Fatima-Zahra Mansouri : Marrakech doit repartir de l'avant

A la veille de la cérémonie de passation des pouvoirs avec l’ancienne équipe communale, où elle prendra les commandes du conseil de la ville de Marrakech, la présidente, tout juste élue, revient pour Médias24 sur ses chantiers prioritaires. Selon Fatima-Zahra Mansouri, la large victoire du trio RNI-PAM-PI, plébiscité par un électorat soucieux d'efficacité, permettra à la ville ocre de se développer comme jamais auparavant.

Fatima-Zahra Mansouri : Marrakech doit repartir de l'avant

Le 27 septembre 2021 à 17h56

Modifié 27 septembre 2021 à 18h26

A la veille de la cérémonie de passation des pouvoirs avec l’ancienne équipe communale, où elle prendra les commandes du conseil de la ville de Marrakech, la présidente, tout juste élue, revient pour Médias24 sur ses chantiers prioritaires. Selon Fatima-Zahra Mansouri, la large victoire du trio RNI-PAM-PI, plébiscité par un électorat soucieux d'efficacité, permettra à la ville ocre de se développer comme jamais auparavant.

Médias24 : Élue depuis dix jours, avez-vous pris possession de votre bureau de maire de la ville de Marrakech  ?

Fatima-Zahra Mansouri : Pas encore, la cérémonie de passation des pouvoirs aura lieu demain, mardi 28 septembre.

- Quels sont les grands chantiers que vous comptez mener à terme en six années de mandat ?

- Sachant que nous allons travailler dans le cadre d’une approche concertée, je refuse d’établir et de présenter un programme par moi-même, car c’est une équipe de la coalition qui va gérer la ville ocre.

Pour cela, la première chose que je vais déclencher est un comité de pilotage, avec des ateliers de quartier qui vont pouvoir déterminer des projets structurants et des projets de proximité, nécessaires au bon développement de la ville et à la qualité de vie de ses habitants.

- Mais encore, quelles seront les priorités de votre programme électoral ?

- Il y a en effet des dossiers que je considère prioritaires, notamment le transport urbain qui nécessite une mise à niveau rapide, ainsi que tout ce qui concerne la gestion déléguée du nettoiement, des chiens errants… car il y a eu un véritable laisser-aller dernièrement sur la gestion de la qualité de la vie.

Idem pour les espaces verts qui ne sont plus arrosés et entretenus depuis le mois de février, alors qu’ils appartiennent au patrimoine vert de la ville. Même si c’est un chantier d’entretien, il est selon moi plus que prioritaire, sachant qu’il contribue à une véritable qualité de vie urbaine.

Ensuite, nous nous attaquerons à la mise en place d’un comité de pilotage qui, très rapidement, va pouvoir élaborer un programme de développement qui soit cohérent pour la ville.

- Avec un agenda précis pour les six prochaines années ?

- Bien sûr, et les transports en commun seront d’ailleurs un des grands axes de ce programme de développement urbain.

A ce propos, lors de mon précédent mandat à la tête du conseil de la ville, j’avais lancé un projet de transport pour mettre en place des bus à haut niveau de service (BHNS), qui n’a jamais vu le jour.

- Des bus électriques ?

- Non, mais comme en France ou au Brésil, des couloirs de circulation qui sont réservés à des bus à double capacité.

Ce ne sont pas des bus classiques, mais longs à l’image des tramways roulants et non polluants.

- Quid du tourisme qui est la véritable vocation économique de la ville ocre ?

- Très rapidement, notre équipe va devoir enchaîner les réunions avec les promoteurs immobiliers de la ville et les opérateurs économiques et touristiques pour pallier plusieurs urgences.

Ainsi, aujourd’hui, le fonctionnement de la plateforme Rokhas, censée dématérialiser les demandes d’autorisation, montre que notre ville fait partie, en termes de traitement des dossiers d’investissement, des dix pires villes du Maroc alors que Marrakech ne vit que des investissements hôteliers !

- Quelle est la durée moyenne de traitement d’un dossier d’investissement ?

- 340 jours, soit près d’un an pour obtenir toutes les autorisations nécessaires à la concrétisation d’un projet d’investissement, sachant que l’investisseur qui a levé des fonds auprès d’une banque devra payer des agios.

Pour mettre fin à cette lourdeur bureaucratique qui est un frein à l’investissement, nous allons mettre en œuvre, le plus rapidement possible, une refonte administrative pour que l’administration puisse encourager tous les projets en cours et à venir.

Cette priorité s’inscrit dans l’amélioration du volet gouvernance, qui est éminemment important, aussi bien à l’échelle nationale que dans la ville de Marrakech dont je suis responsable.

Il y a aussi les équipements culturels (musées, théâtre…) que nous avions promis en 2014, mais qui n’ont jamais vu le jour, alors que la ville est, avant tout, une destination touristique à vocation culturelle.

