Gouvernement : de nouvelles têtes et une féminisation inédite …

Aziz Akhannouch a composé son gouvernement, en moins d’un mois. Une équipe ramassée autour de 19 ministres et 5 ministres délégués, avec des visages nouveaux, des compétences que l’on découvrira pour la première fois et des surprises de tailles, comme celle de la cooptation de Chakib Benmoussa à l’Education.

Gouvernement : de nouvelles têtes et une féminisation inédite …

Le 7 octobre 2021 à 21h29

Modifié 8 octobre 2021 à 8h34

Aziz Akhannouch a composé son gouvernement, en moins d’un mois. Une équipe ramassée autour de 19 ministres et 5 ministres délégués, avec des visages nouveaux, des compétences que l’on découvrira pour la première fois et des surprises de tailles, comme celle de la cooptation de Chakib Benmoussa à l’Education.

19 ministres et 5 ministres délégués. Voilà la formule sortie des négociations de la Troïka RNI-PAM-Istiqlal, presque un mois, jour pour jour, après la tenue du scrutin du 8 septembre.

C’est le gouvernement le plus ramassé de l’histoire récente du Maroc. Que ce soit en termes de partis composant l’alliance gouvernementale, ou en nombre de ministres.

Un gouvernement aussi où se dégage une nouvelle donne : celle des ministres techno-politiques, des compétences alliant à la fois la technique mais aussi la légitimité partisane, notamment chez l’Istiqlal, mais qui a aussi été composé par beaucoup de nouveaux entrants, coloriés au PAM et au RNI.

Le RNI se taille part du lion

Comme attendu, le RNI de Aziz Akhannouch a pris en charge les portefeuilles les plus stratégiques. L’Economie et les Finances, accordé pour une première de l’histoire du pays, à une femme, Nadia Fettah Alaoui.

La Santé et l’Education, deux ministères hautement stratégiques pour les prochaines années lui ont été dévolues, avec comme locataires : la maire de Casablanca et ex-directrice régionale de la santé à Casa-Settat, Nabila Rmili, pour le département de la Santé et Chakib Benmoussa, président de la CSMD, ambassadeur du Royaume à Paris, qui a été encarté pour l’occasion RNI pour diriger la grande réforme du secteur de l’éducation.

Le nouveau modèle de développement qui se base sur le capital humain, ce sera donc une tâche à 100% RNI ou presque.

A l’agriculture, Akhannouch a misé sur la continuité en confiant ce département qu’il dirige depuis 2007 au secrétaire général du ministère, Mohamed Sadiki.

Le Tourisme reste également dans l’escarcelle des bleus, avec une femme venue du secteur privé et elle avait été, entre autres, directrice marketing d' Akwa Group, le groupe de Aziz Akhannouch. Pourquoi le Tourisme ? « Pour avoir été commissaire générale du Pavillon Maroc lors de l’Exposition universelle de Milan en 2015 où elle a fait un super travail et ses connaissances, dans le marketing, compétence essentielle, pour positionner la destination Maroc et bien la vendre », nous dit-on au sein du RNI.

Le chef de gouvernement a choisi, également, de s’entourer au sein de la primature de deux ministres délégués qui lui sont très loyaux : Mohcine Jazouli, ex-patron de Valyans qui retrouve, enfin, un rôle qui lui convient au sein du gouvernement, celui de ministre délégué auprès du chef du gouvernement, chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’évaluation des Politiques publiques. Et le fidèle Mustapha Baitas, qu'Akhannouch a choisi pour être son ministre délégué, chargé des Relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement.

C’est dire que toutes les grandes réformes du pays passeront par les ministres RNI, d’abord par le canal Economie et Finances, puis par les pôles sociaux (Santé, Éducation). Le grand chantier de la relance devra être assuré également par le RNI, où Nadia Fettah devra faire équipe avec Mohcine Jazouli, pour relancer la machine de l’investissement et mettre, un peu plus de cohérence, dans les différentes stratégies sectorielles.

Pour le RNI, cela fait, en plus de la présidence du gouvernement, 6 ministères importants et 2 ministères délégués. En plus, nous confie une source du parti, de la présidence de la première chambre qui a été tranché pour un candidat RNI.

Au PAM, un alliage entre militants et nouveaux entrants

Pour sa première entrée au gouvernement, le PAM a pu également placer des profils, dans des départements importants. En mélangeant des profils partisans à des personnalités coloriés tracteur pour l’occasion.

Son secrétaire général, Abdellatif Ouahbi, a pris la justice. Nomination très logique du fait de son passé de militant-droit-de-l’hommiste et de son métier d’avocat.

Ouahbi a placé également trois des étoiles montantes de son parti.

La battante Fatima Ezzahra El Mansouri, maire de Marrakech, qui prend le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville.

