Tourisme : au rythme actuel, pas de retour à une activité normale avant 2024

Durant les neuf premiers mois de l’année 2021, le Maroc a reçu 2,8 millions de touristes contre 2,2 millions au cours de la même période l'année écoulée. Selon un grand opérateur touristique, cette croissance de 27% ne permettra pas de retrouver le niveau d’activité de 2019 avant au minimum trois ans.

Tourisme : au rythme actuel, pas de retour à une activité normale avant 2024

Le 25 novembre 2021 à 18h45

Modifié 25 novembre 2021 à 20h54

Durant les neuf premiers mois de l’année 2021, le Maroc a reçu 2,8 millions de touristes contre 2,2 millions au cours de la même période l'année écoulée. Selon un grand opérateur touristique, cette croissance de 27% ne permettra pas de retrouver le niveau d’activité de 2019 avant au minimum trois ans.

Selon les derniers chiffres officiels de l’ONMT, 2021 a enregistré à la fin du 3e trimestre une croissance de 27% avec 2,815 millions d’arrivées étrangères (TES et MRE), contre seulement 2,215 millions durant les neuf premiers mois de l’année précédente. Déchiffrage du futur.

« Une croissance qui ne changera rien à l’atonie du secteur »

S’il y a lieu de se féliciter de cette timide reprise, un opérateur très écouté qui suit l’évolution du secteur se dit plutôt pessimiste sur la lenteur du rythme actuel. Cette dernière mettra, d'après lui, plusieurs années pour revenir à la situation qui prévalait avant l’avènement destructeur de la pandémie au Maroc.

"Sachant que l’on part d’un chiffre d’arrivées très bas en 2020, le secteur n’aura gagné que des miettes en termes de nouvelles arrivées.

"Le pire est que le bilan d’octobre, qui n’a pas encore été diffusé, sera sûrement catastrophique après les décisions gouvernementales de fermer 4 lignes aériennes (Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne et Russie)."

« Dans le meilleur des cas, le secteur gagnera 200.000 nouvelles arrivées »

"Son impact sera d’autant plus important que les mois d'octobre et de novembre  de l'année 2020 avaient été très bons", explique notre source qui préfère témoigner anonymement.

À la question de savoir s’il sera possible d'atteindre à la fin de 2021 un total annuel de 3 millions d’arrivées de touristes non résidents (touristes étrangers de séjour + MRE) contre 2,8 millions pour l’année écoulée, notre interlocuteur affirme qu’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions précises.

« Il faudra attendre encore trois ans pour espérer revenir au chiffre de 2019 »

"Quoi qu’il advienne, le résultat restera très loin des espérances de la profession, car même si nous arrivons aux 3 millions, cela fera toujours -75 % par rapport à l'année de référence qu'est 2019", avance l’opérateur pour qui la variation positive à deux chiffres ne permet pas de crier victoire.

Sur le délai nécessaire pour espérer revenir au chiffre de 13 millions de visiteurs qui avait été réalisé en 2019, l’expert affirme qu'il faudra, dans le meilleur des cas, attendre l’année 2024 pour y parvenir ; mais le préalable est que le gouvernement prenne des décisions sérieuses pour relancer la machine.

« Rouvrir tous les marchés étrangers ne changera rien à la situation »

"Si certains professionnels réclament l'ouverture de tous les marchés étrangers, ce n'est pas une solution viable, car ouvrir tous les marchés n’est pas possible dans certains cas.

"Ainsi, l'Autriche qui a décidé de confiner sa population s’est fermée de sa propre initiative, et rétablir les vols avec elle n'aura aucun effet pour la simple raison que les Autrichiens ne viendront pas au Maroc.

"Pour ce qui est des grands marchés traditionnels français ou espagnol, il convient de leur donner une visibilité, avec une date de réouverture ferme qui leur permettra de reprogrammer la destination Maroc", conseille notre interlocuteur.

« Pas de reprise possible sans un état des lieux préalable »

"Pour cela, il convient d’effectuer un état des lieux pour savoir si l’outil touristique est toujours opérationnel et capable de répondre à la demande, en cas de reprise rapide des flux de touristes.