- En d’autres termes, vous comptez vraiment mettre le paquet pour développer la culture ?

- Absolument, car si Marrakech est une ville culturelle de par son histoire, elle doit le devenir davantage, grâce au renforcement futur de ses équipements culturels.

Cela lui permettra de s’inscrire dans un agenda international pour pouvoir drainer plus d’arrivées de visiteurs étrangers, mais aussi de touristes nationaux souhaitant profiter de ses atouts culturels.

De plus, j’ai une profonde volonté de travailler, en collaboration avec la région, pour faire de Marrakech un hub africain en termes de start-up, grâce aux équipements et au foncier que nous pourrons leur offrir.

Cette initiative permettra de faire de la ville un incubateur, qui pourrait même se positionner à terme à l’échelle internationale.

Pour l’instant, c’est un rêve, mais je pense qu’il est largement réalisable si nous arrivons à mettre en concordance les efforts de la ville, de la région, et du gouvernement qui accompagnera cette dynamique.

- Justement, avec le PAM qui dirige des villes, des régions et qui fait partie du gouvernement, vous n’avez plus droit à l’erreur...

- Ça va représenter beaucoup de travail et la tâche ne sera pas facile à cause de la crise sanitaire, d’autant plus que le secteur du tourisme qui est la vocation économique de la ville a énormément souffert à ce jour.

Cela dit, les bonnes volontés sont aujourd’hui en place pour créer de nouvelles dynamiques de développement.

 - La situation aurait pu être pire à gérer si la région ou le gouvernement étaient dirigés par le PJD avec qui vous n’avez pas de véritables affinités idéologiques.

- Bien évidemment, la participation du PAM aux pouvoirs communaux, régionaux et au gouvernement va grandement faciliter les choses.

- Encore une fois, vous avez une autoroute devant vous pour réussir votre mandat de maire...

- Si nous sortons définitivement de la crise du Covid et que les opérateurs de la ville retrouvent l’espoir d’une planification normale dans leur activité économique, les planètes sont en effet alignées à 100%.

- Qu’est-ce qui devrait changer pour votre ville par rapport au dernier gouvernement ?

- Beaucoup de choses car, sous le gouvernement sortant, les décisions se prenaient à la dernière minute, avec des restaurants ou des hôtels qu’on décidait de fermer puis de rouvrir en seulement 24 heures.

- Pensez-vous avoir les moyens financiers de vos ambitions ?

- Avec la crise du Covid qui a obligé de nombreux hôtels et restaurants à fermer leurs portes, la mairie est en effet dans une mauvaise situation financière, faute de recettes fiscales, surtout d’origine touristique.

Mais après treize ans de gestion de la chose publique, j’ai toutefois l’intime conviction que le plus difficile sera d’abord de mettre en place une vraie volonté politique.

Après, nous pourrons toujours trouver les moyens nécessaires avec une nouvelle approche en termes de partenariats de financement, aussi bien avec le ministère de l’Intérieur et la région qu’à l’international.

Nous devrons également solliciter le secteur privé pour lever des fonds et mettre en place un système efficace de société de développement local (SDL), car encore une fois, si la volonté est là, les moyens suivront.

- N’ayant pas encore eu accès aux comptes de la ville, à quoi vous attendez-vous ?

-Ayant été élue communale d’opposition pendant six années, j’ai suivi la situation du conseil de la ville, mais je ne connais pas encore les résultats de la dernière année de gestion.

D’après les échos, je présume que de facto, avec la réalité de la crise sanitaire, les recettes ont été impactées négativement.

- Par une mauvaise gestion de vos prédécesseurs ou simplement du fait de la crise du Covid ?

- Tant que je n’ai pas les moyens d’évaluer la situation financière du conseil de la ville, je préfère ne pas me prononcer et encore moins accuser qui que ce soit.

- Selon vous, est-ce que le fait d’avoir été maire, puis dans l’opposition, va vous permettre d’optimiser les résultats de votre nouveau mandat ?

- Pour répondre différemment, j’espère plutôt que les trois partis politiques qui ont bénéficié de la vox populi et qui vont assumer des responsabilités, aussi bien au niveau local que national, vont tenir compte de la volonté de changement et d’efficacité de leurs électeurs, car c’est tout ce qui importe au final.

- Si vous êtes nommée ministre, accepteriez-vous le poste en laissant la mairie à votre suppléant ?

- Nous n’en sommes pas encore là car, pour l’instant, les trois partis de la coalition sont juste au stade de discuter et de se mettre d’accord sur les termes d’un document commun : le programme gouvernemental.

- En d’autres termes, vous n’excluez pas de participer au gouvernement ?

- Dès lors que nous n’avons pas encore discuté de ce point, je ne peux pas répondre à votre question.

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