

Des accords ont été noués en ce sens avec différentes parties prenantes au niveau national.

En plus de la mise en place d’un environnement d'affaires fluide, CFC veille à capitaliser sur le potentiel de son réseau en mettant à leur profit une série d'initiatives qui favorisent l'intelligence collective et les synergies business.

Des groupes de travail thématiques de réflexion formés par métiers réunissent des juristes, des cabinets de conseil, des assureurs, des experts en ressources humaines, etc.

CFC a également lancé Africa Insights, un portail exclusivement dédié à ses membres, qui livre des connaissances actualisées sur l’environnement des affaires en Afrique et les tendances actuelles.

Il regroupe des publications sectorielles, coproduites avec des entreprises membres ayant une expérience africaine et souhaitant partager leur vécu du terrain.

De plus, il centralise l’actualité de l'Afrique avec notamment une sélection de podcasts, webinaires, analyses d’experts, informations synthétiques pour chaque pays africain, ou encore un annuaire des contacts locaux : agences de promotion des investissements, banques et interlocuteurs du champ diplomatique.

- Le régime fiscal applicable aux entreprises ayant le statut CFC a changé dernièrement. Pouvez-vous nous expliquer ces changements de façon simple ?

Le taux d’imposition à 8,75% était applicable à certaines catégories du statut CFC (entreprises financières, prestataires de services, holdings) et n’incluait pas les sièges régionaux ou bureaux de représentation. De plus, il était applicable uniquement aux activités à l’export.

Afin de renforcer son attractivité et se conformer aux meilleures pratiques internationales, Casablanca Finance City a entrepris récemment une réforme majeure, à travers la transformation de son cadre juridique et fiscal.

Cette réforme a été opérée suite à l’adoption de plusieurs textes législatifs dont, notamment pour le volet fiscal, la loi de finance 2020 et la loi de finance 2021.

Désormais, toutes les entreprises membres de CFC sont soumises au même régime fiscal : il se caractérise par un taux fixe et unique de 15% applicable, sans distinction, pour les activités à l’export et les activités locales, après exonération quinquennale sur le résultat fiscal.

Les banques et les assurances/réassurances, restent quant à elles soumises au droit commun.

Les membres CFC qui bénéficient de l’ancien régime ont jusqu’au 31 décembre 2022 pour basculer vers le nouveau régime.

- Quel impact aura eu la pandémie actuelle sur l'activité de la place ?

Nous nous sommes adaptés à la situation. Si nos activités de promotion hors des frontières du Maroc ont été ralenties, nos équipes ont quand même poursuivi leurs projets en s'appuyant sur le télétravail et les outils de travail collaboratifs.

Pour nos membres, tout dépend du secteur d’activité. Pour certains, tout particulièrement des cabinets de conseil et cabinets juridiques, aider des gouvernements et le secteur privé à affronter la crise a été une opportunité.

Ils ont été sollicités par des pays pour des plans de redressement, de relance ou de sortie de crise.

D’autres encore pour penser et proposer des solutions technologiques innovantes.

Si les sièges régionaux de multinationales dans des secteurs comme le tourisme ou l’aviation résistent du mieux qu’elles peuvent, d’autres, comme dans le secteur des télécoms, connaissent une activité intense depuis le début de la pandémie.

Il sera primordial de renouer avec une croissance à la fois forte, inclusive et durable et CFC a dans ce cadre un rôle majeur à jouer pour aider à canaliser les flux d’investissements vers l'Afrique.

Nous possédons pour ce faire le cadre et les expertises. Parvenir à catalyser les flux financiers, qu'ils soient publics ou privés, est indispensable si l'on veut réaliser les investissements nécessaires à la reprise et à l'accélération de la transformation économique du continent.  

- À terme, pensez-vous atteindre le top 20 des meilleures places financières mondiales ?

CFC a réussi en dix ans à se hisser au rang des premières places financières émergentes.

En effet, nous sommes déjà le premier centre financier africain, mais également la première place financière verte en Afrique et au Moyen-Orient, selon des classements internationaux.

Notre ambition est évidemment de continuer à progresser et faire rayonner le Maroc aux niveaux régional et international.