Après l'annonce de production de vaccins, le monde des affaires entrevoit le bout du tunnel

L’annonce du lancement de la production de vaccins anti-Covid au Maroc crée un énorme engouement chez les économistes et la communauté des affaires. Ce projet qui produira ses premiers vaccins dans quelques mois enlève le grand élément d’incertitude qui pesait jusque-là sur la relance : l’atteinte de l’immunité collective.

Après l'annonce de production de vaccins, le monde des affaires entrevoit le bout du tunnel

Le 7 juillet 2021 à 19h10

Modifié 7 juillet 2021 à 19h10

L’annonce du lancement de la production de vaccins anti-Covid au Maroc crée un énorme engouement chez les économistes et la communauté des affaires. Ce projet qui produira ses premiers vaccins dans quelques mois enlève le grand élément d’incertitude qui pesait jusque-là sur la relance : l’atteinte de l’immunité collective.

« C’est la nouvelle de l’année », commente à chaud un dirigeant d’un grand groupe marocain, présent dans plusieurs métiers. « Notre pays n’arrête pas de nous surprendre. Bravo pour le Maroc, c’est une grande nouvelle », nous lance un autre entrepreneur, actif dans l’export. Comme ces deux patrons, tous nos interlocuteurs, économistes et dirigeants, se disent très satisfaits de cette annonce faite lundi 5 juillet, après une cérémonie présidée par le Roi Mohammed VI, où étaient présents l’ensemble des intervenants dans ce méga projet.

Au-delà de la taille de l’investissement (500 millions de dollars), de l’emploi qu’il va créer, des portes qu’il ouvre pour le Maroc dans l’industrie très prometteuse de la biotechnologie, ce projet vient surtout répondre à une urgence du moment : sortir le pays et son économie du flou.

L’immunité collective : le traitement de fond pour l’économie

Dans toutes leurs prévisions, institutions nationales comme internationales prévoyaient un retour à la normale pour l’économie marocaine en 2023, après une croissance de 4,5% à 5% en 2021, et de 3 à 4% en 2022. Mais ces prévisions étaient tout le temps nuancées par un haut degré d’incertitudes, liées notamment et comme l’a exprimé aussi bien Abdellatif Jouahri de Bank Al Maghrib, que Ahmed Lahlimi du HCP, par l’atteinte de l’immunité collective.

Parler de relance, avec un virus qui continue de sévir, était ainsi du domaine de l’imprévisible. Et le Maroc, comme beaucoup d’autres pays, était jusque-là dépendant des chaînes d’approvisionnement internationales en vaccins.

Depuis le lancement de la campagne de vaccination en début d’année, le pays a certes réussi à vacciner près de 10 millions de personnes, soit le tiers de la population cible, comme l’a précisé le Chef du gouvernement Saad Eddine El Othmani lors de la présentation de son bilan mardi 6 juillet au Parlement. A ce rythme, et vu la rareté des vaccins, le déséquilibre entre l’offre et la demande mondiale, le Royaume n’aurait atteint théoriquement l’immunité collective que dans 12 mois. Ce qui laissait la porte ouverte à toutes les incertitudes, empêchant les économistes de prédire la date exacte de la relance ou même d’un simple retour à une vie normale.

Avec l’annonce de la production de vaccins au Maroc, les choses deviennent de plus en plus claires.

« Cette annonce a d’abord un effet psychologique sur les acteurs et les agents économiques, entrepreneurs, comme ménages. Ça crée de la confiance et confirme que l’État, sous la conduite de son Roi, est capable de gérer cette pandémie mieux que des pays avancés. C’est important pour le moral, qui est un des déterminants de la consommation, de la production et de la croissance. Mais il y aussi l’analyse de fond. En assurant son autosuffisance en vaccins anti-Covid qui devrait sortir dans les prochains mois en attendant la construction de l’usine, le Maroc pourrait vacciner toute la population cible en trois mois maximum. C’est un traitement de fond que le Roi orchestre au pays. Les opérateurs comme les citoyens peuvent désormais entrevoir le bout du tunnel, avec des délais précis et un horizon clair », explique un des économistes consultés par Médias24.

Mais tout cela dépend, ajoute notre économiste, de l’ingénierie du projet, de ses délais d’exécution, des quantités qui sortiront dans cette première phase de mise en seringue du vaccin chinois, en attendant l’entrée en production de l’usine qui sera opérationnelle en 2023. Et ces éléments, notre source croit qu’elles doivent être bien maîtrisées, vu le sceau royal qui est donné au projet et à l’engagement de toutes les parties à respecter sa part du contrat devant le Chef de l’Etat.

