Cannabis médical : Voici les projets et attentes des laboratoires pharmaceutiques marocains

Les représentants de trois laboratoires pharmaceutiques (Laprophan, Sothema et Pharma 5) ont participé, fin mai, au 1er congrès marocain sur l'utilisation des dérivés du cannabis. L'occasion de mettre en avant, la vision de l'industrie pharmaceutique sur l'utilisation thérapeutique du cannabis au Maroc.

Cannabis médical : Voici les projets et attentes des laboratoires pharmaceutiques marocains

Le 3 juin 2021 à 21h30

Modifié 4 juin 2021 à 10h48

Les représentants de trois laboratoires pharmaceutiques (Laprophan, Sothema et Pharma 5) ont participé, fin mai, au 1er congrès marocain sur l'utilisation des dérivés du cannabis. L'occasion de mettre en avant, la vision de l'industrie pharmaceutique sur l'utilisation thérapeutique du cannabis au Maroc.

“Nous sommes à cheval entre le volet industriel et le volet de la recherche appliquée”, nous indique Dr Othmane Boumaalif, directeur médical des laboratoires Laprophan.

Ce dernier a été l’un des représentants de trois laboratoires pharmaceutiques (Laprophan, Sothema et Pharma 5), présents lors du premier congrès Marocain sur l’utilisation des dérivés du cannabis, placé sous le thème: “lier la recherche scientifique à l’industrie pharmaceutique en matière de cannabis et ses dérivés”.

Organisé par l’Association marocaine d’utilisation du cannabis, cet événement a pris place à Tanger, entre le 21 et le 23 mai 2021. Il a été marqué par la présence de nombreux invités nationaux et internationaux.

Parmi eux, trois représentants de l’industrie pharmaceutique qui ont rappelé le potentiel thérapeutique de la plante, ainsi que l’opportunité économique que représente cette dépénalisation, avant de s'arrêter sur les recherches scientifiques dans ce sens, au niveau mondial, mais aussi au niveau national.

“L’objectif est de faire émerger des médicaments issus du cannabis marocain”

Joint par nos soins, Dr Boumaalif explique que “les laboratoires Laprophan ont déjà mis en place une alliance de recherche avec l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah de Fès, qui va dans le sens de la valorisation du potentiel thérapeutique des plantes aromatiques et médicinales au Maroc, en général, et du cannabis thérapeutique en particulier. L’objectif étant de faire émerger des applications thérapeutiques et de futurs médicaments issus du cannabis marocain”.

Dans ce sens, “les laboratoires Laprophan nouent des partenariats avec des majors mondiaux en matière de cannabis thérapeutique”, nous indique notre interlocuteur.

Selon Dr Boumaalif, “toute l’industrie mondiale du cannabis thérapeutique est en train de s’orienter vers trois principaux segments. Il s’agit de l’utilisation médicale, nutraceutique et cosméceutique”. C’est donc, tout naturellement, que l’ambition des laboratoires Laprophan est “d’être présents dans tous ces segments et de valoriser le potentiel réel du cannabis marocain”.

A travers son intervention lors du congrès, Dr Boumaalif a rappelé la haute compétitivité du marché du cannabis thérapeutique qui “nécessite, pour sa partie industrielle, un investissement conséquent ainsi qu’un transfert technologique pour certains aspects”.

“Le développement d’ingrédients actifs (API) nécessite la mise en place d’infrastructures capables d’extraire, purifier et synthétiser différents ingrédients actifs dérivés du cannabis marocain.

“La nécessaire conformité avec les pharmacopées internationales rend ce processus particulièrement exigeant en termes de ressources financières et humaines à mobiliser mais fortement porteur de valeur ajoutée si le Maroc réussit à l’implémenter”, indique-t-il.

Dans ce sens, le représentant des laboratoires Laprophan encourage “la mise en place de clusters d’innovation autour du cannabis thérapeutique”, et plaide pour “l’émergence de structures locales de recherche répondant aux standards internationaux et d’incubateurs industriels, favorisant l’émergence de startups dont les aspects technologiques sont liés au cannabis thérapeutique.

Sur les 718 essais cliniques répertoriés dans le monde, 39% seulement sont “prospectifs et contrôlés”

Le potentiel thérapeutique de la plante est large, comme le rappelle Dr Bouchra Meddah, directrice du médicament au sein du ministère de la Santé, également présente lors de cet événement.

“Le cannabis pourrait désormais être utilisé plus librement dans la fabrication de médicaments, comme c’est déjà le cas de l’opium pour la production de la morphine”, indique Dr Meddah, avant d’ajouter que “certains pays permettent déjà à quelques patients d’accéder aux dérivés du cannabis pour soigner ou atténuer des douleurs, nausées, vomissements, ou manque d’appétit”.

Elle précise également que “des recherches récentes ont validé des vertus thérapeutiques du cannabis pour être utilisé comme bronchodilatateur, antispasmodique ou comme vasodilatateur”.

En effet, comme le souligne, lors de son intervention, le représentant du laboratoire pharmaceutique Sothema, Dr Khalid Elattaoui, les essais cliniques sur les dérivés du cannabis ont démarré dans les années 70 et ont connu 2 accélérations. La première date de la fin des années 90 et concerne la découverte du système endocannabinoïde. Et la seconde, en 2017, correspond à l’ouverture de plusieurs pays à l’expérimentation scientifique sur le cannabis.

Cela dit, sur les 718 essais cliniques répertoriés, 39% seulement sont “prospectifs et contrôlés”. Un chiffre “relativement faible” mais qui constitue un important capital pour la recherche scientifique.

Il s’agit d’un “excellent réservoir” pour faire des essais “contrôlés” et ainsi en “confirmer l’efficacité” surtout que grâce au “changement de la réglementation sur le cannabis, il va y avoir une accélération”, au niveau des essais cliniques.

A noter qu’en matière de recherche clinique, le Maroc “dispose depuis le 4 mars 2021, seulement, des textes d’application de la loi 28-13, relative à la protection des personnes participant aux recherches biomédicales promulguée par le Dahir du 4 août 2015”.

Pour Mia Lahlou Filali, représentante du laboratoire Pharma 5, le développement de la recherche clinique permet de “mieux cerner les indications des différentes molécules”, tandis que la recherche et le développement pharmaceutique permettent d’effectuer une mise au point des formes galéniques les plus adaptées à chaque indication.

Aussi, Dr Elattaoui souligne que la majorité des essais cliniques effectués dans le monde utilisent un placebo pour en évaluer l’efficacité.

Pour l’intervenant au nom du laboratoire Sothema, il convient plutôt d’utiliser le “traitement de référence dans chaque indication”.

De plus, il propose d’élargir les cannabinoïdes évalués. Pour l’instant, les dérivés du cannabis les plus étudiés sont: le THC (20%), le CBD (9%) et le Nabiol (7%).

Par ailleurs, les 3 intervenants ont plaidé en faveur des partenariats public-privé et de la formation dans cette filière, notamment au sein “de la faculté de médecine et de pharmacie de Tanger, de l’Institut des plantes médicinales et aromatiques de Tétouan, ou encore de l’Université Abdelmalek Essaâdi”, comme le propose Mme Lahlou Filali, qui insiste sur “l’intégration des populations locales”, notamment pour” la création d’emplois pérennes à forte valeur” et pour “le partage équitable de la richesse créée”, mais aussi pour “la valorisation de la région”.

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