Sinistrée par la crise sanitaire qui se poursuit depuis mars 2020, l’activité de la compagnie aérienne a observé un léger rebond depuis juillet dernier, mais cela sera insuffisant pour équilibrer son dernier bilan, et encore moins renouer avec un cycle de bénéfices. Les explications d’une source autorisée de la RAM.

Une dynamique de reprise d’activité insuffisante pour renouer avec la croissance

Bien que certaines lignes vers l’Europe (Allemagne, Royaume-Uni et Pays-Bas) aient été récemment suspendues, l’activité commerciale de la RAM commençait à retrouver des couleurs avec la réouverture de plusieurs routes aériennes vers Doha et Miami, sans compter sa nouvelle desserte vers Israël.

Cependant, cette dynamique de reprise d’activité, qui se poursuit depuis quatre mois, s'avère nettement insuffisante pour que le transporteur public puisse renouer avec les bénéfices au cours de l'exercice 2020-2021.

La demande estivale n’a pas suivi l’offre mise à disposition par la RAM

En effet, une source proche du management nous a révélé que le trafic passagers s’était fortement intensifié au milieu de l’été dernier, mais que le chiffre d’affaires n’avait pas suivi au regard des très bas tarifs pratiqués pour permettre à un maximum de MRE de rentrer dans leur pays d’origine.

« De plus, contrairement à ce que laissait prévoir le formidable rush des départs qui a été observé début juillet, l’offre de billets s'est finalement révélée largement supérieure à la demande des voyageurs », a précisé notre interlocuteur qui a cependant refusé de dévoiler le montant du déficit du dernier bilan.

"Le résultat net du bilan 2020-2021 sera déficitaire d’au moins 2 milliards de dirhams"

"Comme chaque année, il faudra attendre janvier ou même février pour consolider les chiffres définitifs. Lors de l’exercice précédent 2019-2020, le résultat net déficitaire était de l’ordre de 3,7 milliards", a préféré temporiser notre interlocuteur.

Plus volubile, une autre source, qui a admis qu’il n’y aurait pas de véritable amélioration comptable ou de grande différence en termes de résultat final, avance au moins 2 milliards de pertes pour le dernier exercice. Notre source rappelle le rôle positif de l’État qui a débloqué par tranches une aide de 6 milliards de DH, sous forme d’augmentation de capital (3,6 MMDH) et de garantie de crédits (2,4 MMDH).

"Les 140 départs négociés et les ventes de 6 aéronefs ont permis de faire baisser le déficit de l’exercice comptable en 2021"

« En effet, il faut rappeler que les chiffres du précédent bilan, aussi catastrophique soit-il, avaient pu bénéficier d’un très bon démarrage du trafic commercial pendant cinq mois entre novembre 2019 et mi-mars 2020. Sans la crise qui a démarré à la fin du 1^er trimestre 2020, cela laissait augurer un résultat bénéficiaire.

Entre le départ négocié de 140 employés en août 2020, qui a également impacté les comptes du bilan 2019-2020, et la vente des 6 Boeings 737 700 en 2021, la compagnie a pu limiter la pression de ses dépenses de personnel et, in fine, faire baisser le déficit de l’exercice qui s’est achevé le 31 octobre dernier », ajoute notre interlocuteur qui compte sur une amélioration progressive des comptes de la RAM.

"La RAM restera encore dans le rouge pendant au moins deux ans"

On serait tenté de se réjouir de la reprise observée dernièrement, qui pourrait s’intensifier pendant les fêtes de fin d’année, une période de haute saison. Notre première source, pas moins optimiste, nous rappelle qu’il convient de rester réaliste.

« Bien que 2022 sera certainement une bonne année de reprise par rapport aux vingt derniers mois, toute notre industrie aérienne devrait toutefois rester dans le rouge par rapport à l'année de référence qu’était 2019.

Partant de là, la compagnie nationale ne devrait pas renouer avec les bénéfices avant les deux années à venir, soit octobre 2023 », conclut notre source qui n’exclut pas une bonne surprise d’ici-là.