Tourisme. Pourquoi les opérateurs privés espèrent davantage du prochain gouvernement

Au lendemain de la proclamation officielle des résultats définitifs des législatives, les opérateurs privés attendent beaucoup du futur exécutif. Malgré une situation plus que catastrophique, un grand acteur de la profession avance qu’une coalition composée d’experts de chaque parti aura enfin les mains libres pour répondre à des urgences que le manque d’intérêt de l’ex-chef du gouvernement avait ignorées.

Tourisme. Pourquoi les opérateurs privés espèrent davantage du prochain gouvernement

Le 13 septembre 2021 à 12h35

Modifié 13 septembre 2021 à 15h37

Au lendemain de la proclamation officielle des résultats définitifs des législatives, les opérateurs privés attendent beaucoup du futur exécutif. Malgré une situation plus que catastrophique, un grand acteur de la profession avance qu’une coalition composée d’experts de chaque parti aura enfin les mains libres pour répondre à des urgences que le manque d’intérêt de l’ex-chef du gouvernement avait ignorées.

Quelques jours avant la tenue des scrutins, la Confédération nationale du tourisme (CNT) a adressé un courrier aux autorités de tutelle pour les alerter sur l’agonie que vivent de nombreux opérateurs qui se débattent dans la crise actuelle qui, selon la CNT, s’avérera bien plus destructrice sur le front des emplois que celle de 2020.

Une tentative de sensibilisation censée préparer les vainqueurs et futurs gouvernants à trouver le plus rapidement possible des clés pour sauver un secteur sinistré et sans aucune visibilité.

"La victoire du RNI a suscité un énorme espoir de changement dans la profession"

Sollicité par Médias24, un professionnel très écouté, préférant témoigner anonymement pour ne pas être accusé de vouloir influencer les négociations d'alliances futures, nous a fait part du grand espoir suscité dans le secteur. Selon lui, les partis victorieux sont bien plus conscients et sensibles aux problèmes du tourisme que ne l'était l'ancien chef de file de la majorité, à savoir le PJD.

"En effet, dans les rangs du vainqueur qui aura à diriger le gouvernement, figurent plusieurs spécialistes incontestables du secteur qui pourront amener leur expertise passée pour faire redémarrer la machine."

Notre interlocuteur cite, en premier lieu, Mohamed Boussaid, qui a dirigé le département du tourisme et qui connaît bien ce secteur. Il désigne également la ministre sortante Nadia Fettah, qui sera peut-être reconduite, sachant qu’elle est concernée par les problématiques de l’industrie touristique, au sein de son parti politique.

"Un ministre du Tourisme issu de l’Istiqlal serait préférable à un ministre du PAM sans expérience"

S’il reconnaît pour l’instant que personne n’est en mesure de connaître la nature de la future coalition gouvernementale, la possible participation du parti de l’Istiqlal au gouvernement aurait un effet bénéfique, sachant que ce parti compte "plusieurs cadors" comme les anciens ministres Adil Douiri et Lahcen Haddad.

"Entre les deux anciens ministres du RNI et ceux du PI qui s’ajouteront peut-être dans la corbeille de la mariée, le secteur aura au moins pour avantage de ne pas être aux mains de néophytes, au cas où le PAM serait retenu pour faire partie du gouvernement, et éventuellement diriger ce département sensible.

"En effet, comme ce parti n’a jamais été aux affaires et n’a aucune expérience gouvernementale, aucun nom de ministre du tourisme apparenté PAM ne se distingue aujourd’hui, d’autant plus que ce secteur ne dispose pas vraiment de temps au regard d'une situation financière complètement sinistrée."

"Pour la première fois, les futurs ministres concernés auront les mains libres"

"Le fait que l’argentier du royaume soit sensibilisé à la crise du tourisme en sa qualité de président du Comité de veille économique, et qu'il devrait normalement rester au gouvernement, est une bonne nouvelle car personne au sein du RNI ne pourra dire qu’il ne connaît pas le problème.

"Ainsi, avec Fettah et Benchaâboun qui connaissent mieux que personne les difficultés du secteur, ils auront les mains libres pour agir sans aucune intervention extérieure comme cela aurait été le cas avec le chef du gouvernement sortant."

"Sans un PJD qui entravait le secteur en crise par désintérêt, plus d’excuse valable"

Particulièrement sensibilisé à la situation catastrophique vécue par les opérateurs privés, le président de la CGEM, qui est aussi hôtelier, va appuyer de tout son poids leurs doléances auprès de l’État pour sauver le secteur.

"Avec les deux parties qui connaissent mieux que personne la situation de crise, il n'y aura plus aucune excuse comme avec l’ex-chef du gouvernement ou même son prédécesseur, pour qui le tourisme n’avait jamais été une priorité, par idéologie ou désintérêt."

Aujourd'hui, la reprise des discussions des acteurs privés avec les autorités pourra donc intervenir juste après la composition du gouvernement, afin de reconduire et renforcer les mesures de soutien au tourisme.

"D’autant plus qu’à la veille des élections, il y a eu beaucoup d’échanges de courriers de la présidence de la CNT avec le CVE et la ministre sur les dangers mortels qui guettent cette industrie à court-terme."

"Le secteur attend toujours l’application et le renforcement des aides publiques"

Aujourd’hui, les opérateurs attendent le rétablissement des aides publiques, dont l’allocation mensuelle de la CNSS de 2.000 dirhams aux employés du secteur suspendue en juin dernier.

Ils réclament aussi l’entrée en vigueur des mesures signées le 6 août dernier avec le CVE comme l’arrêt des saisies bancaires, le report des échéances de crédit, le paiement de certains impôts…

Détails des 3 mesures d’urgence réclamées par la CNT

Mesures sociales : maintien du versement de l’indemnité forfaitaire par la CNSS au Décembre 2021 et la révision des échéanciers, pour les paiements des charges sociales reportées et dues sur 2020 et 2021, à partir de 2022 avec étalement sur 24 mois.

Mesures bancaires : Reprofilage de l’échéancier bancaire Long Terme avec le GPBM et le renforcement de l’intervention de la CCG dans le cadre des garanties de crédit. Sans action efficace et volontariste dans ce sens, un risque d’insolvabilité massive des entreprises est à craindre à terme

Report des échéanciers des crédits leasing pour les entreprises et particulièrement, les entreprises du transport touristique et de location courte durée de véhicule sans chauffeur, dont la flotte de bus et de véhicules de plus de 18 mois.

Report des remboursements des échéances de crédit contractés par les employés du secteur.

Mesures Fiscales : moratoire fiscal au titre de l’année 2020 et 2021 pour les taxes locales et notamment la taxe professionnelle, au 1er Janvier 2022, avec étalement sur 24 mois sans frais ni pénalités.

"Sans perfusion de l’État, le secteur ne pourra pas survivre longtemps"

Ces mesures d’urgence auront pour effet d’éviter de nombreuses faillites, de limiter le chômage qui menace des dizaines de milliers d’employés et, in fine, de survivre à la crise.

"Pour cela, l’État devra continuer à mettre la main à la poche, car on ne peut pas demander à un secteur de payer des arriérés d’impôts ou de crédits alors qu’il ne réalise aucune recette", conclut l’expert. Il justifie l’urgence d’une action publique en pointant du doigt les chiffres de 2021. A fin juin, ils ont empiré en termes de recettes, de nuitées et d’arrivées, par rapport à l'année précédente, et on ne s'attend pas à une amélioration au deuxième semestre.

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