"C’est d’autant plus urgent que, s'il n'y a plus d'autocars ou de voitures de location pour transporter des touristes, de restaurants pour les nourrir, et si le parc hôtelier qui est toujours fermé à 50% aujourd'hui n’est pas en capacité de rouvrir ses portes, la vraie catastrophe aura lieu lors de la reprise.

"En fait la véritable priorité concerne l'outil de production du secteur qui doit être rénové, car les hôtels fermés ont sûrement été dégradés, sans parler des nombreux opérateurs incapables de payer leurs crédits bancaires", prévient notre interlocuteur.

« Une absence de visibilité qui impactera la programmation estivale du Maroc »

"En effet pour que les prescripteurs étrangers de voyages (T.O., compagnies aériennes…) puissent à nouveau programmer le Maroc, il faudra obligatoirement procéder à un état des lieux pour être prêts le jour J.

"Sachant que leur période de programmation estivale est imminente et que celle d'avril est déjà prête, ils devraient maintenir notre destination tout en restant méfiants sur d’éventuelles nouvelles restrictions", analyse notre source.

"En effet, sans visibilité sur une date d'ouverture qui ne fera pas l'objet d'une nouvelle marche arrière des autorités, il n'est pas sûr que les compagnies aériennes provisionnent par exemple en totalité 300.000 sièges vers le Maroc, et ne préféreront pas lui affecter juste 100.000 pour ne pas prendre de risques."

« Un manque de concertation public-privé qui ralentit la reprise »

À la question de savoir si la balle était uniquement dans le camp du gouvernement pour accélérer la reprise, notre opérateur préfère évoquer une nécessaire concertation entre l'État et le secteur privé.

"À ce jour, il n'y a eu aucun bilan ou état des lieux du secteur, et l'État s'est contenté le plus souvent de prendre des décisions destructrices sans aucune concertation avec les opérateurs touristiques.

"On ne peut cependant pas tout reprocher à l'État car, à sa décharge, il faut reconnaître que les autorités qui sont en guerre contre cette pandémie ont d’autres priorités, notamment sanitaires."

« Des opérateurs du secteur privé qui ne se font pas assez entendre »

"Cela dit, la faute est partagée, car si le monde économique n'est pas assez fort pour se faire entendre et se faire inviter pour imposer son avis, la situation ne risque pas de bouger de sitôt", juge notre interlocuteur.

"Le manque de réactivité du gouvernement s’explique aussi par les déclarations de certains opérateurs ; ces derniers l'ayant persuadé que leur secteur sera en mesure d'assurer une reprise rapide, dès que la situation sanitaire le permettra, et qu’ils pourront même doubler les chiffres d’arrivées étrangères."

« Avec le recul et malgré les critiques, l’État a eu raison de fermer des lignes aériennes »

"Aujourd'hui, la principale préoccupation du Maroc est la guerre contre le virus, et malgré les critiques de la profession, la situation sanitaire lui a finalement donné raison de suspendre plusieurs vols, sachant que l'Allemagne a 76.000 nouveaux cas par jour et les Pays-Bas a plus de 20.000 nouveaux infectés quotidiennement.

"En effet, quand on sait que le porte-parole de l’OMS vient de déclarer que le variant Delta détruisait 30% de l'immunisation par le vaccin, le Maroc a été plus que clairvoyant en fermant les marchés néerlandais, allemand, sans parler des anglais qui déclarent 65.000 nouveaux cas positifs chaque jour", conclut notre source pour qui l'expression 'retour à la normale' ne sera pas d'actualité avant 2024, car le préalable consiste à remettre la machine en état de marche.

MAJ: Au moment de mettre en ligne cet article, Médias24 apprend que le Maroc a suspendu tous ses vols avec la France à partir du vendredi 26 novembre à minuit jusqu'à nouvel ordre pour préserver sa situation sanitaire.

Une triste nouvelle pour les opérateurs, qui éloigne davantage la reprise tant espérée pour les fêtes de fin d'année, sachant que les touristes français constituent le premier marché étranger du Royaume.

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