« C’est l’implication royale dans ce projet qui rassure. On est en pleine période électorale, le gouvernement actuel est en fin de mandat, un nouveau gouvernement va monter en fin d’année. Le fait que le projet soit porté par le Roi lui donne une garantie de bonne exécution, au-delà des péripéties politiques que l’on pourra vivre dans les prochains mois. Je pense donc que les premiers vaccins seront disponibles dans les prochains mois, avant fin 2021 en tout cas. Mais pour quelle quantité, ça on ne le sait pas encore », estime notre économiste.

Le ciel s’éclaircit au Maroc, mais pas encore chez ses partenaires

Est-ce que cela va avoir un impact immédiat sur le flux des affaires ou les prévisions de croissance pour 2021 ?

Un économiste qui dirige également un groupe d’entreprises pense que la croissance pour 2021 ne bougera pas.

« On montera au maximum à 5% comme le prévoit Bank Al Maghrib, effet de base oblige. Car pour l’instant, il y a l’annonce. Mais l’effet réel sur l’économie ne sera visible que quand on éliminera tout risque de retour à un confinement, ou à un durcissement des restrictions sanitaires et de mobilité. Ce risque existe toujours, et comme on le voit ces derniers jours, il devient de plus en plus prégnant. L’économie ne décollera réellement que quand on aura vacciné toute la population cible et atteint le stade de l’immunité collective. Cela permettra aux citoyens de retrouver une vie normale et à l’économie de redémarrer sur de nouvelles bases saines et moins incertaines. Enlever le facteur « incertitude », c’est déjà beaucoup. Le manque de visibilité dans le monde de l’économie est le principal frein à la croissance. Ce frein sera levé avec cette usine, aussi bien sur le court terme que sur le moyen terme. Car cette usine survivra bien au-delà du Covid, et pourra répondre à toute épidémie qui se produira dans le futur », commente notre source.

Pour elle, si les premiers vaccins marocains sortent avant fin 2021, on pourra prétendre à une immunité collective dès le premier trimestre 2022, voire avant si les livraisons de Sinopharm, par ailleurs partenaire du projet, reprennent à un rythme élevé au cours des prochains mois. Ce qui donnera un coup de fouet à l’économie, à l’investissement, la consommation… du moins sur le marché intérieur. Car même si tous les Marocains sont vaccinés, le pays est très lié dans ses échanges commerciaux, et dans plusieurs secteurs, comme le tourisme, l’artisanat, l’aérien, au reste du monde, notamment à son partenaire européen.

« Je pense que le HCP, Bank Al Maghrib, la Banque mondiale et le FMI vont revoir à la hausse leur prévision de croissance pour 2022 dès qu’ils verront les premiers vaccins marocains. Mais ce ne sera pas porté à des niveaux élevés, notre économie reste toujours dépendante de l’environnement extérieur. Tant que l’épidémie n’est pas maîtrisée dans le monde, on reste exposé au ralentissement de la demande étrangère, aux barrières à la frontière et autres restrictions logistiques qui freinent encore notre industrie… », nuance notre source.

Plus qu’une usine, un outil de défense nationale

Ceci sur le court terme, mais sur le moyen terme, quand l’usine de production de vaccins anti-Covid comme d’autres variétés de vaccins sera opérationnelle en 2023 comme le prévoit la stratégie qui vise à faire du Maroc un champion continental de fabrication des vaccins, le Royaume ne sera plus dans une simple logique de pompier et de lutte rapide contre le Covid, mais se positionnera dans la carte mondiale comme un acteur qui compte.

Et ce, plus particulièrement en Afrique que cette usine vise à arroser, avec sa capacité géante de production. Le projet vise en effet à démarrer à court terme avec une capacité de production de 5 millions de doses de vaccins anti-Covid19 par mois, avant de démultiplier progressivement cette capacité à moyen terme. Ce qui va assurer à terme l’indépendance sanitaire vaccinale du Maroc et de tout le continent.

« Le Maroc ne construira pas une simple usine pharmaceutique ou biotechnologique. Cette usine est un instrument de défense, de souveraineté nationale. Le monde est aujourd’hui en guerre contre le Covid. D’autres pandémies vont apparaître dans les prochaines années. Se doter d’une usine de fabrication de vaccins, couplée à de la recherche et développement, assurera au Maroc sa sécurité sanitaire et économique. Et le mettra à moyen terme au centre de la coopération internationale dans la lutte contre les pandémies. C’est un grand acquis industriel, scientifique, diplomatique et sécuritaire pour notre pays. Nous ne pouvons qu’être fiers de ce projet », nous dit un grand patron, qui avoue n’y avoir pas cru quand les rumeurs circulaient depuis quelques mois sur l’éventuelle construction d’une usine de vaccins made in Morocco.

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