Le jeune et brillant Younes Sekkouri, une tête bien faite qui dirige le MBA de l’Ecole des Ponts et Chaussées au Maroc, a été nommé ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences. Un sujet qu’il connaît bien, du fait de son métier mais aussi de la réflexion qu’il a développée sur ce thème, à travers plusieurs publications faites autour de ce qu’il appelle la stratégie du « Blue Ocean » qu’il appliquera, certainement, dans son département pour changer la structure de la petite entreprise et insuffler une nouvelle dynamique, pour la montée en compétences des TPE et de leurs employés.

Et sans surprise, Mehdi Bensaid, une des figures les plus médiatisés du parti et, peut-être, le plus jeune ministre de ce gouvernement, hérite du département de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. Un ministère taillé sur mesure pour lui.

Mais le tracteur ne s’est pas arrêté là puisqu’il a pu coopter trois compétences jusque là loin, très loin du champ politique. Le président de l’université Al Qadi Ayyad de Marrakech, Abdellatif Miraoui. Un homme qui a su placer son université, dans les meilleurs classements des universités mondiales. Il prend pour cela un poste mérité de ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation.

Deux femmes ont été également cooptées par Ouahbi : Leila Benali, une experte du secteur de l’énergie qui était membre de la CSMD, qui prend le portefeuille très stratégique de la Transition énergétique et du Développement durable.

Et Ghita Mezzour, une jeune start-uppeuse, experte du digital, qui travaillera dans la team Akhannouch, en tant que ministre délégué auprès du Chef du gouvernement, chargé de la Transition numérique et de la Réforme administrative.

En gros, le PAM sort des négociations avec 6 ministères et un ministère délégué.

Baraka fait la démo de son concept de « techno-politiciens »

A l’Istiqlal, Nizar Baraka est resté fidèle à sa ligne : placer des visages nouveaux, qui allient à la fois la légitimité politique et la compétence technocratique. Un concept qu’il appelle « la techno-politique » qui, selon lui, est le même pour répondre aux enjeux du moment.

Faisant fi des calculs politiciens, le SG du parti a choisi comme ministres des visages nouveaux, qui ne font partie ni de l’ancienne garde, ni du comité exécutif, ni des familles influentes du parti. Les quatre ministres nommés par le Roi au nom de l’Istiqlal n’ont jamais exercé auparavant de responsabilités gouvernementales, ni partisanes.

Et avec ces profils, Nizar Baraka a pu prendre la main sur des postes pour le moins stratégiques. Avec un duo Nizar Baraka, à l'Équipement et l’Eau, et Mohamed Abdeljalil aux Transports et la Logistique, qui devront, comme nous le dit une source du RNI, « redonner leur prestige à ces deux portefeuilles marginalisés sous les deux mandats PJD ».

« L’Equipement, l’Eau ainsi que les Transports et Logistique ont toujours été des ministères de prestige, avant l’arrivée du PJD. Des gens comme Hassad, Benhima, Meziane Belfqih y sont passés. Surtout l’Equipement qui était considéré, depuis l’indépendance comme une pépinière des hommes d’Etat », commente notre source.

Et selon la même source, Nizar Baraka a insisté pour avoir ces deux portefeuilles pour leur importance stratégique. A l’Equipement, il aura à chapeauter de grands projets structurants pour le pays : le port Nador West Med, le port Dakhla Atlantique, l’autoroute vers Dakhla, les milles et une routes rurales qui participeront au désenclavement de millions de citoyens… Des projets pharaoniques que Nizar Baraka aura à gérer et dont les retombées politiques et économiques se verront rapidement, notamment en matière de dépenses publiques.

C’était fort probablement la stratégie de Nizar Baraka. Avoir la main sur des portefeuilles qui font bouger l’économie, les entreprises, grandes comme moyennes ou petites. Il pourra, à travers ces projets, ainsi que les nouveaux projets qui seront lancés dans les infrastructures, être un moteur essentiel de la relance et de la création d’emploi. Surtout avec la jonction qu’il fait avec le département de l’Eau qui revêt, également, une importance stratégique, pour un pays en proie au stress hydrique et où des dizaines de projets de barrages et de stations de dessalement d’eau, devront être lancés rapidement.

Autre chose que le patron de l’Istiqlal a bien négociée : faire le duo avec les Transports et la Logistique. Un département qui va de pair avec l’Equipement et où il a choisi un expert en la matière : Mohamed Abdeljalil, patron de Marsa Maroc, Istiqlalien de longue date et un des meilleurs connaisseurs du domaine portuaire et logistique dans le pays. Un département également qui dispose d’un grand budget d’investissement et coiffe beaucoup d’établissements publics.

L’Istiqlal a pu également, mettre la main sur un autre département hautement stratégique : l’Industrie et le Commerce, qui était géré jusque-là par le flamboyant Moulay Hafid Elalamy. Là encore, un nouveau nom surgit de l’Istiqlal, celui de Ryad Mezzour, pêché dans l’Alliance des économistes Istiqlaliens et que Nizar Baraka connaît bien, puisqu’il a été son directeur de cabinet au CESE, avant que MHE ne le recrute comme chef de son cabinet à l’Industrie.

