Nouveau modèle de développement: “La Commission avait l'obligation de faire preuve de plus d'audace” (Maan)

"Pour un Etat démocratique fort et une société libre et forte", titre Maan sa première lecture du rapport de la Commission sur le modèle de développement. Pour le mouvement, le diagnostic de la CSMD n'est qu'un rappel de plusieurs rapports déjà consommés. Le rapport intégral de Maan.

Chakib Benmoussa, président de la Commission spéciale sur le modèle de développement du Maroc.

Nouveau modèle de développement: “La Commission avait l'obligation de faire preuve de plus d'audace” (Maan)

Le 4 juin 2021 à 11h05

Modifié 4 juin 2021 à 12h15

"Pour un Etat démocratique fort et une société libre et forte", titre Maan sa première lecture du rapport de la Commission sur le modèle de développement. Pour le mouvement, le diagnostic de la CSMD n'est qu'un rappel de plusieurs rapports déjà consommés. Le rapport intégral de Maan.

Nul ne peut nier la qualité technique du travail de la Commission du nouveau modèle de développement, dont le rapport a été présenté devant le Roi Mohammed et partagé avec les Marocains, 25 mai, écrit le mouvement. "Le diagnostic, bien qu'il ne soit qu'un rappel
de nombre de rapports déjà consommés par le passé, pointe de façon exhaustive et lucide les principaux dysfonctionnements à l'origine du retard de développement de notre pays et plusieurs idées concrètes et novatrices, notamment dans les domaines de
l'éducation, du numérique et de l'économie sociale et solidaire, constituent de réelles pistes à explorer", poursuit Maan.

"Néanmoins, ce que le mouvement, et avec lui nombre de nos concitoyens refusant la résignation face aux défis colossaux auxquels fait face notre pays, attendait comme un jour historique et un moment de communion nationale comme nous n'en avons pas connu depuis longtemps, aura tout compte fait laissé un goût d'inachevé."

Le Maroc et les Marocains méritaient plus grand

"Au regard des ambitions exprimées au plus haut niveau de l'Etat, des moyens mis en œuvre et de la qualité incontestable de l'expertise mobilisée, l'on peut avancer que le Maroc et les Marocains méritaient plus grand!"

"La faille est avant tout dans la forme, voire dans la méthode: peut-on imaginer que d'une stratégie qui se veut mobilisatrice, ne se dégage aucun message fort, simple, assimilable par tous et qui constituerait le credo et l'obsession positive de toute une
nation pour les deux décennies à venir? N'est-ce pas cela le but recherché? Que chaque Marocain, quel que soit son âge, son niveau d'instruction ou son statut social, puisse être capable de scander fièrement l'ultime objectif national qu'il aura fait sien?
Or, force est de constater que la vision stratégique qui semble se dégager du rapport ne peut malheureusement être résumée qu'en une série de phrases, longue à en diluer le message, savante à en décourager plus d'un...

Sur le fond, nous notons quelques passages rappelant l'importance de la démocratie et le rôle des partis dans la réussite des réformes politiques, ainsi que d'autres appelant à la protection des libertés individuelles et à l'élimination des nombreuses "zones grises" législatives qui renforcent le sentiment d'insécurité des Marocains et brident leur liberté.

Cependant, nous déplorons que la démocratie, l'indépendance de la Justice et les libertés dont la liberté d'expression, n'aient pas été érigées en piliers du Nouveau modèle de développement, au même titre que l'éducation ou la santé. Sur ces volets en
particulier, la Commission avait l'obligation devant les Marocains et devant l'Histoire de faire preuve de plus d'audace et de moins d'autocensure, d'autant plus que le mandat assigné lui conférait carte blanche pour mener à bien son action.

"En tant que démocrates convaincus, nous déplorons au sein de Maan le choix retenu par la Commission de la déconcentration administrative, qui consacre la tutelle de l'Etat sur les territoires et continuera à freiner l'émergence de représentations locales élues,
fortes et responsables. La formule "Etat fort - société forte" fait craindre quant à elle que l'orientation exécutive, voire sa dérive autoritaire, catalysée par les contingences de la gestion de la crise sanitaire, ne prenne le dessus sur l'orientation parlementaire. Serait-il illusoire de rappeler qu'un Etat fort est avant tout un Etat démocratique et qu'une société ne peut être forte sans être libre?

Politique et économie: renouvellement des élites

Sur le plan sociétal, nous aurions souhaité que des notions aussi centrales que l'identité ou le référentiel de valeurs communes soient traitées avec davantage de prééminence, tout comme le problème de la langue qui est au cœur de la faillite de notre système
éducatif et de la formation professionnelle, en plus d'être l'une des principales causes de fracture sociale. Dans une vision prospective ne fallait-il pas s'interroger sur les mutations de nos structures sociales, au cœur desquelles se trouve la famille, face à
l'installation de nouveaux modes de vie et face au péril de l'individualisme? Quelle place devraient occuper l'enfant, la femme et la personne âgée au sein d'une société égalitaire qui se voudrait ancrée dans le passé et tournée vers l'avenir? Le traitement réservé à
ces questions fondamentales pèche malheureusement par sa technicité et manque de profondeur philosophique.

"La causalité, telle que nous l'avons expérimentée durant la parenthèse de l'alternance, entre restauration de la confiance et apaisement politique d'une part et relance économique d'autre part, semble avoir été occultée. Tout comme la nécessité d'un renouvellement des élites dans les sphères de la politique et de l'économie.
Sur ce dernier volet, bien que soit largement traité le rattrapage du retard numérique, nous ne comprenons pas comment il est possible de faire l'impasse sur une révolution aussi radicale que l'intelligence artificielle dont tous les experts disent qu'elle va
bouleverser, plus violemment encore que toute autre technologie disruptive antérieure, nos modes d'apprentissage, de production, de consommation, de communication et de déplacement en moins de temps qu'on ne l'imagine.

"Mécanisme indispensable de redistribution de la richesse, de lutte contre la rente et d'incitation à l'investissement productif, la fiscalité fait également partie des parents pauvres de ce rapport.

"Enfin, comment se fait-il que la cause du Sahara et plus largement celle de l'intégrité territoriale ne soit pas abordée quand l'on sait la place qu'elle occupe dans le cœur des Marocains et l'impact sur le développement de tous les sacrifices consentis? Et quid de
la question migratoire face aux enjeux climatiques et sécuritaires?

Absence de profondeur

Au-delà de ces quelques manquements et interrogations en suspens, nous aurions surtout espéré que le Nouveau modèle de développement soit formulé en des termes plus fédérateurs et assimilables par le plus grand nombre, sans que la simplicité du
message n'implique forcément son absence de profondeur. Cela est d'autant plus nécessaire que le financement de cette entreprise nationale pourrait faire appel de la part des Marocains à des efforts budgétaires considérables: en ne retenant que l'hypothèse basse du rapport, le financement du Nouveau modèle de développement coûterait 4% du PIB, soit l'équivalent de tout l'impôt sur le revenu collecté actuellement.
"Finalement, face à l'opportunité unique qui a été offerte de construire un imaginaire collectif radieux, nous regrettons que l'approche technocrate ait largement pris le dessus sur les dimensions philosophique et prospective hélas incontournables. C'est
pour cela que nous, représentants du Mouvement Maan, proposons de saisir l'occasion encore ouverte du Pacte national pour le développement présenté dans le rapport comme "le moment consensuel d'engagement des acteurs", pour ramener la réflexion
à l'essentiel et espérer ainsi susciter l'adhésion populaire."

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