« Cela montre que l’Istiqlal qui a toujours appuyé la politique de MHE notamment, dans l’import-substitution et la protection du tissu industriel marocain veut s’inscrire dans la continuité. Ryad Mezzour connaît tous les dossiers du ministère, les acteurs du secteur, leurs problématiques… On dit même que MHE qui n’a pas voulu rempiler pour un nouveau mandat l’a fortement recommandé… », nous dit une source au sein de l’Istiqlal.

Et pour boucler la boucle : la balance s’offre un maroquin à la symbolique forte : celui de la solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, dont la gestion sera assurée par Aouatif Hayar, présidente de l’Université Hassan II de Casablanca.

Un département attendu, après 10 années d’atonie islamiste, sur de grandes réformes comme celle de la Moudawana, mais aussi sur d’autres sujets très clivants dans la société. Mais qui, avec l’étiquette Istiqlal, parti perçu par l’opinion publique comme conservateur, attaché aux traditions marocaines, saura gérer ces virages sans grands ambages.

Cette capacité de négociation qu’a montrée, encore une fois, l’Istiqlal qui détient une carte maîtresse dans ce gouvernement, celle de la légitimité politique, lui offrira, selon nos sources, la présidence de la deuxième chambre qui reviendra au patron de l’UGTM Enaam Mayara.

« C’est certes une chambre qui est soumise au débat, mais ça reste le quatrième poste hiérarchique dans l’échelle de l’Etat. C’est aussi une sorte de double ministère », nous confie une source au RNI, qui se dit confiant en cette alliance avec l’Istiqlal, qui va beaucoup apporter à l’exécutif, aussi bien sur le plan politique que sur le plan économique.

Avec la présidence de la Chambre des représentants, un certain équilibre est ainsi fait entre les partis de la Troïka : le RNI avec 8 portefeuilles, le PAM avec 7 portefeuilles et l’Istiqlal, arrivé troisième aux élections, avec 4 ministères et la présidence d’une chambre qui vaut deux ministères, soit un total théorique de 6 portefeuilles.

Sans compter les secrétariats d’Etat qui seront bientôt installés et qui pourront assurer un certain rééquilibrage, au niveau de la représentation de chaque parti, au sein du gouvernement.

Femmes au gouvernement: jamais elles n'ont eu des ministères stratégiques

On retiendra de ce gouvernement ramassé, qu'il comprend 7 femmes. Mais au-delà du chiffre, on est frappé par l'importance stratégique des portefeuilles qui seront gérés par des femmes: Economie et Finances; tourisme; solidarité insertion sociale; Transition énergétique et du Développement durable; transition numérique; réforme administrative; Aménagement du territoire national, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville; Santé publique. Des portefeuilles clés, pour la réduction des inégalités, la relance économique ou encore, la réalisation de plusieurs objectifs du Nouveau Modèle de Développement.

Ministère de souveraineté : on ne change pas une équipe qui gagne

A part cela, les ministères de souveraineté n’ont connu aucun changement.

Abdelouafi Laftit reste ministre de l'Intérieur, Nasser Bourita aux Affaires étrangères, Ahmed Toufiq aux Habous et Affaires islamiques, Mohamed Hajoui au Secrétariat général du gouvernement et Abdellatif Loudiyi à l a Défense nationale. Comme quoi, on ne change pas une équipe gagnante…

Reste le cas Faouzi Lekjaâ, patron de la Fédération marocaine de Football et directeur du budget au ministère des Finances, qui a été nommé ministre délégué au budget auprès de Nadia Fettah et dont la couleur politique n’est pas encore très claire, pour l’instant.

Ni le RNI, ni le PAM, ni l’Istiqlal ne le revendiquent. Est-il resté sans étiquette politique, pour ne pas gêner son travail de patron de la fédération de football, très politisé et dont le président doit être à équidistance avec tous les partis ? Possible.

Autre question que la composition de ce gouvernement pose : le double rôle qu'ont certains ministres, notamment Fatima Zahra Mansouri et Nabila Rmili, qui sont à la fois maires de deux grandes villes (Marrakech et Casablanca) et ministres. Un cas qui se pose également pour le Chef de gouvernement Aziz Akhannouch, qui est maire d’Agadir.

Comment ces doubles fonctions seront-t-elles gérées, sachant que rien dans la loi n’interdit leur cumul ? C’est la question à laquelle l’exécutif Akhannouch doit donner une réponse rapide, au nom de l’efficacité gouvernementale et de la gestion territoriale dont il a fait une ligne dans sa campagne.

Les secrétaires d’État: la nomination différée, une première

Pour la première fois, le gouvernement est annoncé, en précisant que des secrétaires d'Etat seront nommés ultérieurement. Il s'agit d'un acte moderne, innovant. Selon nos sources, le gouvernement va, dans un premier temps, s'installer et les synergies se mettre en place entre les ministères, chacun avec ses attributions et avec ses complémentarités. Les secrétaires d'Etat seront nommés dans un second temps, en fonction des besoins et à la lumière de ses premiers pas.

Voici donc au final, un gouvernement qui ne manque pas d'éclat, novateur, prometteur, porteur, on l'espère, de modernité.

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